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1723 - Le couvent des Cordeliers de Barbezieux (Charente)

jeudi 1er novembre 2012, par Pierre, 546 visites.

En 1723, Jean-Jacques Amelot de Chaillou, intendant de la Généralité de la Rochelle, lance une enquête sur les établissements religieux et hospitaliers de la Généralité, dans le but d’établir une "statistique". Le questionnaire envoyé par courrier comprend 6 questions :
- historique de la fondation
- nom de l’établissement
- ordre de rattachement
- effectifs
- revenus
- charges

Nous avons dépouillé pour vous les réponses à cette enquête. Voir l’introduction de cette rubrique

Source : Archives Départementales - H86 - Transcription : Pierre Collenot.

Barbezieux – Cordeliers

Etat du couvent de St François des PP Cordeliers de Barbezieux pour estre envoié à Monseigneur Amelot de Chaillou Intendant de la Rochelle.

- 1° Le tems de la fondation du couvent
Il est un des plus anciens de l’Ordre fondé l’an mil deux cent cinquante quatre au mois d’octobre par les seigneurs la Rochefoucault selon la plus commune opinion, je dis la plus commune parce que ledit couvent a été par deux fois différentes détruit et bruslé par les huguenots comme il paroit encor par les anciens vestiges d’une église et d’un cloistre d’une extreme grandeur, de sorte que nous y avons perdus touts nos titres revenus étant reduits à une chapelle pour notre eglise et une simple maison sans cloistre pour notre demeure laquelle n’a presque pas figure de couvent,

- 2° le nom du couvent
On le nomme Ste Catherine de Barbezieux, autrefois appellé le couvent des 100 frères

- 3° l’ordre est celui des Cordelliers de St François de la grande province de Tourainne

- 4° le nombre de relligieux est de six pretres en tout

- 5° de plusieurs prez, bois et pieces de terre que nous possedions, nous somes reduits à un petit enclos qui renferme notre eglise, couvent, jardin, et un morceau de vigne, le tout contenant trois journaux – en outre nous possedons dans la paroisse St Medard deux isles dont l’une est affermée 18# et l’autre vingt quatre livres.

Plus un fief dans la paroisse de Barret qui nous produit de rhente cinquante deux sols, deux chappons et deux pintes d’huille.

Plus un bois taillis paroisse de Condéon qui nous produit deux sols de rhente seconde et trois cent de fagot surquoy nous devons aux bénédictins de Baigne une rhente premiere de six sols, une poulle, un boisseau de froment, un boisseau d’avoine.

Plus nous avons une petite maison au bout de notre couvent arentée dix huit livres

Le tout 92 # 12 s d’argent

- 6° Charges
On doit poser le très St Sacrement tous les premiers dimanches du moys avec une basse messe

Plus uns basse messe tous les mercredy, jeudy, vendredy et samedy de l’année

Plus une messe touts les premier lundy et samedy de chaque moys

Plus plusieurs grande messe et services, devoirs de sepulture et autres basses messes de fondation pour chacun an qui nous produisent en tout 90# de fondation.

Plus six boisseaux de bled de fondation.

Plus trante six livres d’aumosne annuelle des seigneurs de la Rochefoucauld … 36#

Je certifie le present etat estre sincere et veritable et tout Barbezieux le certifira puisque nous ne vivons que de queste et en servant les paroisses.

Fait audit Barbezieux le 19 septembre 1723

F. Chauveau, docteur et gardien des Cordelliers

Les informations contenues dans la réponse ci-dessus ont dû sembler insuffisantes aux services de l’Intendant. Une demande de précisions est demandée, et donne lieu à une seconde lettre, du 27 novembre 1723.

A Barbezieux le 27 novembre 1723

Monseigneur,

Affin d’executer entierement vos volonté j’ai lhoneur de repondre une seconde foys à vos ordres

1° quand aux lettres patentes nous n’avons qune declaration de l’état de notre couvent telle que nous lanvoions à votre grandeur recue et approuvee par ordre du Roy, de Monseigneur Michel le Tellier chancellier de France, du cinquième avril 1624, quant au reste de nos anciens papiers nous avons tout perdu, nos titres primordiaux nous aiant été enlevez, notre couvent deux foys bruslé, nos relligieux tués et assassinez par les gens de la Relligion, comme il conpte par plusieurs têtes desdits relligieux qui sont encore sous notre autel percees de gros clouds d’outre en outre et que l’on presenta à la Reine mère lors son passage d’Espagne, qui en eut pitié et nous fit quelque aumosne, ledit couvent n’a pas pu estre retabli depuis à cause de notre indigence, et nous avons quelques masures que nous habitons, au nombre de six prêtres qui ... pas comme j’ai eu lhoneur de vous le marquer de plus de deux cent livres en tout annuellement, le reste vient des aumosnes des fideles et de nos messes dont nous manquons souvent encore on ne nous les paye qu’à cinq sols, ils sont icy tous de la Relligion, au moins le plus grand nombre.

2° le nombre des domestiques : nous nan avons qun à gages pour faire le jardin et un petit garçon qui n’est point gagé pour repondre nos messes et servir de portier

3° la datte des beaux et contrats de fondation : nos deux isles de St Medar de 1er enoncées sont affermée l’une 24#, l’autre 48# depuis cinq années, a passé contrat Ouvrard notaire, eles contiennent toutes deux environ huit à neuf journaux mais ce n’est que l’arentement d’une petite maison au bout de notre enclos est passé par le meme Ouvrard notaire, il y a environ six à sept ans ; notre petit fief de Barret est arenté au sieur Goy marchand et à ses tenanciers ; le contrat d’arentement est du 2 may 1606 le notaire est ? ; nous avons plusieurs arest du Parlement de Bourdeaux pour la possession dudit fief.

Pour les bois de la Garde à Rotard, ce sont deux pièces de brandes danviron 40 à 50 journaux de mauvais bois taillis à deux lieues de notre couvent desquels la moitié a été bruslée par des passages huguenots, nous avions même obtenu des monitoires pour agir contre les malfaiteurs, mais notre indigence nous a oté lieu de les poursuivre ; le fief desdites brandes est arenté en rhente seconde à Mr de Pressac de Leoncel voisin desdites brandes ; trois cent fagots de fourage, le tout évalué douze livres surquoy nous devons de rhente première aux Bénédictins de Baigne une rhente première d’un boisseau de froment, un boisseau d’avoine, une poule et dix sols d’argent ; jugez monseigneur si nous avons beaucoup de ? ; le dernier contrat d’arentement est de 1702, par Bancherau notaire ; nous tenons ladite brande d’un Charles de la Rochefoucault à condition de prier Dieu pour luy, par une déclaration par nous faite audit seigneur l’an 1551, signée de deux notaires.

Nos fondations principales sont vingt livres de Madame la Comtesse de Bourdeille scavoir quinze livres par premier lieu par un legat du 28 may 1625 notaire Laugevatz et en second lieu une augmentation de cinq livres pour un contrat de la dite dame du 2 decembre 1670, notaire Cosson ; autre fondation de Mr de Pressac de six boisseaux de bled par testament du 25 avril 1557, Peluchon notaire ; autre fondation de quinze livres d’Elie Levequot prestre de l’année 1662, Danau notaire.

Ce sont là nos principales fondations chargée de messes et prières, les autres fondations sont fort modiques come de trante sols, vingt sols, et ne valent pas la peine dantrer dans un detail qui seret annuieux ; tout ce qui est constant c’est que toutes ces fondations ensemble ne passent point la somme de 100# de rente, et il ne serviret de rien de deguiser la verité à votre grandeur, car quelque infortune qui puisse nous arriver nous ne pourrons jamais estre plus mal que nous somes, sans logement, reduits chaques dimanches à abandonner notre eglise pour aller dire la messe dans les campagnes affin de vivre le reste de la semaine au couvent ; touts les curez voisins nous rendront ce temoignage ; au reste Monseigneur nous nous confions entierement sur l’honeur de votre bienveillance et sur l’appui de votre protection ; nous tacherons de les meriter par nos prières pour la conservation de votre Grandeur et par le très profond respect avec lequel nous serons toute notre vie, Monseigneur, très humbles et très obligés serviteurs.

Le gardien des Cordelliers.

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