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1868 - Hypothèses géologiques et archéologiques sur la frontière entre Pictons et Santons par H. Beauchet-Filleau

lundi 5 avril 2010, par Pierre, 4070 visites.

Henri Beauchet-Filleau se livre en 1868 à un exercice à risques. Un risque créé par l’extrapolation. Peut-on tirer de la géologie, de l’archéologie et de la toponymie des informations assez fiables pour décrire avec certitude ce qui existait il y a 20 siècles ? Il se tire plutôt bien de l’exercice, mais il faut considérer que ses réponses sont fragiles et susceptibles d’évolution, grâce aux progrès des méthodes de recherche et aux opinions des chercheurs.

Source : Mémoires lus a la Sorbonne dans les séances extraordinaires du Comité Impérial des Travaux Historiques et des Sociétés Savantes tenues les 23, 24, 25, et 26 avril 1867 - Paris - 1868 - Google Books

Voir sur le site un autre essai d’Henri Beauchet-Filleau sur un sujet connexe : La forêt d’Argenson entre Santons et Pictons, histoire d’une disparition

La Boutonne, rivière-frontière entre Pictons et Santons ?
Carte de Robert de Vaugondy (1753) - BNF Gallica
  Sommaire  

Étude sur un point de géographie gauloise, par M. BEAUCHET-FILLEAU, membre de la Société de Statistique de Niort et de celle des Antiquaires de l’Ouest, correspondant du ministère pour les travaux historiques.

Le cours de la Boutonne n’avait-il point formé les frontières d’une peuplade gauloise étrangère à la confédération des Pictons, celle des Santons peut-être, à une époque plus reculée que la conquête des Gaules par César ? C’est ce que nous avons cru reconnaître en examinant avec attention cette contrée, en étudiant sa topographie et les mœurs de ceux qui l’habitent, en recherchant les faits historiques qui s’y rapportent.

Nous retrouvons, en effet, sur les bords de cette petite rivière tous les indices que l’on s’accorde à reconnaître comme caractéristiques : différence dans la constitution géologique du sol modifiant profondément les mœurs et la constitution physique des habitants, tradition constante d’une nationalité particulière, obstacles naturels à franchir, travaux de la main des hommes. Et pourtant, ce n’est qu’avec hésitation que nous nous engageons dans un pareil sujet : car nous savons combien l’étude de la géographie de ces temps reculés présente de difficultés. Essayons cependant.

 I

La constitution géologique du sol non-seulement en modifie profondément les productions naturelles, mais encore exerce une influence marquée sur le moral et le physique de ceux qui l’habitent. Depuis que Cuvier, dans son Eloge de Werner, a posé ce principe, d’éminents esprits, développant cette idée féconde, en ont déduit de lumineuses conséquences pour l’étude de la géographie gauloise [1], et M. de Longuemar, en l’appliquant sur le terrain pour une partie du haut Poitou, a pu préciser les frontières des Andes et des Turons par rapport aux Pictons, ainsi que délimiter les contrées qu’habitèrent les peuplades du Chàtelleraudais et du Loudunais [2].

Nous allons suivre son exemple en prenant pour guide la Description géologique des Deux-Sèvres, par M. Cacarié [3].

Il résulte des tableaux dressés par cet ingénieur des mines que le cours de la Boutonne, depuis sa source jusqu’à Secondigné et Séligné, sert de point de partage à deux sols différents. Tous les terrains situés sur la rive droite ont pour sous-sol l’oolithe inférieure , et l’oolithe moyenne sur la rive gauche [4].

Ce premier point nous étant acquis, examinons quelles sont les différences qui caractérisent la population résidant sur ces divers terrains [5] et les productions plus particulièrement affectées à chacun d’eux.

Parlons d’abord de l’homme.

L’habitant des terrains placés au nord de la Boutonne est d’un tempérament le plus ordinairement lymphatique ; son teint est généralement pâle et sa taille dépasse rarement la moyenne. D’un caractère mélancolique, ce n’est guère qu’au moment des noces qu’il se livre à la gaieté. Il aime le vin, bien qu’il n’en récolte pas. Il est par nature défiant et soupçonneux, légèrement processif, intrépide défenseur de ses droits de propriétaire, peu scrupuleux à l’égard de ses voisins. Dans les réunions publiques, on le reconnaît facilement à son col, à ses poignets de chemise piqués et festonnés, à son large chapeau, à sa veste étroite de droguet bleu clair, aux pans à peine indiqués, dont le devant descend à la hauteur des premières côtes et est de beaucoup trop étroit pour cacher le gilet croisé, de même étoffe, à deux rangs de boutons, qui lui recouvre la poitrine ; à sa démarche lourde et lente, à son air étonné, à son parler traînant, à son patois dont les mots, pour la plupart, sont terminés par aïe, diphtongue qu’il prononce en la prolongeant indéfiniment.

Les femmes, en général de petite taille, portent un casaquin de droguet bleu clair, comme les hommes, se laçant sur la poitrine et se terminant par derrière par un plissé des plus serrés. Au bas du corset, que recouvre le casaquin, se trouve un gros bourrelet, sur lequel vient s’attacher, en la relevant dans le haut de la manière la plus disgracieuse, une jupe à gros plis qui monte jusqu’à la hauteur des seins et tombe ensuite droite et roide. Sur leur tête, la cornette à bourgnon, espèce de coiffure de toile ou de calicot, le plus souvent sans autre garniture qu’un large ourlet plat, qui enserre complètement la figure et vient se rattacher sous le menton. Elle se termine, à l’endroit où nos élégantes placent aujourd’hui leurs énormes chignons, par une espèce de rond large et épais, ce qui produit à distance le plus singulier effet : on les croirait coiffées d’une assiette.

Il y a quelques années, quinze ou vingt ans à peine, ce pays était couvert d’ajoncs et de genêts ; le seigle était la seule céréale qu’on y cultivât. Quant aux arbres, le châtaignier est l’essence la plus répandue, surtout dans la partie connue sous le nom de Seigelier (le Segalar du Rouergue), où se trouve la terre rouge à base ferrugineuse, qui est son.terrain de prédilection. La vigne n’y croît qu’imparfaitement et ses fruits n’y mûrissent qu’avec peine.

Par suite des progrès de l’agriculture, de l’emploi de la chaux, de vastes défrichements ont été opérés, et aujourd’hui le froment couvre de ses moissons jaunissantes ces immenses pâtis, où quelques rares moutons ne trouvaient naguère qu’une nourriture précaire et incertaine. Les habitants eux-mêmes ont subi l’influence des améliorations agricoles ; grâce à la facilité des communications, à leurs rapports plus fréquents avec les populations qui les environnent, à l’instruction qu’ils acquièrent, ils dépouillent insensiblement le vieil homme, perdent chaque jour de leurs habitudes étranges, délaissent quelque partie de leur costume, rectifient peu à peu leur langage ; et, dans quelques années, tout cela ne sera plus qu’un souvenir.

Dire que les populations qui occupent les communes placées au sud de la Boutonne ont les qualités opposées aux défauts de leurs voisins serait faire d’elles un portrait trop flatteur, et qui ne serait pas fidèle. Elles sont généralement d’un tempérament sanguin , elles ont le teint coloré ; si leur taille n’est pas beaucoup plus élevée, leur constitution parait plus forte ; leur parler est plus vif, leur physionomie plus expressive. Elles sont moins crédules, sans être pour cela exemptes de superstitions. Prétendre qu’elles n’ont pas d’habitudes routinières, d’idées enracinées, serait aller trop loin ; mais on doit leur reconnaître un peu plus d’initiative, une plus grande facilité d’assimilation : aussi peut-on apprécier chez elles, dans leur manière de vivre, de se loger, de se nourrir, un progrès marqué. L’instruction est plus avancée, la civilisation a pénétré plus profondément.

Nous ne dirons rien de leur costume, dont la blouse (l’ancien sagum) forme la partie la plus saillante ; leurs vêtements sont d’un droguet bleu foncé ; la coiffure des femmes est une espèce de cornette qui n’enlaidit pas les visages.

Le chêne et l’ormeau, le frêne dans les parties humides, le hêtre en descendant vers le sud, sont les essences dominantes ; le nerprun, l’aubépine, l’épine noire, forment les haies. Le froment paraît avoir été de tout temps l’objet principal de la culture ; la vigne donne des produits abondants.

Encore un détail qui ne doit pas être omis. Pour les habitants de cette contrée, ceux qui résident au delà de la Boulonne sont toujours des Poitevins, et si vous leur parlez des communes situées de ce côté-là, ils vous répondront quelles sont en Poitou. Cela n’indique-t-il pas qu’ils reconnaissent avoir une autre origine que leurs voisins, qu’ils s’attribuent une nationalité différente ?

 II

Examinons maintenant quels étaient les obstacles que présentait le cours de la Boutonne, et s’ils peuvent être considérés comme suffisants pour protéger une frontière.

La Boutonne, on le sait, prend sa source à Chef-Boutonne [6]. A ce point, les collines, peu élevées du reste, qui bordent son cours au nord touchent, pour ainsi dire, à son lit, tandis qu’au sud, où existe le tumulus de la motte Tuffau, dont nous allons parler, elles en sont éloignées d’environ 1,500 mètres ; mais si bientôt sur la droite elles s’abaissent en pente douce, sur la gauche elles se rapprochent [7], et, jusqu’au bourg de Saint-Martin-d’Entraigues, courent pour ainsi dire parallèlement à la rivière. Là elles s’éloignent encore et forment comme une espèce de golfe terrestre, dominé par le village de Couturette, golfe composé de terres d’alluvion, à travers lesquelles, pendant l’hiver, coule à pleins bords le petit ruisseau de la Grenouillère, qui souvent même les inonde. De Saint-Martin-d’Entraigues jusqu’à Chérigné, la hauteur de ces collines diminue peu à peu, et, au-dessous de ce dernier bourg, le sol s’abaisse au niveau de la rive, tandis que de l’autre côté, à partir de Luché, le terrain se relève brusquement jusque vers Brioux, et la vallée, qui depuis Chef-Boutonne avait une largeur variant de 300 à 500 mètres, acquiert un développement qui, en certains endroits, peut atteindre 1,000 et même 1,500 mètres.

A partir de Brioux, le terrain s’aplatit encore davantage sur la droite comme sur la gauche jusqu’à Séligné ; près de là, la Boutonne, dont le cours avait été constamment dans la direction de l’est à l’ouest, dévie vers le sud et coule sur un terrain d’une pente presque insensible. Aussi, plus encore que dans la première partie de son cours, épanche-t-elle ses eaux sur les prairies qui la bordent.

Si, de nos jours encore, à la moindre crue, elle déborde dans toute la vallée, qu’il est impossible de traverser pendant l’hiver, à cause des eaux qui la couvrent, qu’est-ce que ce devait être à l’époque reculée à laquelle nous nous efforçons de remonter, alors que, abandonnée à elle-même, cette rivière, probablement bien plus considérable qu’aujourd’hui, voyait son lit embarrassé par les herbes aquatiques, par les arbres qui croissaient sur ses bords et que la vétusté ou les orages renversaient, parles obstacles de toute espèce qu’elle charriait et se créait dans son cours capricieux ?

Ce qui devient aujourd’hui de gras pâturages après l’écoulement des eaux devait être alors en toute saison un vaste, large et profond marais, à travers lequel l’homme ne pouvait s’aventurer sans danger de mort : car les terres, continuellement détrempées, devaient former des abîmes de boue où nul secours ne peut venir en aide à l’imprudent qui tente de marcher sur leur surface verdoyante et trompeuse,

 III

Les tumulus, les tombelles, comme les dolmens et les menhirs, étant le plus habituellement placés sur le bord des rivières, sur les voies de communication, indiquaient les frontières. Cette proposition, dont la vérité n’est plus contestable ni contestée, vient encore à l’appui de notre opinion.

Disons tout d’abord qu’il n’existe aucun monument de pierre, dolmen ou menhir, et que les traditions du pays, que nous avons si souvent interrogées, sont muettes sur ce point, pour la ligne que nous indiquons tout au moins [8]. Ceux que nous avons à signaler sont des tumulus.

Ces tumulus sont au nombre de trois : la motte Tuffau [9], près et au midi de Chef-Boutonne ; celle de l’Épine, autrefois dite de Marconnay, près de Chérigné, sur la même rive que la précédente et à peu près à égale distance de Chef-Boutonne et de Brioux [10] ; et enfin la motte des Marlonges, aux portes de Brioux.

La motte Tuffau, dont nous avons déjà signalé l’existence dans une notice sur des sépultures antiques et mérovingiennes [11], s’élève à mi-côte sur le penchant ouest d’une petite et étroite vallée, qui serpente au pied même de la colline, limitant de ce côté le bassin de la Boutonne ; elle est accompagnée, dans le sens du sud au nord-ouest, d’une longue bande de terrain qui, comme le tertre lui-même, nous parait être due, en grande partie du moins, à la main de l’homme, et destinée à offrir un lieu de refuge à une population. Nous croyons que cette annexe, qui est séparée de la butte par un large et profond fossé et qui se termine, au nord, d’une manière abrupte, a pu être appropriée à la défense du pays et remplir le rôle d’un oppidum. Du reste, ces questions, que nous ne pouvons indiquer en ce moment que d’une manière problématique, nous en aurons la solution avant peu : car nous avons obtenu la permission d’y faire exécuter des fouilles [12].

Quant à la partie placée au sud, qui longe la route et affecte la forme d’un bastion, nous pensons qu’elle ne date que du moyen âge, époque à laquelle le tertre devint, en effet, comme le dit Dupin, l’assise d’une tour féodale qui avait titre de châtellenie [13].

Tout autour de la motte Tuffau et de ce que nous appellerons son annexe, sont des prairies au milieu desquelles sourdaient plusieurs fontaines , maintenant presque toutes bouchées, qui formaient autrefois comme une défense naturelle et dont le trop-plein allait, comme on le voit encore aujourd’hui pendant l’hiver, rejoindre le cours de la Boutonne, au bassin de laquelle elles appartiennent.

A 300 mètres environ au sud-est commence une autre vallée, au sol également marécageux, au milieu de laquelle prend naissance le ruisseau de l’Osme, l’un des affluents de la Charente.

La motte Tuffau est, on le voit, placée au point de partage de ces deux bassins, à l’endroit où le passage devait être le plus facile par suite de l’écoulement des eaux [14], où, les obstacles naturels cessant , il fallait que l’homme en créât pour le défendre.

Ce qui confirme pour nous l’origine gauloise de cette butte et de son prolongement, c’est l’existence, à quelques centaines de mètres de là, dans le champ des Chirons et dans la plaine qui le sépare de Chef-Boutonne, d’un cimetière de la même époque, dont nous avons longuement parlé dans notre notice précitée. L’un était, ce nous semble, le corollaire de l’autre ; ils se confirment réciproquement.

Le deuxième tumulus, nommé aujourd’hui la motte de l’Épine [15], est désigné, sur un ancien plan du marquisat de Chef-Boutonne, sous le nom significatif de motte de Marconnay. Moins étendue que celle dont nous venons de parler, elle s’élève seule et isolée sur la même rive que la motte Tuffau. Comme cette dernière, elle est à peu près à mi-côte, et à l’endroit où la vallée arrive à sa plus petite largeur. Des traces de fossés se voient encore autour de son enceinte, et le talus presque vertical de sa pente rapide venait mourir au bord d’un chemin qu’elle domine, près du gué où l’on passait la Boutonne.

D’après notre vénérable confrère M. Rondier, de Melle, qui a étudié et relevé, pour ainsi dire, pas à pas, pied à pied, la voie romaine de Limonum à Audenacum, ce chemin aurait tous les caractères d’une haute antiquité, et il n’hésite pas à y reconnaître un de ces chemins gaulois auxquels les conquérants substituèrent leurs magnifiques voies, mais sans pouvoir faire perdre aux populations l’habitude, pour ainsi dire traditionnelle, de les fréquenter. Un fait assez remarquable, du reste, c’est que, si depuis Maisonnais on suit l’un et l’autre, on remarque sur le bord du chemin gaulois les chefs-lieux de cinq communes et plusieurs villages ou hameaux ; tandis que l’on ne trouve touchant à la voie romaine que la ferme de Lyé, Brioux, le village du Pontiou et la Villedieu-d’Aulnay. Disons encore que le chemin gaulois est beaucoup plus direct, et l’on comprendra que toutes ces raisons réunies attestent qu’il était plus suivi et que les populations devaient être déjà fixées sur ses abords-lors de la création de la voie romaine [16].

Dans le plan dont nous avons déjà parlé, ce détail n’est peut-être pas à omettre : on donne le nom assez singulier de voie Mourante à un autre chemin qui de Chérigné se dirige en ligne droite sur la forêt d’Aulnay, qu’il traverse pour aller à Saleignes. Ce chemin passe également au pied de la motte dont nous nous occupons.

Revenons un instant au nom de motte de Marconnay, donné autrefois à ce monument ; il. nous paraît caractéristique. Ce mot de Marconnay n’a aucune raison d’être, à notre connaissance du moins, pour les temps modernes ; il doit se rapporter à des époques bien antérieures à celles de notre histoire. Il signifie incontestablement que là étaient les marches, les confins d’un territoire, et, transmis ainsi d’âge en âge, il doit remonter jusqu’aux peuples qui l’ont construit.

Le troisième monument dû à la main de l’homme qui nous reste à signaler est la butte dite des Marlonges, sise dans le bourg même de Brioux. On remarque encore des terrassements garnis de glacis en face d’une plate-forme défendue par des cavaliers, isolée comme eux par de larges fossés, qui devaient emprunter les eaux à la rive gauche de la Boutonne, à quelques mètres de là [17].

Que cette butte ait été utilisée par les Romains ; qu’ils en aient fait un point fortifié, nous sommes disposé à le penser. Que le moyen âge ait suivi leur exemple, nous en avons la preuve dans une maison à tourelles féodales construite en ce lieu même. Mais nous ne pouvons nous empêcher de croire à son origine gauloise : sa position à l’extrémité de la vallée, au point où la Boutonne, épanchant ses eaux sur tout ce qui l’environne, devait former, comme nous l’avons dit déjà, un marais immense, indique qu’elle était placée là en vedette, surveillant l’embouchure de la Belle et de la Béronne et commandant leurs vallées, qui se déroulaient sur la rive opposée.

Un mot encore au sujet de ces trois mottes. Remarquons d’abord que toutes les trois sont placées sur la rive gauche de la Boutonne , l’une à la source, l’autre à peu près à égale distance de la première et de la troisième, au point le plus étroit de la vallée, au point où le terrain de ce côté-là n’offre aucune pente, tandis que, sur l’autre bord, il s’élève et la domine, près d’un gué qui facilite le passage, près d’un chemin qui paraît avoir été fréquenté depuis les temps les plus reculés ; enfin, la troisième à l’endroit où la Boutonne, changeant la direction de son cours, se dirige au midi, après avoir couru à l’ouest. Par suite de la configuration des contrées qui les séparent, ces trois mottes pouvaient très-bien se correspondre, soit par des feux, soit par de la fumée, comme l’histoire nous apprend que les Gaulois se télégraphiaient les nouvelles importantes. Quelle que soit leur origine, du reste, nous voyons entre elles une, telle corrélation, que nous ne pouvons attribuer leur construction qu’à une même pensée, soit religieuse, soit militaire.

 IV

Si, comme nous le croyons, nous avons prouvé ce que nous nous étions proposé : que la Boutonne, depuis sa source jusqu’à Brioux, a dû former, à une époque quelconque de la période gauloise, la frontière de deux peuples, dont les descendants se distinguent encore aujourd’hui, nous n’en restons pas moins en face d’un problème difficile à résoudre, celui de savoir quel est celui de ces deux peuples qui a élevé les trois monuments dont nous venons de parler.

Quel que soit l’usage auquel ces tumulus aient été destinés, il n’est guère probable que l’on puisse les attribuer au peuple de la rive droite, aux Pictons, par conséquent, lesquels, tout nous porte à le croire, les auraient plutôt établis en deçà qu’au delà de la rivière : c’est donc alors l’œuvre du peuple qui habitait au midi. Dirons-nous des Santons ? Mais, dans l’un comme dans l’autre cas, nous venons nous heurter à une difficulté qui, au premier abord, prend, pour ainsi dire, les proportions d’une impossibilité.

En effet, comme l’a dit d’Anville, il faut donner des raisons solides quand on avance que les confins des anciens diocèses de France diffèrent des limites des anciens peuples de la Gaule. Or la cité des Poitevins (civitas Pictonum) ayant formé le diocèse de Poitiers, et ce diocèse s’étendant au midi bien au delà des rives de la Boutonne, les frontières de la civitas devaient dépasser cette rivière.

Cela est vrai. Mais l’époque à laquelle on doit faire remonter la construction de ces tumulus n’est-elle pas de bien des années, de bien des siècles peut-être, antérieure à la conquête de la Gaule par César, à sa division en provinces et en cités, et ne peut-on supposer que, dans l’une de ces nombreuses guerres que les peuplades limitrophes se livraient sans cesse, celle du nord, les Pictons, si l’on veut, ont envahi ce territoire et poussé leur conquête jusqu’au point où se trouvent les limites que leur assignèrent les empereurs romains comme devant être celles de leur civitas ?

M. l’abbé Lacurie, dans un remarquable travail sur les Santons [18] trace ainsi les confins de ces peuples. De Niort, qu’il croit leur avoir appartenu, il indique la ligne de démarcation comme suivant la crête des hautes collines qui courent vers le sud-est en deçà d’Aunedonnacum jusqu’au Canentelos [19], un peu au-dessous de Sermonicomagus [20]. Des ruines nombreuses et imposantes, accusant des établissements considérables, existent à Bernay, Saint-Martin, Loulay, la Chapelle-Bâton, Saint-Julien, Matha, Sainte-Sevère, et il lui paraît difficile d’expliquer autrement ces ruines, échelonnées comme à dessein sur toute cette ligne ouverte aux incursions des tribus voisines.

Le docte Saintongeois s’éloigne, lui aussi, et bien sensiblement, du précepte de d’Anville : car nous voyons, par le pouillé de l’évêché de Poitiers dressé à la fin du XIIIe siècle par Gauthier de Bruges, que les dernières paroisses de ce diocèse étaient au sud : Beauvoir-sur-Niort, la Charrière, Saint-Martin-d’Augé, Blanzay, Saint-Georges-de-Longuepierre [21], Aulnay, Contré, les Éducts [22], Romazières, Chives, les Cours, Lupsault [23], Saint-Fraigne [24], etc. ; et toutes celles placées au midi dépendaient de l’évêché et par conséquent, plus anciennement, de la cité des Santons [25]. Ajoutons qu’il est regrettable que cet écrivain n’ait pas caractérisé d’une manière plus particulière la nature des ruines dont il signale l’existence et dont il s’étaye pour justifier son opinion ; qu’il ne fasse pas connaître à quelle époque, celtique ou romaine, on doit les faire remonter, quel est le peuple auquel il les attribue.

On ne peut supposer cependant que le savant antiquaire n’ait pas reconnu des restes de monuments gaulois dans ces ruines, dont il se sert pour déterminer les confins d’une peuplade gauloise. Admettons-les donc comme tels et comme contemporains de ceux dont nous venons de donner la description, et remontant, comme eux, à une époque bien antérieure à la constitution des Pictons et des Santons en civitates. Car, s’ils leur sont postérieurs, s’ils ne datent que de l’époque gallo-romaine, par exemple, leur existence ne peut être judicieusement opposée à notre hypothèse, contre laquelle nous ne voyons alors aucune raison plausible et historique à élever.

Il en est qui, ajoutant plus de foi aux preuves tirées de l’histoire que nous venons d’énoncer, — preuves plutôt négatives que positives cependant, — qu’à l’ensemble des faits que nous avons signalés dans nos paragraphes I, Il et III, consentent bien à accepter, à voir des limites dans le tracé de M. l’abbé Lacurie et dans le nôtre, mais seulement les limites des marches communes aux deux peuples.

Les Germains et les Gaulois, nous le savons, regardaient comme un honneur, comme un hommage rendu à leur bravoure, comme un témoignage de la crainte qu’ils inspiraient, d’avoir autour de leurs territoires une large ceinture de pays déserts et inhabités. Disons plus encore : à cette époque, cette lisière ne devait être qu’une immense forêt, dont celles de Chizé, d’Aulnay, de Chef-Boutonne et, sans vouloir descendre plus à l’est, les bois qui se voient encore dans la commune de Coutures-d’Argenson ne sont que les faibles restes. Les chartes du moyen âge, bien que rédigées à une époque incomparablement plus rapprochée de nous, témoignent encore de l’existence de cette vaste étendue de bois, qui se prolongeait jusque dans l’Aunis, où la forêt de Benon en est aussi un des derniers vestiges, et nous la voyons désignée dans les actes de cette époque sous les noms divers de Ariezhun [26], Argenti [27], Argenchum [28], Argenconicum [29] dernier nom que dom Fonteneau traduit par « forêt d’Argençon, aujourd’hui de Benon. »

En se reportant encore maintenant sur le terrain, et malgré de nombreux défrichements, on voit se dérouler la ligne suivie par cette mer de verdure. En effet, la forêt de la Foye-Montjault [30] se relie avec celle de Benon par les nombreux boqueteaux qui existent sur les communes de Saint-Saturnin-des-Bois [31], Priaires, Thorigny, Deuil, Belleville. Ceux de cette dernière commune touchent à la forêt de Chizé, qui, dans une vieille chronique manuscrite, se trouve indiquée sous le nom de nemus Argenti, à propos de la fondation de l’abbaye de Saint-Séverin [32]. La forêt de Chizé, distante seulement de 9 kilomètres de celle d’Aulnay, s’y rattache par les bois de Buffageasse, de la Villedieu et d’Ensigné. La forêt d’Aulnay touche à celle de Chef-Boutonne, qui n’est éloignée de Coutures-d’Argenson que de 4,500 mètres, espace en partie couvert de vignes remplaçant depuis peu d’années de nombreux bouquets de bois. Et ce nom de Coutures-d’Argenson nous paraît avoir ici une signification importante. On a toujours reconnu à ce mot de Couture ou Culture [33] le sens de défrichement. Quant à celui d’Argenson, il n’a dans le pays aucune signification historique, il ne répond à aucun souvenir seigneurial ou féodal ; mais ne serait-il pas le résultat de la tradition rappelant l’existence de cette forêt d’Ariezhun, que nous trouvons, en 1107, dénommée sylva de Argenconio, à la Foye-Montjault, et dont nous venons de suivre les sinueux contours ?

Cette manière de voir est peut-être exacte, et nous venons nous-même de lui prêter des arguments ; mais à ceux qui l’adoptent nous demanderons, comment il se fait que ces marches aient été peuplées exclusivement par les Santons ou autres peuplades, sans mélange avec les Pictons ; comment on peut expliquer cette tradition constante, cette différence dans la constitution physique et morale des habitants, cette diversité dans le caractère et les habitudes : questions des plus indiscrètes sans doute, car, après les avoir longtemps étudiées, nous ne voyons nul moyen d’y répondre ; mais dont on peut tout au moins tirer la conséquence que, si nous arrêtons les limites des Pictons trop au nord, M. l’abbé Lacurie fait descendre, lui, trop au sud celles des Santons. Et cependant la vérité doit être, non entre nous, mais du côté de l’un de nous, et, jusqu’à ce que l’on ait trouvé entre son tracé et le nôtre une ligne intermédiaire réunissant les mêmes éléments de probabilité que présente celui que nous venons d’exposer, nous nous permettons de persister à croire qu’à une époque quelconque de la période gauloise, la Boutonne a formé la frontière des Pictons et des Santons.

Heureux serons-nous, si nous pouvons appeler sur ce point l’attention des membres de la Commission de topographie des Gaules, qui, dans leurs travaux, ont dû maintes fois, comme nous venons de le faire, s’appuyer sur les monuments pour suppléer au silence de l’histoire.

 Pièces justificatives

I

Extraits de la Description géologique du département des Deux-Sèvres, par M. Cacarié, ingénieur des mines. (Mémoires de la Société de statistique, etc. de Niort, t. VII.)

L’oolithe inférieure forme le second étage du terrain jurassique ; on la trouve à l’est et au sud du département. C’est cet étage qui forme la grande plaine où se trouvent Niort et Saint-Maixent ; il est limité au nord par la ceinture liasique du Bocage, et au sud par les coteaux de l’oolithe moyenne ; à l’est et à l’ouest, il s’étend dans les départements de la Vienne, de la Charente et de la Vendée [34]

L’oolithe moyenne forme, au sud du département, une série de coteaux se détachant peu nettement de l’oolithe inférieure, qui constitue la plaine. Cet étage se compose de calcaires marneux, ordinairement schisteux, se divisant facilement en tables assez minces. Ce calcaire est assez dur, tenace, sonore. On y trouve aussi des calcaires compactes, gris de fumée, à cassure lisse, souvent caverneux et traversés de veines spathiques ; ils appartiennent à la partie inférieure de l’oolithe moyenne [35].

L’étude du terrain que nous venons de décrire nous montre qu’il n’existe pas de séparation bien tranchée entre les deux étages, l’oolithe inférieure et l’oolithe moyenne. Les accidents peu nombreux et peu importants qui ont dérangé de leur position horizontale les couches de l’oolithe inférieure ont aussi agi sur celles de l’oolithe moyenne [36].

Il y a plus de différence entre les caractères minéralogiques et zoologiques de ces deux étages qu’entre leurs positions. Nous avons décrit les calcaires qui les constituent, faciles à reconnaître après une première étude. Un des fossiles les plus abondants, et caractéristique de l’oolithe moyenne dans cette région, est la gryphée virgule [37].

Tableau indiquant, daprès M. Cacarié, les communes voisines ou riveraines du cours de la Boutonne, dont le sol est formé par l’oolithe inférieure ou par l’oolithe moyenne et celles qui se trouvent sur la limite de ces deux terrains, depuis Chef-Boutonne jusqu’à Brioux.

I

OOLITHE MOYENNE.

Rive gauche de la Boutonne.

Commune de

- Loubigné.

- La Bataille.

- Saint-Martin.

- Paizay-le-Chapt

- Ensigné.

II

LIMITES DE L’OOLITHE MOYENNE

et de l’oolithe inférieure.

Commune de

- Ardilleux,

- Chef-Boutonne,

- Fontenilles [38]

- Chérigné

- Asnières.

- Brioux

III

OOLITHE INFÉRIEURE.

Rive droite de la Boutonne

Commune de

- Loizé.

- Gournay.

- Teillou

- Fontenilles

- Lusseray.

Nous nous sommes étayé de l’opinion de M. Rondier à propos du chemin qui, se détachant de la voie romaine au village de Chastenet-le-Rond (commune de Saint-Vincent-la-Châtre), vient passer à Chérigné, au pied de la motte de l’Épine, et de là se dirige sur Aulnay par Ensigné. Nous allons résumer ce qu’en dit notre vénérable confrère dans son étude sur la voie romaine de Poitiers à Saintes, qu’il a étudiée pied à pied, qu’il a suivie pas à pas jusqu’à Brie, au-dessus d’Aulnay, point qu’il indique comme étant, sous la domination romaine, la limite des Santons et des Pictons.

« Ce chemin est évidemment l’ancien chemin gaulois qui, avant que la voie romaine de Saintes à Poitiers, soit venue traverser Brioux, conduisait bien plus directement de Rom à Aulnay. Cette ligne est encore reconnaissable sur la carte de l’état-major ; elle apparaît presque droite d’Aulnay à Ensigné (11 kilomètres), d’Ensigné à Chérigné (7,500 mètres) et de Chérigné à Luché [39] (600 mètres). C’est un lacis de chemins affectant tous cependant la même direction et convergeant tous vers la rivière. A partir de Luché, commence une seconde ligne, presque droite (12,500 mètres), venant, après avoir effleuré Tillou et traversé Maisonnais, se rallier, à la hauteur de Chastenet-le-Rond, à la voie romaine conduisant à Rom.

« Ce chemin, selon la tradition, servait aux sauniers à apporter le sel à Rom, et il est tellement situé dans la ligne droite que, guidé par les distances, Walkenaêr le prenait pour la voie romaine et appelait Chérigné le vieux Brioux. L’étymologie de ce nom de Chérigné ne serait-elle point carrus, chariot ?

« Sur cette ancienne voie de communication on trouve, en venant d’Aulnay, les villages de la Haute et Basse-Vacherie, Echarbot, la Fosse-Boisseau ; les bourgs d’Ensigné, d’Asnières, de Chérigné, de Luché, de Tillou ; les villages de la Pagerie, de la Croix, la Roche-de-Lyé et le bourg de Maisonnais ; tandis que la voie romaine a ses abords pour ainsi dire déserts : on n’y voit que le bourg de Maisonnais, le village de Lyé, le bourg de Brioux, le hameau du Pontiou et le bourg de la Villedieu-d’Aulnay. C’est une nouvelle preuve de l’ancienneté du chemin, de son existence antérieure à la création de la voie. Car on ne peut croire que les populations seraient venues s’établir sur son parcours, s’il eût été même contemporain ; la voie romaine était plus commode, et tout le mouvement administratif et militaire devait s’y opérer. »

III

Motte de l’Épine.

Dans son travail sur la statistique des Deux-Sèvres, M. le baron Dupin, préfet de ce département, dit, à propos de la motte de l’Épine : « On remarque une butte en terre autour de laquelle on a creusé des fossés. Cette butte est parfaitement ronde et élevée de plus de 6 mètres. Sur le sommet est un bassin de la profondeur de 3 mètres ; dans une fouille faite au centre de ce bassin, on a trouvé cette inscription : Dieu a permis que tout fut découvert. Ce qui fut n’est plus.

« Il paraît que cette inscription fut gravée et enfouie, en 1793, par deux personnes de la commune de Chérigné (au rapport de M. Eymer, ancien maire de cette commune). Dans quel but ? On l’ignore. »


[1M. Chéruel, entre autres, dans le discours d’ouverture de son cours de géographie à la faculté des lettres de Paris en 1858.

[2Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, année 1862 , t. XXVII, p. 87 et suiv.

[3Mémoires de la Société de statistique des Deux-Sèvres, t. VII, p. 197.

[4Voir au tableau n° 1 la coupe de terrain que nous avons extraite de ce travail et la conférer avec la carte ci-jointe. Consulter aussi la Statistique du département des Deux-Sèvres, par M. le baron Dupin, notamment p. 123, 125, 127.

[5Nous devons excepter les riverains de la Boutonne, surtput ceux qui habitent les environs de Chef-Boutonne ; les nombreux points de contact qu’ils ont ensemble, les alliances fréquentes qui, depuis longues années déjà, ont mélangé leur sang, effacent sensiblement tout ce qu’ils pourraient avoir de tranché. C’est un fait qui existe sur presque toutes les frontières.

[6Caput Wultonae. (Charte de l’an 1051.)

[7Vers le logis de la Varenne, commune de la Bataille.

[8Pour retrouver des monuments de ce genre, il faut se reporter sur la rive droite de la Sèvre, depuis Bougon jusqu’à Saint-Maixent, ou dans la commune de Limalonges, près de la station de Civray, sur le chemin die fer de Bordeaux, où existe le beau dolmen dit la Pierre-Peze.

[9M. Rondier a cru reconnaître dans ce mot de Tuffau l’existence dlune garnison de Teïfaliens. On sait que, sous la domination romaine et même sous les Mérovingiens, cette tribu guerrière avait des cantonnements en Poitou et qu’ils ont laissé leur nom à la ville de Tiffauges, comme marque de leur passage.

[10A 7,400 mètres de Chef-Boutonne et 5,500 mètres de Brioux, à vol d’oiseau.

[11Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, année 1864, t. XXIX.

[12Voici ce que l’on trouve sur la motte Tuffau dans la Statistique du département des Deux-Sèvres, p. 100 : « On remarque les débris d’un vieux château enseveli sous ses ruines, entouré de douves ; il est connu sous la dénomination de la Motte-Tuffau, placé entre deux collines et dominant principalement Chef-Boutonne, Ardilleux et les lieux d’alentour ; il a environ 600 à 700 mètres de diamètre. »

[13Aveu de la baronnie de Chef-Boutonne, du mois de novembre 1662.

[14Nous croyons devoir faire la remarque, sans portée peut-être, que les parties qui bordent l’extrémité nord de la langue de terre qui accompagne la motte Tuffau portent le nom de prairies des Iroizes. Ce mot, qui n’est point patois, qui n’a aucune signification connue, serait-il gaulois ? C’est à coup sûr ce que nous ne nous permettrons pas de décider.

[15Du nom d’un moulin à eau situé sur là Boutonne, à environ 600 mètres.

[16Voir, au numéro II de nos pièces justificatives, l’opinion de M. Rondier.

[17M. Rondier, ouvrage cité.

[18Bulletin monumental, t. X.

[19La Charente, d’après le géographe Ptolémée.

[20Charmé, commune du département de la Charente, arrondissement de Ruflec, canton d’Aigre.

[21Ce nom de Longuepierre ne peut-il faire croire à l’existence en ce lieu de quelque menhir aujourd’hui détruit ?

[22En latin Aquae Ductus, sur la voie romaine qui, d’Aulnay, se dirigeait sur Limoges.

[23En latin Lupi Saltus. Ce bourg est situé sur la rivière de l’Osme et son nom indique sans doute un passage à gué difficile et étroit.

[24Sur la voie romaine d’Aulnay à Limoges.

[25Pouillé manuscrit de l’évêché de Saintes par M. l’abbé Lacurie.

[26Vers 1036 : don de quelques parties de la forêt d’Ariezhun à l’abbaye de Saint-Maixent. (Manuscrits de dom Fonteneau, t. XV, p. 233.)

[27Nemus Argenti, 1069. (Besly, Comtes de Poitou, p. 474.)

[28Argenchum, forêt de Benest (Benon) en Aunis. (Dictionnaire latin-français de quelques noms de lieux du Poitou, par Dufour, manuscrit.)

[291107. Confirmation par Guillaume X, duc d’Aquitaine et comte de Poitou, à l’abbaye de Montierneuf, de son droit d’usage dans la forêt de Argenconio. (Manuscrits de dom Fonteneau, t. XXVII bis, p. 759.) Le savant bénédictin ajoute en note : « nemus de Argenconio, aujourd’hui forêt de Benon. »

[30Les bois de la Foye-Montjault, dans lesquels l’abbaye de Montierneuf de Poitiers avait encore des droits d’usage au moment de la Révolution, doivent être ceux qui sont désignés sous le nom de Nemus de Argenconio dans la charte de 1107 précitée.

[31Ce nom de Saint-Saturnin-des-Bois indique l’abondance des bois qui ont existé dans cette commune, limitrophe de la forêt de Benon.

[321069. Monasterium Sancti Severini canonicorum in nemore Argenti.(Besly, Comtes de Poitou, p. 474.) Saint-Séverin, aujourd’hui commune du département de la Charente-Inférieure, arrondissement de Saint-Jean-d’Angely, était une abbaye de l’ordre de Saint-Augustin ; elle se trouve à l’extrémité sud de la forêt de Chizé dont elle n’est, encore aujourd’hui, éloignée que de 800 à 900 mètres.

[33Nous trouvons cette localité mentionnée en 1025 : Villa ad Culturas in vicaria de Rufiaco. (Dom Fonteneau, t. VI, p. 585.)

[34p. 245

[35p. 247

[36Page 248.

[37Page 248.

[38Nous plaçons Fontenilles dans les colonnes II et III à cause de la note de M. Cacarié ainsi conçue : « Fontenilles, oolithe inférieure ; la limite de l’oolithe moyenne passe près de Fontenilles, de l’autre côté de la Boutonne.* (P. 270.)

[39« J’aurais dù faire remarquer que Luché rappelle les lucs, bois sacrés des Gaulois, et dire qu’à Luché, dans un tombeau, on a trouvé une statuette de bronze doré d’Hercule, que je possède. » (Lettre de M. Rondier du 10 mars 1867.)

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