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1685 - Sécheresse persistance en Saintonge : processions à Saintes avec la tête de saint Eutrope

mardi 7 juin 2011, par Pierre, 831 visites.

Les processions pour obtenir la pluie du ciel sont un grand classique de la ferveur populaire.

En mai 1685, une sécheresse persistante inquiète la population. Comment faire venir la pluie ? Une procession avec la tête (le chef) de l’évêque Saint-Eutrope de Saintes, à travers les rues de la ville, est la seule solution connue, car ce saint est réputé pour ses miracles dans ce domaine. Mais l’organisation d’une telle manifestation doit respecter de nombreuses règles de préséances.

La ferveur populaire des saintongeais a-t-elle fait pleurer le ciel ? Le résultat n’est pas connu.

Source : Archives Historiques de la Saintonge et de l’Aunis - Tome II - 1875

Des processions pour obtenir de la pluie


- En 1699 à Saintes : « Le jeudi 30 de juillet 1699, par ordre de Monsieur l’evesque [de Saintes] et de Messieurs du chapitre il s’est fait, an cette ville, une procession généralle, sur les sept heures du matin et à laquelle les penitans ont asisté, pour obtenir de Dieu de la pluie. On y a porté le chef de nostre illustre grand Saint Hutrope. C’est Mr Panis et Mr Aranaud qui ont heu ce bonheur. »

- En 1700 à Saintes : « Le dimanche 5 septembre 1700, il a esté fait an cette ville [Saintes] une procession généralle pour obtenir de Dieu de la pluie. On a porté le chef de nostre illustre Saint Hutrope. Après la procession il a tombé de la pluie. Monseigneur l’evesque a ordonné à tous les curés du diocèse dans faire la mesme chose. C’est Mr Panis et Mr Villevieille qui ont porté le chef. »

- En 1740 à Saintes : « Le dimanche huit de may 1740, il c’est fait en cette ville une procession généralle, par la ville, pour demander à Dieu de la pluie, n’aiant presque pas plu despuis le 24 de janvier dernier ... les vignes estant touttes gelées, les baillarge ne naissant poin, non plus que les blés d’Espagne, millet, chanvre, toutes les prérie n’estant plus avansée qu’an out. »

Journal de Michel Réveillaud - Archives Historiques de Saintonge et d’Aunis - T XXXXV - Année 1914

1685, 8 mai. — Procès-verbal d’une procession générale [1], avec le chef de saint Eutrope, pour obtenir de la pluie. — Copie sur papier [2].

Aujourd’huy huictiesme de may 1685, nous dom Amand du Caurroy, prestre religieux proffex de l’ordre de Saint-Benoist, prieur régulier et titulaire du prieuré conventuel de Saint-Eutrope lès la ville de Xaintes, ordre de Cluni, certiffions à touts qu’il appartiendra que le jour de hier, septiesme du présent mois, environ les cinq heures du soir, messieurs de Guip et Tourneur [3], chanoines de l’église cathédrale de Saint-Pierre de Xaintes, comme députés de monseigneur l’esvesque et dudit chapitre dudit Xaintes, s’estants transportés à nostre dit prieuré, nous remonstrèrent que, dans le besoing extresme que on a de avoir de la pluye pour la conservation des biens de la terre, ledit seigneur esvesque et lesdits prieurs du chapitre avoient esté d’advis de faire une procession générale dans la quelle on vouloit particulièrement implorer le secours du bienheureux saint Eutrope, patron et apostre de cette pro­vince, et pour cet effect nous prioient de treuver bon que le chef dudit saint Eutrope, qui est dans nostre église dudit prieuré, fust porté à ladite procession, après avoir convenu avec nous de la manière qu’il y seroit porté ; ce qui nous obligea à l’instant de faire assembler nos religieux et confrères dudit prieuré dans la petite sale de nostre appartement, où dom Jaques Cabasson, aumosnier, dom Jean Désormes, cellerier, dom Sébastien du Chastel, chantre, et dom Charles du Caurroy, antien officier prévost dudit prieuré, en présence de très révérend père dom Claude Lieutaut, prieur de l’abbaye de Saint-Estienne de Bassac, ordre de Saint-Benoist, s’estants touts assemblés avec nous, et leur ayants fait sçavoir la demande qui venoit de nous estre faitte par lesdits sieurs chanoines, les susdits religieuxs ont esté touts d’advis qu’il estoit juste, dans une nécessité urgente comme celle-cy, de seconder le selle dudit seigneur esvesque, desdits sieurs chanoines et du peuple, dans le recours qu’ils veulent avoir audit saint Eutrope et dans le dessein qu’ils ont de luy adroisser particu­lièrement leurs prières pour l’obtention de la pluye ; que, pour cet effect, il estoit à propos de faire porter suivant leur intention ledit chef à la procession générale, conformément à ce que eux et nous conviendrions ensemble. En exécution de quoy, estant sortis de ladite petite sale, nous avons, en pré­sence des susdits religieux, conféré avec lesdits sieurs de Guip et Tourneur, chanoines, de la manière que ledit chef debvoit estre porté ; et a esté convenu que ce jourd’huy, environ les sept heures du matin, nous fairions porter ledit chef devant la Porte-Esvesque, autrement de Saint-Louis, de laditte ville de Xaintes ; lequel chef nous et nosdits religieux accompagnerions revestus d’aubes ; qu’il seroit mis sur un autel qui seroit à ces fins droissé ; que ledit seigneur esvesque et le susdit chapitre avec touts les corps et ordres religieux se trouveroient audit autel pour prendre ledit chef et le porter à la procession en touts les endroits des processions générales ; que nous tiendrions rang à la manière accoustumée entre lesdits sieurs chanoines et le bas cœur de ladite église cathédrale de Saint-Pierre, et que pour sçavoir quand nous debvrions porter ledit chef du lieu de nostre dit prieuré audit autel, il seroit sonné quatre coups de la plus grosse cloche de Saint-Pierre, ayant aussi esté convenu et arresté que le chef dudit saint Eutrope ne seroit point porté en ladite églize de Saint-Pierre, quoique la procession passast audevant de la principale porte de ladite église ; en vertu desquelles conventions acceptées de la part dudit seigneur esvesque, de celle dudit chapitre et de la nostre, ce matin, environ les sept heures, ayants entendu sonner lesdits quatre coups, nous nous sommes disposés avec nos dits religieux, touts revestus de nos aubes, de porter ledit chef au lieu marqué. Mais en mesme temps nous avons veu arriver en nostre dite église de Saint-Eutrope messieurs l’abbé de La Fosse, curé de Saint-Sulpice près de la ville de Cognac, et Hommeau, promoteur du diocèse de Xaintes et curé de Sainte-Coulombe de la ville de Xaintes [4] lesquels nous ont requis d’agréer qu’ils portassent ladite relique, attendu le petit nombre de nos religieux et que ils sont la pluspart advancés en aage ; ce que ayant accordé auxdits sieurs de La Fosse et Hommeau, ils ont pris le chef dudit saint Eutrope et l’ont mis sur un brancard couvert d’un grand tapis de satin rouge bordé d’une dentelle d’or et d’argent ; lequel brancard lesdits sieurs de La Fosse et Hommeau, revestus d’aubes et de tuniques de drap d’or, ont mis sur leurs espaules pour porter ledit chef, que nous et nos reli-gieuxs avons accompagnés, revestus de nos aubes, comme dit est, et nous ayant nostre estole, y ayant autour de ladicte relique diverses personnes qualiffiées du bourg de Saint-Eutroppe armées d’espées et hallebardes, commandées par les sieurs Birot, Ravaud et Méthé, capitaine, lieutenant et enseigne dudit bourg, aussi armés d’espées pour la garde de laditte relique et pour empescher le désordre qui auroit peu arriver accause de l’affluance du peuple qui vouloit assister à ladite procession ; laquelle nous avons commancée après que on s’est mis à sonner nos grosses cloches, la bannière de saint Eutrope estant portée par Genusson, bastonnier, qui est de la confrérie dudit saint Eutrope ; la croix ensuitte portée par Hélie Garnier, revestu d’une aube et d’un surpellis, qui estoit suivie de Hélie Verdon, aussi revestu d’aube et surpellis, qui portoit un encensoir pour encenser ladite relique, qui estoit portée comme dit est par les sieurs de La Fosse et Hommeau ; et à chasque costé estoient six hallebardiers et quatre flambeaux ; après laquelle marchoient des ecclésiastiques, revestus d’aubes, et estoient suivis de nos religieuxs et de nous qui avions nostre estole. Dans lequel ordre ladite relique a esté portée devant ladite porte Saint-Louis, y ayant quantité de personnes de qualité qui nous suivoient et un grandissime nombre de peuple pour assister à ladite procession générale ; et estants arrivés à l’autel qui y avoit esté préparé, ledit chef de saint Eutrope a esté mis sur ledit autel. Ensuitte de quoy nous avons fait des prières, dit des oraisons à l’honneur dudit saint et d’aultres pour obtenir la pluye, et fait les encensemens ordinaires en telles occasions. En mesme temps, la procession est arrivée composée de touts les corps, soit ecclésiastiques, soit séculiers ; et ledit seigneur esvesque qui estoit venu avec ladite procession, s’estant advancé proche dudit autel, il s’est chanté quelques motets composés à l’honneur dudit saint Eutrope ; et ledit seigneur esvesque [5] a fait les encensemens, dit les oraisons accoustumées en telles occasions. Après quoy, la procession générale a commancé de marcher, sçavoir : les révérends pères Récolets les premiers ; les révérends pères Cordeliers les seconds, et les révérends pères Jacobins les troisiesmes. Toutes les susdites communautés religieuses estoient suivies de la bannière de Saint-Eutrope et des deux guidons de l’église cathédrale de Saint-Pierre. Ensuitte de quoy estoit la croix dudit Saint-Pierre à la droitte, celle dudit Saint-Eutrope à la gauche, qui estoient suivies d’un grand nombre de prestres et archiprêtres du diocèse de Xaintes, qui y estoient venus pour assister au sinode ; après lesquels le bas cœur et musique dudit Saint-Pierre suivoit, et ensuite ledit chef porté par les-dits sieurs de La Fosse et Hommeau, entourné desdits quatre flambeaux et six halbardiers de chasque costé, capitaine, lieutenant et enseigne dudit Saint-Eutrope, comme dit est, suivi de nos religieux et de nous qui estions aussi suivis desdits sieurs chanoines et dudit seigneur esvesque ; après lequel estoient messieurs les officiers du présidial de Xaintes, messieurs du corps de ville ensuitte ; et un grandissime nombre de peuple, de tout sexe et de tout aage, composoit ladite procession générale, qui a passé dans toutes les rues ordinaires de laditte ville dans les processions générales et solennelles qui s’y font ; et comme elle passoit devant la porte principale de ladite église de Saint-Pierre, lesdites communautés religieuses n’ayants pas été adverties de ce qui avoit esté arresté que l’on ne fairoit point entrer ledit chef en ladite église de Saint-Pierre, lesdits religieux marchants les premiers sont entrés néantmoins dans ladite église devant laquelle le reste de la procession s’estant arresté en vertu de ladite convention, on a fait ressortir lesdits religieux de ladite église de Saint-Pierre et continuer la marche avec ledit chef sans que on l’aye fait entrer dans ladite église ; et on l’a portée jusques audit autel devant ladite porte de Saint-Louis où ladite procession générale l’avoit receu ; et ayant esté posé sur ledit autel, divers motets ont estes chantés à l’honneur dudit saint Eutrope. Ledit seigneur esvesque a fait les encensements, dit les oraisons accoustumées, et a donné avec ledit chef la bénédiction à tout le peuple. Ensuitte de quoy ladite relique a esté remise sur ledit brancard. Ledit seigneur esvesque s’est retiré avec tout son clergé ; et nous, avec nos dits religieux et eclésiastiques dans l’ordre que nous avons marqué, avons reconduit ledit chef audit prieuré et susdite église de Saint-Eutrope, au son de nos six cloches ; où estants arrivés, nous avons, nos dits religieux et ecclésiastiques, chanté plusieurs himnes et antiennes à l’honneur dudit saint Eutrope, dit les oraisons accoustumées, fait les encensemens ordinaires, et avons avec ledit chef donné la bénédiction au peuple, ayant ensuitte fait mettre ladite relique dans son reposoir ordinaire.

Dont et du tout nous avons dressé la présente relation et fait insérer et escrire sur nostre registre, laquelle nous avons signé comme procès-verbal, ce que ont fait pareillement nos dits religieux, pour valoir et servir en temps et lieu comme de raison.

Au revers : Acte de procession faicte avec le chef. Puis : Paraphée par nous le 19 décembre 1789. N°18. Fonrémis de la Mothe, lieutenant particulier.


[1M. H. Valleau, curé de Bourcefranc, a inséré dans le Bulletin reli­gieux du diocèse de La Rochelle et Saintes, t. I, p. 497, 536 et 543, un mémoire : Les processions du saint martyr Eutrope de la ville de Saintes, d’après les pièces que nous publions.

[2Cette pièce paraît, comme il est dit à la fin, avoir été copiée sur le registre du prieuré.

[3Tourneur, chanoine, fils de Denis Tourneur, notaire royal à Saintes, et petit-fils de Daniel Eschasseriaux, était frère de François Tourneur, procureur au siège présidial et greffier du clergé du diocèse de Saintes, né en 1624, à Saintes, mort en 1694.

[4Alexandre Houmeau, curé de Sainte-Colombe en 1669, mort en 1702.

[5Guillaume de la Brunetière, mort en 1702.

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