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Ephémérides météorologiques, astronomiques et sismiques - 3/6 - 16ème siècle
jeudi 12 avril 2007, par , 2565 visites.
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Source : Ephémérides météorologiques et sismiques de la Charente-Inférieure, par M. BITEAU - Bull. de la Société de géographie de Rochefort - T XVI - 1894
14ème & 15ème siècle | 17ème siècle |
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Pour symboliser ces événements, nous utilisons la signalétique suivante :
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Tempête | Tremblement de terre | Phenomène étrange | Froid extrême | Comète | |
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Grêle | Sécheresse | Inondation | Eruption volcanique |
Année | Type | Description - Commentaire |
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1518 |
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Le 10 août 1518, un ouragan tel que, de mémoire d’homme, on n’en avait pas vu de semblable, souleva les flots de l’Océan à une si prodigieuse hauteur que la mer, franchissant ses limites, se précipita dans les campagnes ; les habitations furent renversées, les bestiaux entraînés, les récoltes submergées. Une partie de l’île de Ré fut recouverte par les eaux. |
1537 |
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Le 22 août 1537, nouvelle et affreuse tempête, rapportée par A. Barbot, de la manière suivante : Le debord de la mer fut si grand par les tourmentes qu’elle faillit submerger entièrement l’isle de Ré, et se vit, en ce jour, ce qui ne s’étoit point veu, que les deux mers, qui circuissent et bordent la dite isle, se joignirent l’une l’autre, au grand estonnement de tous les habitants d’icelle, qui croyoient estre perdus, et fit la dite mer un grandissime dégast aux biens de la dite isle et de ceux de cette ville (la Rochelle) qui y en ont. |
1538 |
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Les 15, 16 et 17 avril 1538, le froid fut si vif et les vignes gelèrent tellement à La Rochelle et partout dans le royaume, qu’il n’est mémoire de telle vimaire (désastre) de gelée, et le peu de vin qu’on récolta avait si mauvais goût que le prix n’en augmenta guère et ne valut qu’environ vingt-cinq livres tournois le tonneau [1]. |
1568 |
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Vers la fin d’avril ou au commencement de mai de l’année 1568, Montluc résolut de faire une descente à l’île de Ré pour en déloger les protestants ; il fit embarquer dans le port de Brouage cinq cents arquebusiers d’élite, sous le commandement de Leberon, son neveu, auquel il adjoignit ses capitaines, écuyers et lieutenants ; mais une tempête se leva et rendit impossible, pendant un jour et une nuit, le débarquement des troupes [2]. |
1568 |
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On signale également, en 1568, un tremblement de terre. Ecoutons La Popelinière, qui nous raconte ce phénomène en style de l’époque : Le vingt-sixième octobre mil cinq cents soixante-huit, la terre sembla se mouvoir, et en fust le tremblement (entremeslé de longues pluyes, gresles d’extraordinaire grosseur, vens impétueux, tonnerres, feux et brillemens d’esclairs) si étrange : mesmement es cartiers de Poitou, Onis et Saintonge comme ceux de La Rochelle peuvent témoigner : que plusieurs n’en purent iuger le présage que malheureux. Mais si tels simples d’esprit eussent prins et bien conceu la raison de tels tremblemens : laquelle nous asseurent ces actes estre aussi naturels que les foudres, tonnerres et autres grondemens de l’air, trop chargé d’exhalations, ils ne s’en fussent tant estonnez. Car ces frissons (qu’aucuns des anciens ont appelé folies et méchanceté de nature) ne sont autres que hurlemens et tempestes au ciel [3] Comme on le voit, La Popelinière était loin de partager les idées de ses contemporains, et sans nous arrêter aux causes qu’il donne aux tremblements de terre, nous dirons simplement qu’à cette époque de notre histoire, où les guerres faisaient de grands ravages dans nos contrées, on pouvait être superstitieux et voir dans les choses les plus naturelles, mais sortant de l’ordinaire, des signes de nouveaux malheurs. |
1568 |
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L’hiver de 1568-1569 fut si rigoureux qu’on ne se rappelait pas en avoir vu de pareil, depuis plus d’un demi-siècle. Les armées du prince de Condé et de Coligny, qui guerroyaient contre les troupes royales, perdirent, en moins d’un mois, plus de huit mille soldats par la disette et par le froid. Les deux armées durent rester dans l’inaction, tant le froid sévissait avec intensité. |
1572 |
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Le 9 novembre 1572, au moment où Rénelière, gentilhomme poitevin, cinglait, avec bon nombre de soldats, vers l’île de Ré, qu’il était chargé de surprendre, il s’éleva une tempête si furieuse, que, craignant d’être jeté sur les écueils qui bordent Saint-Martin, il regagna La Rochelle. |
1577 |
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Le 20 juin 1577, une tourmente, survenue à la suite d’un calme plat, faillit jeter sur les brisants de la Passe-aux-Anes la flotte rochelaise et la força de relâcher sous les forts de l’île d’Aix. |
1588 |
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Voici une merveilleuse histoire racontée par un écrit du temps, à la date du 30 juin 1588, et dans laquelle les phénomènes météorologiques jouent aussi leur rôle : Les capitaines de deux navires Rochelais avaient capturé deux bâtiments espagnols, sur l’un desquels se trouvaient le seigneur Antonio de Mandrague et le marquis don Diego de Santillane, pieux docteurs qui revenaient des Indes, où ils avaient été envoyés par le Pape pour la conversion des infidèles. Les prisonniers furent conduits devant le maire. Au moment où ce magistrat voulut les interroger, le ciel se couvrit tout à coup des plus épais nuages et, au milieu d’une pluie torrentielle, accompagnée des plus bruyants éclats de tonnerre, il tomba des nues, dans la salle où était le maire, une grosse pierre toute sanglante, presque ovale et ne pesant pas moins de quinze livres, sur laquelle étaient gravées une croix et, de chaque côté, une main tenant une épée avec ces mots : pour la foy. La foudre emporta en même temps les deux bras de celui qui avait conduit les prisonniers et une partie de l’un des navires qui avaient fait la capture [4]. |
1588 |
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Le 1er septembre 1588, cinq mois et vingt-cinq jours après la mort de son époux, Charlotte de la Trémouille, veuve du prince de Condé, prisonnière au château de Saint-Jean d’Angély et condamnée à la peine de mort pour avoir empoisonné son mari, donna naissance à l’enfant qu’elle portait dans son sein. Les curieux remarquèrent que, ce jour-là, le tonnerre se fit entendre quoique le ciel fut serein, et qu’il parut même quelques éclairs, ce qui semblait d’un heureux présage [5]. |
1593 |
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Le 9 avril 1593, sur le soir, il y eut, à La Rochelle, un tremblement de terre, et le 9 novembre, vers les trois heures de l’après-midi, on en ressentit une plus violente secousse [6]. Les Aunisiens ne savaient que penser ; ces deux phénomènes, se produisant dans la même année, semèrent la terreur dans toutes les familles. Cependant, le sol resta tranquille pendant les cinq années suivantes. |
1598 |
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Le 9 juillet 1598, entre les sept et huit heures du soir, éclata la tempeste la plus grande et espouvantable dont jamais on eust ouy parler, qui dura toute la nuit, avec ven, esclairs, tonnerre et pluyes. Les effets en furent terribles : les blés qui étaient en terre furent emportés, les arbres brisés ou déracinés [7]. |
1598 |
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Le 12 décembre de la même année, sur les neuf heures du matin, des secousses de tremblement de terre se firent sentir à La Rochelle et dans les pays environnants [8]. |
[1] Jourdan. Ephémèrides historiques de La Rochelle, t. I, p. 115 (Baudouin)
[2] Massiou. Histoire de la Saintonge et de l’Aunis, t. iv, p. 114
[3] La Popelinière. Histoire des troubles, t. I, p. 152.
[4] Les discours merveilleux, etc
[5] De Thou. Histoire universelle traduite, in-40, t. x., p. 244
[6] Arcère. Histoire de La Rochelle, t. II, p.. 75.
[7] Jourdan. Ephémérides historiques de La Rochelle, t. I, p. 239 (Merlin).
[8] Jourdan. Ephémérides historiques de La Rochelle, t. I, p. 481 (Sandeau-Merlin).