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Histoire du château de Saint-Brice (16) par Paul de Lacroix (1906)

samedi 2 février 2008, par Pierre, 6631 visites.

Le château de Saint-Brice, au bord de la Charente
Photo : P. Collenot - 10/2007

Source : Les anciens châteaux des environs de Cognac - Paul de Lacroix, bibliothécaire de la ville de Cognac. - Cognac - 1906

Le Château de Saint-Brice

Tout près de l’église de Saint-Brice, et un peu plus sur le bord de la Charente, est situé le château du même nom ; construction de la fin du seizième siècle, assez élégante, élevée sur terrasse avec tourelles aux extrémités de la façade, d’où la vue plonge sur la vallée et rencontre ça et là les paysages les plus pittoresques de la contrée. « Le château de Saint-Brice, dit M. Michon dans sa Statistique Monumentale, est connu dans l’histoire par le séjour qu’y fit Catherine de Médicis et par les entrevues de cette princesse avec le jeune roi de Navarre, pour le mettre dans ses intérêts. » On montre encore l’appartement occupé par la reine. D’assez bonnes peintures du temps y ont été conservées. L’histoire de Psyché et de l’Amour est peinte aux lambris du plafond. Les murs sont décorés de fleurs, de fruits et de diverses arabesques.

Quant aux possesseurs de Saint-Brice, le plus ancien connu remonte à Jehan de Lousme, qui en rendit hommage au prince de Galles, souverain de l’Aquitaine de par le traité de Brétigny, à Saintes, le 24 août 1363.

Un de ses descendants fut Jean de Lousme, écuyer, seigneur de Saint-Brice, qui vendit, en 1496, le domaine de Châtenet, près Cognac, à Louise de Savoie, veuve de Charles d’Orléans, mère de François 1er. Après Jean de Lousme la terre de Saint-Brice fut possédée par la famille Poussard de Fors, en Poitou. Le premier fut Jean Poussard, chevalier, conseiller du roi, gentilhomme du duc d’Alençon, qui rendit hommage de sa terre de Fors au roi le 23 juin 1515. Il avait épousé Catherine Gasteuil, dame de Saint-Trojan, fille de François Gasteuil, chevalier, seigneur dudit lieu de St-Trojan, et de Jeanne de Livenne.

Trois enfants naquirent de cette union : deux fils dont l’un fut fait chevalier de St-Jean de Jérusalem et mourut à la prise de la ville de Gerbes en Barbarie, et une fille qui fut dame de Lignières en partie. Charles Poussard, l’aîné, succéda à son père dans les seigneuries de Fors, Saint-Trojan et Lignières. II fut maître d’hôtel et panetier ordinaire du roi de France Charles IX et du roi et de la reine de Navarre. Il réunit la terre de Saint-Trojan à celle de St-Brice.

Dès le 10 mai 1540, Charles Poussard était capitaine de Belesme, puis il fut nommé gouverneur de Dieppe et vice-amiral des côtes de Normandie. Au mois de janvier 1545, il épousa Marguerite Girard, dame de Bazoges, de laquelle il eut six enfants, dont Suzanne Poussard, qui fut dame de Saint-Trojan, et fut mariée le 5 mai 1582, à messire Louis d’Ocoy, chevalier, seigneur de Couvrelles, chambellan du prince de Condé.

Charles Poussard, appelé M. de Fors, avait comparu à la réformation de la coutume de Poitou en 1559, et mourut le 10 septembre 1582 dans son château de Saint-Brice, âgé de 80 ans. Il est presque certain que c’est lui qui a fait bâtir le château actuel de St-Brice. « C’était, en son vivant, l’un des plus et mieux réputés gentilhommes de tout le pays, dit Michel-le-Riche dans son journal. » Il eut entr’autres enfants : Charles Poussard, l’aîné, qui fut seigneur de Fors et de Lignières, élevé enfant d’honneur de Jeanne d’Albret, reine de Navarre, et servit ensuite dans les guerres de son temps ; ayant suivi le duc d’Alençon dans les Pays-Bas, il fut fait prisonnier à l’affaire d’Anvers, en 1583, il a laissé postérité d’Esther de Pons, dame de Mirambeau, son épouse, qui lui apporta en dot la terre de Vigean.

Daniel Poussard, son troisième fils, eut, en partage, la terre de Saint-Brice et une partie de celle de Bazoges ; il fut marié à Charlotte de Beaupoil, dont d’après d’Hozier, il eut Jacqueline, femme d’Alexandre Dexmier d’Olbreuse.

Ce fut sous la possession de Daniel Poussard, qu’eurent lieu dans son château les Conférences de St-Brice entre Catherine de Médicis et le roi de Navarre, dont nous reparlerons ci après. voir cet article

Les d’Ocoy, étant devenus possesseurs de la terre de St-Trojan, eurent, après la mort de Daniel Poussard, celle de St-Brice.
Du mariage de Louis d’Ocoy et de Suzanne Poussard, sœur de Daniel, naquit Jean-Casimir d’Ocoy, chevalier, seigneur de Couvrelles et de St-Trojan, lequel s’unit à Jeanne de La Rochefoucauld, de la branche de Bayers, près Tonnay-Charente, le 17 mai 1616. Elle était veuve de Charles de Bourgon de Cravois.

Les Poussard et les d’Ocoy étaient protestants, Jean-Casimir fit élever à Saint-Trojan, à l’extrémité du jardin de son logis un temple pour la prière, auquel on arrivait par une terrasse ayant vue sur la vallée de la Charente. Sous ce petit sanctuaire était un caveau destiné à la sépulture des membres de sa famille. Une inscription, qui se lit encore, contient ce qui suit :

Jean-Casimir d’Ocoy et Jeanne de La Rochefoucaud, son épouse, méditans la mort au milieu des délices de la vie, et la regardant comme un passage à l’immortalité, se sont édifiez ce sépulcre pour témoignage de leur parfaite amitié, et en espérance de la bienheureuse résurrection par Jésus-Christ notre Sauveur.

Le temple est aujourd’hui en ruines ; seul le caveau existe encore. A l’époque de la Révolution, on fouilla les tombes, pensant y trouver des objets précieux, on exhuma les ossements de trois ou quatre corps et on les porta au cimetière.

Jean-Casimir d’Ocoy, plus connu sous le nom de Couvrelles, zélé protestant, fut souvent envoyé par ses coreligionnaires pour assister aux conciliabules des réformistes à St-Jean-d’Angély, Matha et ailleurs. Pendant le siège de Cognac, quoique âgé de 70 ans, il se jeta dans la place avec son fils François d’Ocoy, seigneur de St-Brice, et son gendre, M. de Saint-Marsault, pour, unis aux habitants, défendre la ville contre les entreprises du prince de Condé.

Le Journal du Siège cite les d’Ocoy comme des personnes d’un grand courage (novembre 1651). Jean-Casimir d’Ocoy-Couvrelles mourut en 1654, probablement au château de St-Brice, laissant trois enfants de son mariage avec Jeanne de La Rochefoucauld :
- 1° François d’Ocoy, seigneur de St-Brice, St-Trojan et autres terres, qui a épousé Anne de Gombaud, d’une famille de la Saintonge ;
- 2° Suzanne d’Ocoy, épouse de Benjamin Green de Saint-Marsault d’Aytré près La Rochelle ;
- 3° et Marie d’Ocoy appelée Mlle de St-Trojan.

François d’Ocoy de St Brice, après la levée du siège de Cognac par le prince de Condé, la ville ayant été secourue à temps par le comte d’Harcourt, se joignit aux gentilshommes de la contrée, qui formèrent un escadron de volontaires, sous le commandement de M. de Tracy, et prirent part contre les ennemis à l’affaire de Tonnay-Charente et au combat de St-André-de Cubzac.

François d’Ocoy de St-Brice mourut en 1659, laissant :
- 1° François-Casimir d’Ocoy, né le 26 mars 1651, « en la maison noble de St-Brice » ;
- 2° Marie-Anne d’Ocoy, baptisée le 17 août 1656 ;
- 3° et Jeanne d’Ocoy, baptisée au château le 22 mai 1659.

François d’Ocoy était mort lors du baptême de sa fille Jeanne ; il avait été qualifié d’Ocoy de Couvrelles dans un acte du 4 juillet 1655, ce qui est un indice certain que son père était décédé en 1654. Nous ne trouvons plus, à partir de 1659, trace de la famille d’Ocoy dans les registres protestants.

Un acte isolé nous apprend que le 10 février 1699, Jean-Paul de La Motte d’Ayran, chevalier de Saint-Louis, capitaine de vaisseau au port de Rochefort, épousa à Cognac, dans l’église St-Léger, Marie-Anne d’Ocoy, demeurant à Cognac. Les personnes présentes à ce mariage furent le pasteur Rossel. Mme de Brémond d’Ars, née Judith de Sainte-Maure-Jonzac, Mme de Montalembert, M. d’Ars et le prêtre Reyau, curé de St-Léger.

Après la révocation de l’édit de Nantes, les d’Ocoy s’étaient fait catholiques. Il est probable que Marie-Anne était la seule survivante de toute la postérité de François d’Ocoy, chevalier, seigneur de Couvrelles, St-Trojan et St-Brice et de Anne de Gombaud.

M. de la Motte d’Ayran, comme époux de Marie-Anne d’Ocoy, fille et héritière des sus-nommés, fit le 30 novembre 1717, aveu et dénombrement de la terre et seigneurie de Saint-Brice-sur-Charente, avec ses circonstances et dépendances, déclarant la tenir « comme ci-devant la tenait et possédait, sous le devoir et hommage d’une paire de gants à muance de seigneur, dame Anne de Gombaud, veuve de François d’Ocoy, et avant elle défunt Daniel Poussard, écuyer, sieur dudit St-Brice, oncle de la dite dame Gombaud ; laquelle terre et seigneurie de St-Brice était ci-devant rendue à Sa Majesté à cause de son château de Merpins, sous l’hommage et dénombrement des seigneurs de la Cour, desquels ledit seigneur et ses auteurs ont ci-devant eu les droits. Et a ledit seigneur déclaré que ladite terre de St-Brice peut valoir de revenu année commune environ huit cents livres. »

Le dénombrement avait été rédigé par Roux, notaire à Cognac, et Yvon, son collègue. La grosse, sur parchemin, de 24 rôles, est aux Archives Nationales, p. 449.

M. de la Motte d’Ayran et la dame de St-Brice, son épouse, sont mentionnés comme présents à un acte du mois de février 1729.

Après la mort de Marie-Anne d’Ocoy, les terres et seigneuries de St-Brice et de St-Trojan passèrent, par vente ou par héritage, à la famille de Maulevrier. On peut fixer cette possession entre 1734 et 1736.

Un acte de l’état-civil constate que le 21 septembre 1737, fut inhumé à St-Brice « dans le souterrain dont l’ouverture est dans la sacristie et presque sous le banc de M. de Maulevrier, seigneur de St Brice, le fils dudit seigneur, mort aussitôt ondoyé, et qui devait avoir pour parrain Mgr Léon de Beaumont, évêque de Saintes, et pour marraine Mme d’Echillay, sa grand’mère. »

Le seigneur de St-Brice et de St-Trojan, mentionné plus haut, s’appelait Henri-Alexandre Guitton de Maulevrier, officier de la Marine, qui avait épousé, vers 1725, Marie-Victoire de Beaumont, la nièce, il est probable, de Léon de Beaumont, évêque de Saintes.

Au mois de septembre 1739, le possesseur de St-Brice fit baptiser sa fille, née le 18 de ce mois au château, sous le nom de Marie-Victoire de Maulevrier.

Le 17 mars 1744, baptême d’une autre fille appelée Anne-Rosalie, « fille de messire de Maulevrier, ancien officier de la marine, et de Marie-Victoire de Beaumont ; le parrain fut Jean-François de Beaumont, capitaine de cavalerie, et la marraine Anne-Rosalie de Maulevrier, tante de la baptisée ».

Au mois de mai 1748, à St-Brice, M. de Maulevrier présenta au baptême une fille de M. de Jarnac de Gardépée, avec Mme Busquet, veuve d’un maire de Cognac.

Le seigneur de St-Brice mourut le 14 décembre 1763, à l’âge de soixante-huit ans, et fut inhume le lendemain dans le caveau situé au-dessous de la sacristie, en présence de MM. Dexmier, curé d’Ars et archiprêlre de Pérignac ; Cleveret, curé de St-Trojan ; Coffre. curé de St-Brice ; Delfour, curé de Javrezac ; Baduel, curé de Boutiers, et autres personnes.

Au mois de juin 1764, Charles-Léon de Maulevrier, seigneur de Saint-Brice, fils aîné de défunt Alexandre de Maulevrier, fut présent en l’église d’Ars à la cérémonie du mariage de messire Jacob de Bremond, marquis d’Ars, avec Mlle Marie-Judith de Bremond, sa cousine.

Le 17 juillet 1767 Mlle Marie-Victoire de Maulevrier épousa M. de Labarre de Larivaux, ancien lieutenant des vaisseaux du roi, en présence de Charles-Léon de Maulevrier, capitaine au régiment Dauphin-dragons, et de demoiselle Anne-Rosalie de Maulevrier, ses frère et sœur ; de dame Charlotte d’Apelvoisin de la Roche du Maine, marquise de Nesmond, cousine germaine de la mariée ; de messire Guillaume des Maisons, docteur de Sorbonne, vicaire général du diocèse de Saintes ; de Jacques Hardy, avocat, échevin de l’hôtel-de-ville de Cognac, curateur à conseil desdits sieur et demoiselle de Maulevrier. Ce mariage fut célébré en l’église de St-Brice.

Quelque temps après, mademoiselle Anne-Rosalie de Maulevrier épousa messire Jean-Baptiste des Nanots, écuyer, conseiller au Parlement de Bordeaux.

Le 2 octobre 1777, naquit de cette union Jules-Léon-Marie des Nanots, lequel fut baptisé à Saint-Brice le même jour, et que l’on dit « fils légitime de messire des Nanots, conseiller au Parlement de Bordeaux, seigneur de St-Brice et de St Trojan. » Le parrain fut Pierre-Jules Dudon, procureur-général au Parlement de Bordeaux, représenté, et la marraine Mme de Labarre, tante du baptisé.

M. des Nanots était issu d’une ancienne famille de Guienne. La magistrature était héréditaire dans la famille des Nanots. Celle de Maulevrier, non moins recommandable, avait embrassé la profession des armes. C’était une ancienne famille de la Saintonge, dont la noblesse remontait à 1480.

Le 18 août 1778, M. des Nanots assista, avec sa femme et sa belle-sœur, madame de Labarre, à un baptême à St-Brice.

M. Charles-Léon de Maulevrier, capitaine au régiment Dauphin-dragons, inspecteur des compagnies de milice à cheval des îles et côte de Saint-Domingue, avait épousé demoiselle Catherine-Rose Lecomte. Le 25 octobre 1786 eut lieu, à St-Brice, le baptême de leur fille, nommée Zénobie-Amélie. Le parrain fut Honoré-Léon de Maulevrier, son frère, et la marraine Mlle de Jarnac de Gardépée.

M. des Nanots et sa famille passèrent les premières années de la Révolution au château de St-Brice.

Un peu plus tard ils vendirent leurs terres de Saint-Trojan et de Saint-Brice à M. de Launay. Celui-ci a habité durant une longue période le château, et sur la fin de sa vie il a, par testament, légué ses biens à M. le général de Bremond d’Ars, qui a fait sa résidence au château de Saint-Brice, après sa mise à la retraite et y est décédé le 23 janvier 1894, ancien sénateur de la Charente.

Après la mort de Madame la générale de Bremond d’Ars, ses héritiers ont vendu le château de Saint-Brice et ses dépendances à M. René Otard de La Crange, qui l’a habité plusieurs années, mais, à la suite d’un deuil cruel, l’a quitté avec regret.

Le château de Saint-Brice est aujourd’hui [1906] possédé par M. Jean Hennessy, négociant à Cognac, qui en a agrandi les jardins et fait planter de nouveaux massifs, qui s’allient mieux avec les buis trois fois centenaires qui décorent la partie orientale de cette ravissante demeure.

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