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1573 - Les femmes de la Rochelle défient le pouvoir royal qui les assiège

mercredi 13 juin 2012, par Pierre, 779 visites.

Des auteurs locaux relatent les actes de bravoure des femmes de La Rochelle pendant le siège de 1573 : Pierre de Bourdeille dit Brantôme, dans son célèbre livre "Les Dames Galantes", et Louis-Etienne Arcère dans son Histoire de la Ville de La Rochelle et du Pays d’Aulnis (1756).
Ah comme elles sont belles, les femmes de La Rochelle, dans leurs beaux vêtements blancs en fine toile de Hollande...! et, comme l’écrit Brantôme, "les belles & honnestes Dames aiment les vaillants Hommes, les braves Hommes aiment les Dames courageuses."

On signale aussi une version romancée de cet épisode par Eugène Sue, dans "Les Mystères du Peuple, ou Histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges" - Tome 9 - Paris - 1865.
L’auteur donne comme source le journal rédigé pendant le siège par un certain Antonicq Lebrenn, habitant de La Rochelle. Fiction de romancier ou réalité ? Cet Antonicq Lebrenn n’est mentionné que par Eugène Sue.

 Les Dames Galantes - Discours sixième : Sur ce que les belles & honnestes Dames aiment les vaillants Hommes, les braves Hommes aiment les Dames courageuses. - Pierre de Bourdeille dit Brantôme (1540 ?-1614)

Un trait pareil à celuy de ces Dames Siennoises, que je viens de raconter, vis-je faire à aucunes Dames Rochelloises au siege de leur Ville, dont il me souvient, que le premier Dimanche du Caresme que le siege estoit, Monsieur nostre Général manda sommer Monsieur de la Noue de sa parole, & venir parler à luy, & rendre compte de sa négociation, qui lui avoit chargé pour cette Ville, dont le discours est long & fort bizarre , que j’espere ailleurs escrire.

Monsieur de la Noue n’y faillit pas , & pour ce Monsieur Strozzy fut donné en ostage dans la Ville, & treves furent faites pour ce jour & pour le lendemain.

Ces treves ainsi faites [1], parurent aussi-tost, comme nous, hors des tranchées, force gens de la Ville sur les remparts & sur les murailles : & sur-tout il y parut une centaine de Dames & Bourgeoises des plus grandes, plus riches, & des plus belles, toutes vestues de blanc, tant de la teste que du corps, toutes de fine toile d’Hollande ; qu’il fit très-beau à voir : & ainsi s’estoient elles vestues, à cause des fortifications des remparts où elles travailloient, fust ou à porter la hotte, ou à remuer la terre ; & d’autres habillements se fussent salis , mais ces blancs en estoient quittes pour les mettre à la lessive, & aussi qu’avec cet habit blanc se fissent mieux remarquer parmy les autres. Nous autres fusmes fort ravis à voir ces belles Dames ; & je vous asseure que plusieurs s’y amuserent plus qu’à autre chose : aussi voulurent-elles bien se monstrer à nous, & ne furent à nous gueres chiches de leur veüe ; car elles se plantoient sur le bord du rempart d’une fort belle grace & desmarche , qu’elles valoient bien les regarder & desirer.

Nous fusmes curieux de demander quelles Dames c’estoìent ? Ils nous respondirent que c’estoit une bande de Dames ainsi jurées, associées, & ainsi parées pour le travail des fortifications , & pour faire de tels services à leur Ville ; comme de vray elles en firent de bons , jusques-là que les plus viriles & robustes menoient les armes : de sorte que j’ay ouy conter d’une que, pour avoir souvent repoussé ses ennemis d’une pique, elle la garde encore si soigneusement comme une sacrée relique, qu’elle ne la donneroit ny vendroit pour beaucoup d’argent, tant elle la tient chere chez soy.


 Histoire de la Ville de La Rochelle et du Pays d’Aulnis – Louis-Etienne Arcère – La Rochelle - 1756

Durant l’attaque, les femmes Rochelloises animées à la défense de la patrie par des motifs de religion, firent voir jusqu’à quel point la foiblesse même peut se changer en force , lorsqu’elle est élevée par de si puissans motifs. Tout respiroit en elles un certain air mâle & déterminé. Elles lançoient des pierres & des feux d’artifice , & poussoient continuellement L’encensoir. C’est le nom que l’on donnoit à une longue perche qui tournoit sur un pivot, à l’extrêmité de laquelle étoit suspendue une chaudière d’huile bouillante & de bitume enflammé. Les enfans se mêloient parmi les femmes, & les ministres devenus guerriers, les excitoient tous par leur exemple : ils se persuadoient sans doute que la religion les chargeoit du double ministère de pasteurs pour instruire les peuples , & de soldats pour répandre le sang humain ; indécente bravoure qu’on pourroit reprocher à bien d’autres.


[1En 1573

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