Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1790 - 1794 - Les francs-maçons d’Aunis et de Saintonge dans la Révolution

jeudi 22 mai 2008, par Razine, 2377 visites.

Conscients qu’ils vivaient une époque exceptionnelle les francs-maçons se sont sentis tout de suite concernés par la marche des évènements. Un quart des signataires des cahiers de doléances rochelais seront francs-maçons. Ils vont s’intéresser, voire participer à la mise en place du nouveau système. Déjà les loges favorisaient l’apprentissage de la démocratie en plaçant tous leurs membres sur le même pied d’égalité. Aussi, dès 1789 la plupart des francs-maçons entrèrent-ils dans les sociétés des amis de la Constitution ou les sociétés populaires. Cependant, la plupart d’entre eux, effrayés par la Terreur, les quitteront ou en seront exclus. Certains seront même poursuivis pour modérantisme.

Sources :
- B. M. de Rochefort, registre 23, pp 28-32
- Les francs-maçons dans la révolution par Francis Magnaud
- La Rochelle, ville frontière, édition Rumeur des âges – 1989

Persécutions, arrestations arbitraires et parodie de justice

Les persécutions de 1790-91

Parmi tous les cas que l’on pourrait citer, celui du comte d’Orfeuille est à ce sujet assez significatif. Membre de la loge d’Aulnay, en 1790 il est incarcéré pour son attitude trop modérée. Sous la terreur, exclu de la société populaire, il est de nouveau emprisonné. Evadé, il rejoint les troupes de Charrette, alors qu’il avait soutenu la révolution dans ses débuts.

D’autres francs-maçons aunisiens seront également inquiétés : André d’Angers, curé constitutionnel de Rochefort en 1791, orateur adjoint à la loge rochefortaise l’Aimable Concorde’, élu président du club des Amis de la Constitution ou bien Croizetière, avocat et membre de la loge rochefortaise « La Constante Société. ». Ceux-là auront plus de chance que leurs frères rochefortais. Huit seront jugés par le tribunal révolutionnaire : trois seront acquittés, deux furent emprisonnés ; les trois autres condamnés à mort et exécutés. Il s’agissait de :

- Pierre Rivière, marchand, membre de la loge "L’Accord Parfait",

- Gustave Dechézeaux, négociant-armateur membre de la loge rochelaise "l’Union Parfaite",

- Joseph Crassous, capitaine de navire et armateur, membre de la même loge.

Sous la Terreur, une parodie de justice : Le témoignage de Croizetière : « on mettait souvent la passion à la place de la justice »

Croizetière apporte son témoignage sur les dérives de la Terreur lors de l’épuration le 24 frimaire an III des membres de la société populaire. Il dénonce l’iniquité et l’acharnement du tribunal révolutionnaire :

« « On a ici parlé des arrestations arbitraires faites par le Comité de Surveillance mais personne n’a encore développé ce mystère d’iniquités et de prescriptions… Il est utile que le peuple connaisse de quelle manière on traitait alors ceux qu’il avait honorés de sa confiance. Je n’étais pas, je ne pouvais être l’homme des terroristes. Ils devinrent alors mes persécuteurs. En octobre 1793, Noleau accompagné de la force armée vint à minuit mettre les scellés sur mes papiers. Il avait pour acolyte Daviaud qui me tint des propos durs… On me laissa sous la garde de deux grenadiers de la marine. J’avais été, plus de deux ans membre du directoire et j’étais alors depuis un an juge, par le choix du peuple au tribunal du district… A onze heures, trois hommes armés apportèrent chez moi un arrêté de ce comité, adressé à l’un de mes gardes et par lequel il était enjoint de me conduire de suite au palais où des affaires de service m’appelaient. Il fallait obéir à la puissance des bayonnetes et je me rendis donc ainsi escorté au palais où je trouvai les jurés assemblés depuis plus de deux heures… Tous les jurés pensèrent comme moi, qu’un magistrat, ainsi escorté ne pouvait remplir ses fonctions…. Deux membres du Comité, Grivet et Bosquet vinrent lever les scellés ; après une recherche très scrupuleuse, ils constatèrent par un procès-verbal qu’ils me lurent mais dont ils me refusèrent copie que mes papiers étaient bien en règle et qu’ils y avaient même trouvé des écrits patriotiques… je n’en fus pas moins conduit à Brouage, après quinze jours de détention chez moi. Je dus ma liberté aux témoignages de mes concitoyens ; un arrêté du représentant du peuple, alors sur les lieux, mit fin à ma détention et à mes peines….. Voilà l’esquisse de la conduite des membres du comité de surveillance ; je passe à celle du tribunal révolutionnaire, dont plusieurs faisaient partie. Assez long-temps ils ont trompé le peuple, il faut aujourd’hui l’éclairer sur le compte de ces prétendus patriotes ; il faut lui montrer toute la profondeur de l’abîme qu’ils avaient ouvert sur ses pas. J’ai suivi le tribunal révolutionnaire, comme défenseur officieux ; je lui ai arraché quelques victimes ; il était difficile de les sauver. Savigny aîné, l’un des juges de ce tribunal disait : « c’est de la manière dont nous posons les questions que dépend le sort des accusés ». J’a cru aussi m’apercevoir que les juges avaient une grande influence sur le jury composé d’hommes exaltés et peu instruits, dont quelques uns pourtant opinaient d’après leur conscience, et les autres toujours à la mort. Les actes d’accusations étaient rédigés dans les mêmes vues. Le bas substitut et successeur de Hugues, accusateur public, mettait souvent la passion à la place de la justice ». »

Messages

  • Voici de la documentation sur DAVIAUD :
    Daviaud.- Quelques observations sur l’ouvrage de M. le Dr Gigon (sur le petit nombre des victimes de la Terreur dans le département de la Charente. Signé : Daviaud.).-Bordeaux, impr. de Bord : (s. d.).- In-8° , 9 p.
    BNF, cote 8-LK4-1081, Tolbiac - Rez de jardin - Magasin

    Schiappa (Jean-Marc).- Les babouvistes : « aspects de l’implantation de la Conjuration babouviste ».- Saint- Quentin : Les Amis de Gracchus Babeuf, 2003.- 606 p.- (Supplément au n° 2 d’Études babouvistes)
    « Ce militant [Daviaud] était en correspondance avec un de ses amis Maurice Roy, horloger à Rochefort, qui sera inculpé à Vendôme et acquitté… (p. 264) « Daviaud, dans ses missions de l’an II, avait connu Roy alors commissaire révolutionnaire de Rochefort… Dans le même groupe de démocrates, figure Rossignol, un autre ancien commissaire révolutionnaire et ancien membre du tribunal révolutionnaire de Rochefort qui est parti à Paris… » … « Daviaud, ancien révolutionnaire de l’an II, employé de marine comme Cordebar et Chevalier… » (p. 265)

    Le conventionnel Hentz, guillotineur à Rochefort
    Fils et petit-fils de maréchal-ferrant, Hentz avait une prédisposition à exercer lui-même les fonctions de bourreau pendant la Terreur.
    Les index du périodique Généalogie et Histoire de la Caraibe sont révélateurs à cet égard.
    1° "A la société populaire [de Rochefort], HENTZ se propose comme guillotineur." (GHC, janvier 1995, p. 1250)
    2° "le nom du Domingois HENTZ, guillotineur de Rochefort sous la Terreur, apparaît orthographié Ance et Anse à deux lignes de distance dans une citation du "Moniteur du 14 novembre 1793." (GHC, février 1996, p. 1553)
    3° "Jean-Baptiste BOBE entra en 1781 à l’école de médecine navale de Rochefort. "Il fit ensuite le voyage des Antilles, sous l’amiral de Grasse, et s’y livra à l’étude des plantes et des animaux originaires des colonies." Il rentre en France et "Ce fut à cette triste époque de la révolution qu’il fit partie de la commission des quatre membres (les citoyens Parent, Ganet, de La Rochelle, et L. Guillet, de Rochefort), pris dans les sociétés populaires et désignés par Laignelot et Léquinio pour aller arrêter et arracher du sein de sa famille, à l’île de Ré, le brave et loyal conventionnel Dechézeaux, dont la tête tomba sous le couteau de la guillotine le 7 janvier 1794
    (1) L’horrible machine était établie sur la place Colbert ; lorsque le cortège arriva, Hentz, le bourreau, avait disparu. Alors on vit un individu sortir de la foule et réclamer l’honneur de remplacer l’exécuteur officiel : c’était un nommé Daviaud, employé aux vivres de la marine ; c’est par la main de ce misérable que tomba la tête de Dechézeaux..." (GHC, septembre 1997, p. 2068)
    Les citations de ce 3° proviennent de la page 53 de : Bulletin de la Société des Archives Historiques. Revue de la Saintonge et de l’Aunis VIII.- Paris : A. Picard ; Saintes : Mme Z. Mortreuil, 1888.- 520 p.

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