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1723 - L’Abbaye de Fontdouce à Saint-Bris des Bois (Charente-Maritime)

dimanche 23 novembre 2008, par Pierre, 1380 visites.

La situation calamiteuse de l’abbaye au XVIIIème siècle, décrite par son abbé commendataire Nicolas de Maschat de Pompadour de La Méchaussée de La Coste.
Mon bon monsieur, voyez-vous, la cause de tout cela, ce sont les charges "extraorbitantes" !

Source : Archives Historiques de Saintonge et d’Aunis - T. XV - 1887

1723. — Lettre de Nicolas de Maschat de Pompadour de La Méchaussée de La Coste, abbé de Fontdouce [1], à Amelot de Chaillou, intendant de la généralité de La Rochelle, sur les revenus et les charges de cette abbaye.

— Original sur papier aux archives de la Charente-Inférieure, ancien fonds de l’intendance de La Rochelle, série H. 86- Communication de M. P. de Lacroix.

Monsieur, n’ayant pas trouvé sur la déclaration que vous me faites l’honneur de me demander de mon abbaye de Fondouce que j’ay eu celuy de vous envoyer dans le temps, que vous m’avez renvoyé, disant qu’elle était trop étendue pour satisfaire à vos ordres : l’abbaye a esté bastie par Eléonor [2], érigée en abbaye en 1111, consacrée à Dieu sous l’invocation de la très sainte Vierge [3].

Un état de tous les titres, bulles et lettres patentes luy confirmoient quantités de beaux revenus qu’elle n’a plus.

Ses revenus d’aujourd’huy sont le corps abbatial, situé en plusieurs paroisses, consistant en dixmes, rentes et agriers.

En la seigneurie de Jarnouseau, paroisse de Saint-Laurent des Combes, et celle de Breillaud près Beauvais sur Matha, Chaignon, Guisdon, Salignac, le péage sur le sel passant à Cognac, tous lesquels revenus sont de pareille nature en cens, rentes, dismes et agriers, le corps abbatial ayant des bois et une métairie ; le tout par le bail général a été affermé 3,800 livres. Il y a deux religieux de l’ancien ordre de Saint-Benoist auxquels l’abbé paye : au prieur 480 livres pour pension ; au sacriste 400 livres ; au nommé Paul-Jean Vuinds 4,000 livres ; les entretiens des bâtimens, les décimes ordinaires et extraordinaires, qui sont pour l’ordinaire si extraorbitantes qu’il s’en faut de beaucoup que l’abbé aye de quoy subsister, ainsi qu’il l’a fait voir plusieurs fois par représentation et déclaration comme elles se trouvent contenues dans la note qu’il vous avoit envoyée ; et la luy demandant en abbrégé et succinte, il vous l’envoie sans que il lui puisse préjudicier et seulement pour vous convaincre du respect avec lequel il est, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

N. L. DE MASCHAT DE POMPADOUR, abbé de Fondouce.


Monsieur, répondant à l’honneur de votre lettre du 20 novembre dernier, pour marque de mon exactitude et obéissance à vos ordres, je vous envoie ci-joint la déclaration des revenus et des charges de mon abbaye, autant que j’en ai de connoissancc, en ayant cy-devant envoyé autant à monsieur l’abbé d’Aguesseau et à monsieur Vieulle, subdélégué à Coignac pour lors. Si cette déclaration n’est pas dans la forme que vous souhaitez, ayez la bonté de me le marquer, j’exécuteray ponctuellement vos ordres. Je suis avec un profond respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

DE POMPADOUR, abbé de Fondouce. A Fondouce près Coignac, ce 9 décembre 1723.


Depuis ma lettre écrite, j’ay été obligé de fournir un mémoire à monsieur le lieutenant général, votre subdélégué à Coignac, à peu près pareil à celuy ci-joint.

Etat de l’abbaye de Fondouce. — Cette abbaye a eu de gros biens et revenus tant par concessions de nos rois que des ducs d’Angoulesme, de Lusignan et d’autres puissans seigneurs, confirmées et accordées par nos saints pères les papes et plusieurs de nos rois. Elle n’a pas duré longtemps dans son état et possession de ses gros biens, [ceux-ci] ayant esté démanbrés et usurpés par la plupart des seigneurs circonvoisins.

Le corps abbatial consiste en nombre de bastiments tant pour les religieux que pour l’abbé, dont les revenus sont en rentes, agriers et dixmes en plusieurs paroisses, et une métairie de peu de valeur, le tout affermé [4]. 1,500 l.

Le membre de Jarnouseau [5] un petit bastiment,en rentes, affermés 1,200 livres.

Le membre du Brellaud, près Beauvais sur Matha, situé en la paroisse de Ranville, dont le revenuest en rentes, dixmes et agriers, affermé 500.

En le membre du Chaignon, situé en la paroisse d’Aumagne, consistant en revenu de même nature,affermé 250

En le membre de Dizedon, situé près Cognac, consistant en revenus de même nature, affermé à Pierre Gay, dudit lieu, 150

En le petit membre de Sallignac, paroisse de Pérignac, affermé 100.

En la concession et don fait par nos rois à la dite abbaye d:un droit de péage sur chaque gabarre et bateaux chargés de sel, moyennant que la dix et onzième seront franches, lequel droit n’est point affermé, estant régi par un marchand de Cognac, qui en rend compte moyennant dix écus de rétribution, ce qui ne rapporte audit abbé que environ 150 l. par an, qui sont à peine suffisans pour subvenir aux taxes, qui sont souvent faites sur le droit tant pour réparations des ponts de Cognac que autrement, quoique les titres de ladite abbaye portent immunités et décharges de toutes taxes [6].

En le petit membre du Pérou en la paroisse de Chérac, affermé au sieur Brunet 100

Tous lesquels revenus étant de 3, 800

Outre lesquels revenus il peut y avoir tant pour le logement que prés et rentes de la sacristie concédés audit abbé, moyennant l’augmentation de la pension du sacriste, la somme de 200 livres. L’abbé a trois domestiques. Les charges consistent, savoir :

A un prieur, qui se dit claustral 420

Au sacriste, pour sa pension monacale et pour sa cession, 400 livres ci 400

Mille livres de pension accordées par le roi sur ladite abbaye avant que ledit sieur de Pompadour en fust abbé, à M. Paul-Jean Vuinds, de Paris. 1,000

Les décimes ordinaires et extraordinaires, impositions, dons gratuits et taxes, qui sont quelquefoismontés jusqu’à 1,800 livres par an 1, 800

Plus il y a 20 livres de rentes dues sur ladite métairie, à la seigneurie de Rocheraud 20

L’entretien et réparation de tous les bâtiments, ornemens et vases de l’église, que ledit sieur abbé est obligé de fournir, les religieux et pensionnaires,n’y voulant contribuer, qui monte par an à plus de 200

Soit 3, 840

Et les grosses réparations qui surviennent et qui actuellement, si la visite en étoit faite, monteroient à plus de 4,000 livres ; ce à quoi ledit sieur abbé ne peut subvenir.

De manière que les revenus de ladite abbaye sur le pied d’à-présent ne montent qu’à la somme de 4,150 livres et les charges montent à 3,900 livres en certaines années. Et par conséquent il ne reste de net audit sieur abbé que 250 livres, sur quoi il est obligé de payer les taxes et charges qui sont imposées sur le droit de péage. Ledit sieur abbé a trouvé en ladite abbaye à son avènement un religieux qui prend la qualité de prieur, et un autre celle de sacriste ; ils doivent être religieux de l’ancien ordre de Saint-Benoist, prétendus exempts en France. Actuellement il y a le sieur Joseph Pichon, qui par permutation se dit prieur claustral, qui ne mène pas une vie fort exemplaire et suit son privilège d’exempt, ne faisant aucun debvoir ny fonction de religieux dans l’abbaye depuis quelques années. Le pouvoir dudit sieur abbé est trop restraint pour qu’il entreprenne d’y mettre ordre. Le sacriste est dom Gabriel de La Soudière qui l’a eu par résination depuis dix-huit mois ; le sacriste qui par ses titres est reçu religieux et a fait sa profession à Charroux, est actuellement aux estudes, ce n’est point audit sieur abbé à veiller sur leur conduite ; ils ont leur supérieur.


[1Nommé par le roi Louis XIV à l’abbaye de Fontdouce, le 8 mai 1688, — le 3 juin 1689, dit Hugues du Temps. Voir dans le volume X des Archives, page 276.

[2La princesse Eléonore d’Aquitaine, qui avait épousé Louis Vit, dit le Jeune, et ensuite Henri II, roi d’Angleterre, a longtemps passé pour la fondatrice de l’abbaye, parce qu’elle lui avait accordé de grands biens, et allait souvent y faire ses dévotions. L’abbé de Pompadour lui attribue la construction du monastère (vers 1170), ce qui est plus conforme à la vérité.

[3L’abbaye de Fontdouce fut fondée en 1117. L’église fut consacrée par trois cardinaux. En 1416, le prieuré Saint-Léger de Burie fut réuni à l’abbaye, ensuite démembré ; mais l’abbé en fut toujours le collateur. L’église et l’abbaye furent ruinées au XVIe siècle. On en voyait encore de beaux restes au XVIIIe siècle. L’abbaye de Fontdouce était si considérable que plusieurs cardinaux, archevêques et évêques en furent pourvus. Mais ses grands biens furent usurpés dans la suite. L’abbé payait 854 livres de décimes, et, toutes charges acquittées, il ne lui restait de 3,800 que 826 livres. Aussi l’abbé de Pompadour était-il curé de Foussignac en Angoumois.

[41678. 15 décembre. — Furent présents en leurs personnes, messire Jean Duvache, nommé par le roy à l’abaye de Fontdoulce, et icelluy comme procureur et ayant droit de Izaac Buger aussy nommé par le roy œconosme de ladite abbaye, demeurant en ladite abbaye de Fontdoulce, estant de présant en cette ville de Cougnac, d’une part ; et noble homme Jean Mestayer, sieur de Bellejoye, conseiller du roy, conseiller esleu en l’eslection de celte ville de Cougnac, demeurant audit Cognac, d’autre part ; lequel dit seigneur Duvache, après avoir heu lecture par moy dit notaire de l’arresté de comte fait entre messire Jean André, prestre, prieur curé de la paroisse de Burie, en vertu de la procuration dudit seigneur Duvache, avecq ledit sieur de Bellejoye, concernant la ferme de ladite abbaye de Fontdoulce, ressue par moy dit notaire, le 2e d’aoust 1677, a déclaré avoir icelluy pour agréable, l’aprouver, ratiffier et omologuer ; et en conséquence ledit seigneur abbé a recougnu que ledit sieur de Bellejoye a payé la somme de deux cens livres qu’il restoit à payer par ledit comte au sieur Ducourroy, prieur dudit Fondoulce, à quy ledit sieur de Bellejoye a payé ladite somme, suivant son billet du 12e de juin 1078, et suivant la letre missive dudit sieur André, prieur curé de Burie, du 11 dudit mois de juin, et auquel seigneur abbé ledit sieur de Bellejoye a présantement mis et délivré la lettre dudit sieur André et le billet dudit sieur Ducourroy cy-dessus datte...

Fait et passé audit Cougnac, maison du sieur François Tardy, en présence dudit sieur François Tardy, marchand, et Estienne Raby, maistre de gabarre, demeurant audit Cougnac, tesmoins. requis, et a ledit Raby déclaré ne savoir signer, de ce enquis.

L’ABBE Du VACHE, nommé à l’abaye de Fondouce. MESTAYER. TARDY. NOUVEAU, notaire royal héréditaire. (Minutes de Me Callandreau, notaire à Cognac. Communication de M. Jules Pellisson).

[51793, 27 août. —Requête présentée au lieutenant général de Cognac, par François Nadaud, ancien fermier de Jarnouzeau, membre dépendant de l’abbaye de Fontdouce, pour être autorisé à assigner Jean Roux, notaire à Cognac, nouveau fermier. Ordonnance conforme. Original (conservé à la bibliothèque de Cognac, fonds Albert, mss. t. LXXV, p. 155. Communication de M. Jules Pellisson).
« A monsieur le lieutenant général du siège royal de Cognac.
Suplie humblemant François Nadaud, sieur de Jarnezeau, disant que M. Nicollas de Machat de Ponpadour, abbé de l’abbaye de Fondousse, ayant fait un bail à longues années à feu François Nadaud, père du suppliant, du membre de Jarnezeau, despandant de laditte abbaye, par lequel il l’auroit chargé de payer les pantions monaqualles aux religieux d’icelle, comme apert par acte du trois avril 1703 ; en exécution duquel ledit feu sieur Nadaud de son vivant, et après luy le supliant, ont toujours payé exactemant lesdites pantions, même l’année présante, suivant les quitances cy-attachées ; et comme ledit sieur abbé, nonobstant le bail fait audit feu sieur Nadaud, a affermé ledit membre de Jarnezeau à maistre Jean Roux, notaire royal, à commanser au premier janvier dernier, auquel, par santance randue à votre raport, vous avez adjugé la jouissance dudit membre, icelluy a fait faire commandemant au supliant de luy remettre les fruits qu’il a persus l’année présante en espèce, par exploict du 26e du présant mois, auquel commandemant le supliant s’opose et le soutient nul et injurieux, par deux raisons : la première, c’est que laditte santance et l’arrest en vertu duquel ledit commandemant a esté fait n’ayant point condemné de restituer lesdits fruits, ledit Roux n’a qu’une simple action en redition de conte à prandre contre le supliant, et non pas la voye de commandement ; la seconde, c’est que ledit sieur supliant a payé ausdits religieux la somme de six cents soixante livres des. termes eschus de leurs pantions, au remboursemant de laquelle somme lesdits fruits sont sepéciallemant affectez, ledit supliant ayant esté dans l’obligation de les payer, tant parce qu’il y estoit obligé par son bail que parce qu’il estoit en pocession et jouissance dudit membre, auquel on avoit fait signiffier ledit bail de 1703, avecq commandemant de payer, suivant l’exploit de Deproya, huissier, en sorte qu’il faut nécessairement en venir à un conte, pour savoir sy le supliant a quelque chose entre mains au dellà de ce qu’il a payé et de ses fraits régis, ou s’il est créancier et en avance, ce quy ne peut ce descouvrir que par un conte que le supliant offre de randre.

« Ce considéré, monsieur, il vous plaize donner acte audit sieur supliant de son oposition cy-dessus, et luy permettre de faire appeller par devant vous à votre prochaine audience ledit sieur Roux, pour voir desclarer ledit commandemant nul et injurieux, et en conséquance, que le supliant sera deschargé de l’effet d’icelluy avec dhomages intérêts et despans, sauve audit Roux à ce pourvoir par les voyes du conte, ainsi qu’il advysera. et cepandant veu les quilances desdits sieurs religieux duemant controllées, permettre au supliant de saisir et retenir par ses mains les revenus dudit membre de Jarnezeau, jusque à la concurrance de ladite somme de six cent soixante livres, aveq defïences d’uzer de contraintes pour raison de ce ; et votre jugemant exécuté nonobstant oposilion ou apellation quelconque, et ferez bien.

NADAULD L’AISNE. ROBIN, procureur

« Acte de l’opposition. Soit icelle signiffiée pour en venir à notre prochaine audiance, cependant toutes choses en état. A Cognac, ce 27 aoust 1723. FÉ. »

A la suite de cette pièce sont des écritures signifiées en défense par Chauvin, procureur de Roux, qui n’ont pas assez d’intérêt pour être reproduites. Nous remarquons seulement qu’il y est question de comptes faits les 16 décembre 1722 et 8 juillet 1723, entre Nadaud et Pichon, prieur de Fontdouce, et de quittances données à Nadaud, les 25 janvier et 25 juillet 1723, par Renaud de Pondeville, mandataire de Gabriel Renaud, sacriste de l’abbaye. Dans ces écritures Nadaud est qualifié marchand

[6Un arrêt du conseil supprima ce droit vers le milieu du XVIIIe siècle.

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