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1789 - Les "Antiquités de Saintonge et d’Angoumois", de Bourguignon, en souscription dans une gazette
dimanche 26 octobre 2008, par , 1209 visites.
C’est le moment de souscrire, après il sera plus cher (16 livres au lieu de 12). Le livre de Bourignon est un classique de l’archéologie régionale du 18ème siècle.
Nous sommes en mai 1789. La gazette fait magazine : critiques littéraires, recette pour enlever les taches d’encre ; en politique intérieure, il y est à peine question des États généraux.
Source : L’esprit des journaux françois et étrangers - Paris - Mai 1789 - Books Google
L’auteur, d’après la Biographie Saintongeaise de Pierre-Damien Rainguet (1831) |
Le texte de la Gazette de 1789
Recherches topographiques, historiques, militaires & critiques sur les antiquités gauloises & romaines des provinces de Saintonge & d’Angoumois , enrichies de 16 planches en taille-douce ; par F. Marie Bourignon, associé des académies d’Arras & de Bordeaux, du cercle des Philadelphes du Cap-François, des musées de Paris & de Bordeaux, du college des philalethes de Lille, correspondant de l’académie des inscriptions & belles-lettres, de la société royale de médecine de Paris, de celle des antiquaires de Londres, & rédacteur propriétaire du journal de Saintonge & d’Angoumois.
Proposées par souscription a Saintes au bureau du journal, rue de la Souche ; à la Rochelle chez P. L. Chauvet, imprimeur du roi.
Qui est enim quem non moveat clarissimis monimentis, testatae consignataque antiquitas ?
Prospectus
Cet ouvrage dont plusieurs fragmens ont été publiés dans le Journal des Savans, années 1780, 1781, 82, 85, & 86 dans le Journal Militaire dans les feuilles de Saintonge & autres affiches des provinces ; va paroître au jour sous les auspices de feu M. Seguier, l’un des plus savans antiquaires de ce siècle, & de plusieurs membres distingués de l’académie des inscriptions & belles-lettres qui ont honoré l’auteur de leurs suffrages. Il est divisé en vingt-quatre chapitres, suivis de quelques dissertations détachées sur des antiquités de Poitiers & de Bordeaux. Après une apologie raisonnée de la science des tems ; l’auteur, dans le premier chapitre, qui a pour objet l’origine des Saintongeais, déclare la guerre aux vieilles erreurs consacrées par la tradition, & sans s’arrêter aux prétendues annales gauloises, presque toujours défigurées par des fables grossières, il fixe l’époque où ce peuple commence à jouer un rôle intéressant dans l’histoire ancienne.
Cet article est semé d’anecdotes curieuses & de traits intéressans, sur l’habillement des anciens Santons, sur quelques productions de leur territoire fort estimées des Romains, & sur des étymologies locales.
On continue successivement, dans les autres chapitres, à donner la description des ruines de Saintes, & de son capitole, d’un arc de triomphe, des temples, d’un hypogée, d’un amphithéatre, d’un aqueduc, d’une maison de campagne des Romains, des piles & mausolées, phares, camps, bains, tertres, briquetages, chaussées, puits, citernes, réservoirs, canaux ou conduits souterrains, tombeaux, cénotaphes, inscriptions publiques, sépulcrales & votives, mosaïques, statues, têtes, lampes, vases, bas-reliefs, anneaux, cachets, fibules, amphores, pierres gravées, camées, peintures a fresque, meules, briques singulières, tuiles avec des moulures, fragmens de granit & de marbre de toutes les couleurs, frises, corniches, chapiteaux, colonnes, bases, socles & autres débris d’architecture, & généralement de tous les monumens antiques existans en entier dans la province, ou desquels il ne reste plus que des vestiges. Ces ruines ont été dessinées sur les lieux & sous les yeux même de l’auteur.
Il y a aussi des recherches,
1°. sur plusieurs stations antiques & sur la voie romaine qui traverse le pays des Santons ; on y prouve que Cognac n’est point l’ancienne Mansion Condate, & que ce dernier nom convient mieux a Merpins, bourg, situé au confluent de deux rivieres, la Charente & le Né,
2°. sur les villes de Pons & Jonzac, ces deux villes ne sont point citées dans les géographes anciens, dans les itinéraires & les notices de l’empire, on y trouve cependant quelquefois des vestiges d’antiquité, comme médailles, vieux murs,&c. ;
3°. sur l’ancien nom de la ville d’Angoulême, capitale du peuple appellé Agesinates par Pline le naturaliste ;
4°. sur le promontoire & le port des Santons, sur l’isle d’Oleron, sur celle d’Antros, dont le sol s’élevoit & s’abaissoit avec la marée, selon le rapport de Pompenius Méla ;
5°. sur des eaux minérales de la vallée d’Archingeay, & sur la maison de campagne d’Ausone, consul & poëte du quatrième siècle : on publiera une médaille d’or frappée a Saintes en l’honneur de cet écrivain, cette pièce qui ne se trouve dans le cabinet d’aucun souverain, & qui par conséquent est unique dans le monde, a passé dans la collection de l’auteur.
Pour éviter la sècheresse que fait naître ce genre de travail, on ne s’est pas borné a donner une notice exacte des monumens, on y a ajouté des détails qui pouvoient jetter quelque intérêt sur ces matieres isolées ; en conséquence, à l’article de l’amphithéatre, on a parlé de la pompe des jeux, de l’ardeur des Romains pour les spectacles, & des anecdotes qui y avoient rapport ; en donnant la description d’un camp, on a traité de la castra-métation des anciens & de leur discipline militaire. En général l’ouvrage est écrit avec une exactitude scrupuleuse, que le public est en droit d’exiger d’un historien ; il est accompagné de notes historiques & autres propres à faciliter l’intelligence des termes d’architecture & de tactique, & revêtu d’autorités.
Le prix de la souscription pour cet ouvrage qui formera un volume in-8vo., caractere de cicéro, d’environ 700 pages, 12 livres broché, pris a Saintes ou a la Rochelle ; on est libre de payer cette somme dès ce moment, ou de se faire inscrire aux adresses indiquées, en envoyant seulement une soumission signée. La souscription sera fermée le dernier de juin prochain, & l’ouvrage paroîtra irrévocablement à la fin de l’année, quoiqu’on n’auroit pas un nombre suffisant de souscriptions. On ne tirera qu’un très petit nombre d’exemplaires, et l’ouvrage se vendra en 1790 un tiers en sus du prix ci-dessus fixé pour les souscripteurs ; on suivra pour la distribution, l’ordre d’ancienneté, parce qu’on s’est fait une loi de donner les meilleures épreuves aux premiers ; on se chargera, pour 3 livres de plus, de faire passer l’ouvrage franc de port par la poste dans tout le royaume.
Modèle de soumission
Je soussigné, m’engage a prendre les recherches sur les antiquités de Saintonge, &c. : au prix de ... lorsqu’elles seront imprimés, à ... le ... signé
Il faut affranchir le port des lettres & de l’argent.
Lu & approuvé , ce 13 décembre 1779
De Sauvigny
Vu l’approbation, permis d’imprimer, ce 14 décembre 1779
Le Noir
[1] S’appelait d’abord Bourguignon. Tout-à-coup il changea son nom en celui de Bourignon, prétendant l’avoir vu ainsi écrit sur les registres de Cognac. C’est sous l’ancien nom de Bourguignon que furent publiés, à Londres, en 1778, les Amusements littéraires, dédiés à M. P. de B... d’A – voir ci-après.
[2] V. Biogr. univ, de Michaud.
[3] V. Rech. topog. et hist., avis de l’édit., p. XIII.
[4] Bourignon avait bien songé a publier lui-même son livre, par souscription ; un prospectus, annonçant deux volumes in-4°, avait été imprimé à Paris, chez Caillcau , en 1780 ; mais, sans doute , l’auteur recula ensuite en face d’excessives dépenses.
[5] La partie retranchée contenait certains documents biographiques de l’époque gallo-romaine dont nous aurions pu tirer un grand profit.
[6] On assure que Meaume consomma sa ruine à l’occasion de cette entreprise, et qu’après avoir cédé son imprimerie, il se retira dans l’Ile d’Oleron, où il se fit instituteur. S’il en fût ainsi, M. Français de Nantes, premier préfet de la Charente-Inférieure, eut probablement des reproches à se faire, lui qui avait pressé Meaume d’imprimer ce livre, et qui ne lui vint pas en aide.
[7] Not. communiq. par M. Anatole de Bremond d’Ars.
[8] En 1803, M. Vanderquand, professeur à l’école centrale de Saintes, écrivit un précis de la vie de Bourignon, qui fut probablement imprimé à Saintes, après avoir été revu par M. le comte de P. de Bremond.
[9] En 1843, époque, dit-on, où Victor Hugo, un des créateurs de la science archéologique moderne, passait par la ville de Saintes