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Histoire de la terre de Saint-Maigrin (17), de son château et de ses étangs

vendredi 24 décembre 2010, par Pierre, 8989 visites.

Bâti dans le grand sud boisé de la Saintonge, aux confins des landes de Gascogne, le château de Saint-Maigrin (17) semble sorti d’un conte de fées. Nous en voyons aujourd’hui une version moderne (1860-1869). Avec ses moulins et ses étangs poissonneux, il mérite une découverte par les passionnés d’histoire et de patrimoine.

Source : Les étangs et la terre de Saint-Maigrin d’après les documents historiques de A. Voyé et G. Gélézeau, aimablement communiqués. - L’Arbre et l’Eau – XXIe congrès annuel (1932) de la société Gay-Lussac – Limoges - 1933

Voir, datés du 14 février 1694 et du 30 mars 1726, un procès-verbal d’adjudication et un bail de ferme des étangs de Saint-Maigrin.

 Les étangs et la terre de Saint-Maigrin d’après les documents historiques

La terre de Saint-Maigrin appartenait avec le titre de Seigneurie à la maison d’Archiac dès avant le XIe siècle.

Sa situation sur une grande voie romaine, son importance comme lieu fort et place frontière motive la recommandation du roi de France de la tenir en état et l’on voit à l’époque terrible de l’invasion des barbares ses troupes se replier devant les hordes du Nord et s’enfermer dans les lieux forts pour s’y défendre et laisser le torrent s’écouler, invasion des Normands d’abord, alternatives de succès et de revers de la guerre de Cent Ans, puis, de la guerre civile dite de religion. En 1570, la vieille forteresse réputée naguère imprenable ne peut tenir devant les canons et couleuvrines de l’époque.

Le château de Saint-Maigrin
Photo P. Collenot - 2007

Sur le mamelon que l’on nomme encore le Fort, le marquis de Saint-Maigrin creusa les fondements d’un château Renaissance, les douves particulièrement profondes, larges de vingt pieds, furent dégagées et réparées, un vaste étang défendait l’accès du château où l’on entrait par l’ancien pont-levis rétabli [1].

La nouvelle demeure, avec ses tours, pavillons et donjon, faisait bonne figure parmi les maisons seigneuriales de cette époque.

En 1693, les de Quelen, seigneurs de Saint-Maigrin, très répandus à la cour, prennent de jour en jour une place plus grande près du roi, ce qui les oblige à faire leur résidence à Paris. Le château, délaissé pendant de longues années, commence à sentir les atteintes de la ruine ; les terres, les étangs et les bois que l’œil du maître ne surveille pas voient décroître sensiblement leurs revenus.

En 1738, M. de la Rochefoucault voulut en faire l’acquisition et « un état de la terre de Saint-Maigrin » lui fut présenté.

Nous en extrayons les passages suivants :

« C’est l’une des quatre premières et plus anciennes châtellenies de Saintonge ; les seigneurs ont pris depuis très longtemps la qualité de vicomtes, de comtes, puis de marquis, titres qui leur ont été donnés dans plusieurs lettres patentes de S. M. 

 » C’est une des plus belles terres de France pour la chasse et pour la pèche, le gibier et le poisson étant merveilleux. Elle a plusieurs étangs, dont l’un a une demi-lieue de long avec plusieurs grandes manches ; elle a une forêt et une garenne d’environ 40 jx.

« Son château est grand, logeable et ayant des grands fossés, pont-levis et, devant, une grande esplanade garnie d’allées de petits marronniers d’Inde, etc..

 » Suivent les droits et devoirs ; revenus des paroisses dud. marquisat, fermes des moulins, ateliers des tuileries, prés et champs, bois, taillis, forêt (la pêche des grands et petits étangs, par an 1.000 livres au moins). »

La terre de Saint-Maigrin ne fut pas achetée, l’on peut croire que le délabrement du château en fut cause.

La force naturelle que mettait à la disposition de la population industrielle de Saint-Maigrin la petite rivière formée par l’étang, n’avait pas été négligée, et des moulins avaient été construits sur le parcours du ruisseau.

Tous les moulins de Saint-Maigrin appartenaient au seigneur qui les avait fait installer. Peu à peu les fermiers devinrent propriétaires et ne rendirent plus que les devoirs seigneuriaux, c’est-à-dire la rente foncière.

Dans un cahier des charges, le Grand Moulin est ainsi décrit :

« Dessous les appartements sont placés deux moulins à eau ; le premier, du côté nord, faisant farine, tournant par une roue qui prend l’eau en dessus, l’autre au midi, faisant farine et huile, tournant par une même roue qui prend aussi l’eau par-dessus, lesquels moulins sont assortis de leurs ustensiles et apparaux... au midi de cette maison, et y joignant, sont placés les moulins à drap, nouvellement construits à neuf, ayant quatre meules, qui jouent par une même roue qui prend l’eau au-dessus. Un four à cuire le pain et un chenil à vin joignent le moulin à drap ; par dessus le moulin à drap, une chambre et deux petites pour les pêcheurs, et un vaste grenier.

 » Ces moulins sont alimentés par le Grand Étang, qui est en face, et au moyen de deux empellements et deux aqueducs, qui traversent la chaussée. »

Le 22 mars 1768, Hommeau, notaire, cède sa portion de moulin, terres et prés en dépendant, à Hommeau, chasseron (domestique de meunier, chargé de porter farine chez le client), pour faire valoir le dit moulin à moitié fruits.

Vallade tenait en ferme les grands moulins, vers 1780. D’après un mémoire des paiements qu’il fit pour les réparations des grands moulins de l’étang du marquisat de Saint-Maigrin, « comme fermier d’iceux ».

Le commerce dos meuniers consistait à revendre le froment et la méture qu’ils prélevaient sur leurs clients à raison de trois livres par boisseau, plus deux livres par sac pour la peine.

Les grands moulins pouvaient moudre deux mille boisseaux, les autres quinze, cents chacun et faire douze cents livres d’huile de noix.

L’eau des étangs, dont la meunerie tirait grand profit, permettait encore de donner à l’industrie des cuirs et parchemins, une réelle importance.

Le chanvre passait chez le tisserand, puis au foulon du Grand Étang et de là chez le tailleur d’habits.

Plus terrible que l’artillerie de 1570, la Révolution renversa d’un souffle, et dispersa les restes de ce oui avait été l’incomparable féodalité française.

La Convention répondait par des vols et des actes de vandalisme, aux généreuses et folles largesses qui avaient, dans la journée du 4 août 1789, fait disparaître les derniers restes de la féodalité et inauguré une ère nouvelle. Après leurs privilèges que le clergé et la noblesse avaient abandonnés avec tant de patriotisme et d’entrain, ils gardaient leurs biens. C’était trop encore, la Convention y mit bon ordre ; et après la vente de leurs biens, il leur restera la vie ; mais la Convention sera là pour y pourvoir, elle dressera la guillotine.

En 1790, par ordre du représentant du peuple, la municipalité de Saint-Maigrin invite les propriétaires de biens-fonds, à ensemencer toutes les terres et projette d’assécher le Grand Étang et de le mettre en culture. Les tentatives ne furent abandonnées que devant l’impossibilité de réussir. Le 14 floréal, an III, de la République, Jacques Lallis, tailleur de pierre, se rend acquéreur du château et de ses dépendances, pour le démolir, son lot est distribué en sept parts.

Afin d’en amener plus vile et plus complètement la ruine, il est rasé jusqu’aux fondements et les débris partagés.

Le 8 frimaire de la même année, sont affichés et criés le Grand Moulin et ses dépendances ; il n’y eut pas d’acquéreur. L’étang d’Henri, le Grand Étang, furent partagés en lots égaux, entre trois cultivateurs qui les tirèrent au sort. Le 11 thermidor, an IV, Joubert de Borosse acheta aux biens nationaux : 1° les fosses plates de l’étang Barbet ; 2.° l’étang Barbet. La forêt resta bien communal

L’on voit comment peut s’accomplir le dépècement de ces immenses propriétés, lentement formées dans le cours des siècles, sous l’influence et la sauvegarde des lois féodales.

Le château de Saint-Maigrin
Photo : P. Collenot - 2007

 Reconstitution de la Terre de Saint Maigrin

Par décret du 3 novembre 1807, commence la reconstitution de la terre de Saint-Maigrin.

Extrait des minutes de la secrétairerie d’État

Contentieux des Domaines.
Bureau. — N° 1.

Du Palais de Fontainebleau, le 3 novembre 1807.

Napoléon, empereur des Français, roi d’Italie et protecteur de la Confédération du Rhin, sur le rapport de notre ministre des Finances, nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

- Art. I. — Le séquestre existant sur les bois de Calonges, département de Lot-et-Garonne, de la contenance de trois cents hectares, sur les bois de Saint-Maigrin, département de Charente-Inférieure, de la contenance de cent soixante-dix hectares, et sur les deux étangs, contenant environ, l’un cinquante, l’autre six hectares, ainsi que sur les deux moulins en dépendant, situés à la proximité des dits bois, est levé.

- Art. II. — Le seigneur Paul de la Vauguyon, fils, sera mis en possession des dits biens, pour en jouir en toute propriété et conformément aux lois et règlements sur l’administration forestière.

- Art. III. — Notre ministre des Finances est chargé de l’exécution du présent décret.

Signé : Napoléon, par l’Empereur.
Le ministre, secrétaire d’État, signé : Huguet.

La propriété, ainsi remise par décret impérial, entre les mains de Paul-Yves-Bernard de Quélen de La Vauguyon, était d’une contenance totale de deux cent douze hectares soixante-un ares trente-trois centiares.

Elle comprenait : Le Grand Étang, une maison d’habitation, de plein-pied avec la chaussée. Les moulins, alimentés par le Grand Étang, ainsi que les moulins de drap, nouvellement construits. Le vieil étang, d’une contenance de 6 hectares ; la tuilerie de l’étang Barbet, avec deux ateliers. La forêt, enfin, diverses pièces de terres et prés.

Cette énumération montre le désastre subi par la terre de Saint-Maigrin pendant la Révolution. Il ne reste que ce qu’il fut impossible de vendre.

En 1824, la terre de Saint-Maigrin appartenait à Mme de Quélen de La Vauguyon, alors princesse de Carignan, et bien des pièces, acquises de la Nation, avaient été rachetées par elle.

Par acte passé devant M" Dariaud, notaire à Barbezieux, le 30 août 1825, le duc de La Vauguyon avait donné, à titre de bail à ferme, pour neuf années dix mois, les Grands-Moulins, avec les « apparaux » et ustensiles servant à leur exploitation, ainsi que le pré de Beau-Chêne et les queues du Grand et du Vieil Étang, formant des nauves ou prés, pour la nourriture ou la litière des bestiaux, moyennant le prix de neuf cents francs par année.

Le Grand-Étang était affermé pour la somme de huit cents francs par an, la forêt pour deux mille quatre cent dix francs par an.

En 1827, M. le duc de La Vauguyon père avait acquis, avec des terres et prés, le fossé y attenant et qui sert à l’écoulement de l’eau du Grand-Étang par le déversoir, qui avaient été séquestrés sur la tête de M. le duc de La Vauguyon, lors émigré.

Quand il passa ces différents actes et jusqu’à sa mort, le duc de La Vauguyon, qui voyait se reconstituer, pièce par pièce, le vieux domaine féodal de Saint-Maigrin, ne prévoyait pas, sans doute, le jour prochain où sa terre, définitivement cette fois, passerait en des mains étrangères.

Il mourut le 15 mars 1828 ; sa fille, la princesse de Savoie-Carignan, mourait moins d’un an après, laissant des mineurs dont le tuteur, le prince de Beauffremont, fut autorisé à provoquer la vente par licitation des immeubles dépendant de la dite succession.

A l’audience des criées du 8 juin 1833, M. Jules-Marie-Désiré de Raisnes, propriétaire, demeurant à Château-Bourdon (Somme), devint adjudicataire de la terre de Saint-Maigrin. Elle ne fut en ses mains qu’une terre de rapport et resta, de 1833 à 1859, dans l’état où son nouveau propriétaire l’avait prise.

Le château de Saint-Maigrin
Cliché de M. de Puytison

 Le nouveau château de Saint-Maigrin

L’ancienne forteresse féodale avait succombé sous les coups des guerres de religion.

Le somptueux manoir, la maison noble, qui remplaçait la force par l’élégance et le confort, avait croulé à son tour quand vint la tourmente.

Mais, au vandalisme révolutionnaire avaient résisté les deux perles de l’antique seigneurie : l’étang et la forêt. La forêt à moitié sauvage, l’étang aux flots toujours calmes, réclamaient la présence de l’homme dans cette splendide solitude, pour l’exploiter et l’embellir. Une femme, Mme de Lestranges, sentit d’abord et sut ensuite comprendre cet appel secret des beaux sites.

Elle prit de la forêt ce qu’il faut pour un parc presque royal et, laissant le reste au noble exercice de la chasse, elle résolut d’offrir à ses invités un rendez-vous digne de l’illustre nom qu’il devait porter, « le château de Saint-Maigrin ».

Bâti en 1860 sur le versant du petit coteau qui, au nord, borde le Grand Etang, le château de Saint-Maigrin. de construction gracieuse, mais de petite dimension, n’était qu’un rendez-vous de chasse, comme le marquent les sculptures où ont été multipliées les tètes de chiens, de loups, de renards ; l’ensemble est de grande distinction.

Après avoir acquis la terre de Saint-Maigrin, en 1869, M. Edouard Martell, alors député de la Charente, puis sénateur, par un heureux mélange de contrastes, sut réaliser l’adjonction d’une construction de même dimension à cette première partie du château.

En même temps que les terres de ce magnifique domaine quadruplaient d’étendue, la distillerie de Saint-Maigrin et ses succursales étaient en pleine activité.

Nous avons dit que l’étang est la perle de cette merveilleuse terre de Saint-Maigrin, où le parc, la forêt, le château ont des allures de résidence royale. Quelle résidence royale, en effet, possède l’équivalent de l’étang de Saint-Maigrin ? Elle est vraiment unique, cette pièce d’eau, dans l’encadrement de sa forêt, de ses pelouses, de ses bosquets, d’où s’élancent les pignons blancs et les toitures bleues de son château, parmi les corbeilles rouges et jaunes qui sèment leurs fleurs sur la verdure claire des pelouses ou sous l’ombre chaude des futaies.

Il serait étonnant que l’on n’entendit pas par ces allées larges et hautes comme des nefs de cathédrale et dans le concert des oiseaux, qui donne à cette solitude l’illusion d’une vie intense, la voix de quelque poète traduisant les bruits du présent ou évoquant le passé et les vieux récits. Les poètes ne manquent pas en effet dans cette nature faite pour les inspirer. Celui-ci nous donne une jolie reproduction littéraire de la kermesse de l’Étang de Saint-Maigrin : il se nomme Rosario :

« Avez-vous été à la frairie de Saint-Maigrin ? Elle fut superbe, bien que sous un ciel légèrement estompé à la mine de plomb. Eh ! quel voile nuisit jamais au gai sourire de nos belles Saintongeaises, à une heure de plaisir ?

 » Si nous considérons celte foule compacte, élégante, correctement joyeuse, ne croyons-nous pas assister à une fête de Sèvres, de Neuilly, de Saint-Cloud ?

 » Certes, mais il est là pour nous rappeler à la réalité, ce bel étang que nous envie la banlieue parisienne, ce lac de Saint-Maigrin déroulant à nos pieds son immense nappe de moire bleue et s’encadrant d’une antique forêt encore à demi-vêtue de son manteau de nankin dont les trous vont sans cesse s’élargissant ; de cette bonne druidique forêt qui envoie son rouvre, au loin, réchauffer les chaumières d’où, avec la flamme vivifiante et les gaies étincelles, maintes bénédictions s’envolent vers les généreux châtelains.

« Visitons les principales attractions, elles sont nombreuses : d’abord le pesage encombré par des gourmets accourus de dix lieues à la ronde. Contemplons ces brochets monstres, ces carpes qui donneraient des coups de pieds (s’il est permis de s’exprimer de la sorte quand il s’agit de poissons) aux orgueilleuses douairières des réservoirs de Fontainebleau. Milliers et milliers de kilogrammes de marée prise dans nos ondes saintongeaises ne sauront satisfaire toutes les demandes. Pauvres Watels !

 » Plus loin, c’est le bal : sauts, entrechats, chassés ; les fronts ruissellent, on s’écrase, on rit, on s’amuse. Heureuse jeunesse ! Voici le café Barreau, la loterie Turbiteau, où l’on gagne, à tous coups, du sucre d’orge digne de l’illustrissime Pons ; les tirs Martin, Castels, le tir à maman Richard, très courus par nos jouvenceaux doués d’une surprenante adresse.

 » Entrez au restaurant Petit, genre bouillon Duval. Là, sous une vaste tente, des naïades servent une friture supérieure à la friture de Suresnes ; des anguilles aussi délicates que les anthropophages murènes de Lucullus et, tandis qu’au dehors les bouvreuils reprennent leurs tendres cantilènes, ici les œillades s’allongent et s’alanguissent...

 » Coquin de printemps !

 » Enfourchons les chevaux Rabotin, succès, assaut ! M. Rabotin doit être ou deviendra millionnaire, car, en fait de manège, il touche à la perfection. Pénétrons enfin dans la fourmilière de promeneurs, admirons le château agrandi, merveilleusement restauré, et si nous rencontrons encore quelques beaux équipages, nous penserons être en plein bois de Boulogne, au pied de la cascade, autour du lac, un jour sélect... »

Cet autre, donne un aspect d’un jour de pêche.

« Les plaisirs de la chasse à peine terminés, voici que la pêche des étangs réunit comme autrefois les habitants de toute la contrée... La pièce d’eau où les poissons-se trouvent en réserve forme une large cuvette. Sur les bords comme sur les gradins sont étages amateurs et curieux... et l’on devine les exclamations d’admiration qui sortent de toutes les bouches quand les magnifiques pièces viennent nombreuses se rendre à merci pour le grand bonheur des gourmets. Vingt, trente hommes sont là manœuvrant sous une habile direction.

 » Et l’esprit, remontant le passé, entrevoit l’importance de cette même fête, organisée depuis des siècles, quand les Stuer de Caussade, les Quélen de la Vauguyon, seigneurs de Saint-Maigrin, convoquaient, autour de leurs cinq étangs, manants, vilains, bourgeois, clergé, magistrats, nobles de la seigneurie et de la région. L’adjudicataire de la pèche était toujours un personnage traitant avec le seigneur devant un notaire et se réservant de fournir le vin en même temps que le poisson... »

Voir, datés du 14 février 1694 et du 30 mars 1726, deux documents, exactement résumés, qui sont à la fois un procès-verbal d’adjudication et un bail de ferme des étangs de Saint-Maigrin.

Peu de terres, sans doute, sont, restées près de mille ans dans la même famille.

Le nom de Saint-Maigrin apparaît lié d’abord à celui de l’illustre maison d’Archiac et, enfin, aux maisons de France, d’Espagne et d’Italie. Il se perpétuera, à la basilique de Saint-Denis et au Louvre, parmi les illustrations de France.

Les Martell et leurs successeurs ont occupé dans le commerce, l’industrie et la politique, une place non moins considérable.

En prenant possession de la terre de Saint-Maigrin, acquise en 1869 du vicomte Frédéric de Lestrange, M. Edouard Martell ne se proposait pas uniquement de relever une de ces vieilles résidences qui furent, sous l’ancien régime, pour une large part, la beauté de la terre de France ; il voulait aussi rendre utile à une population laborieuse le voisinage d’une grande fortune.

L’adjonction d’une distillerie au château de Saint-Maigrin fut mieux qu’une habile spéculation, ce fut la réalisation de l’idée vraiment sociale qui n’admet l’opulence qu’en compagnie du travail et n’autorise la richesse qu’avec la bienfaisance.

 Notes

Les belles formes de l’Etang de Saint-Maigrin, son étendue, ses abords riches et gais, en font l’un des charmes particuliers de la région.

Le fond en est de grison imperméabilisé, revêtu d’une épaisse couche de sable gras. Alimenté par le Tâtre, dont le cours en amont mesure seulement quelques kilomètres, il recueille les eaux des nombreuses sources et petits ruisseaux dont il est entouré. Un bateau, du système « l’Auvergnat », est utilisé pour son faucardement.

Très poissonneux, il renferme des carpes, tanches, brochets, anguilles, poissons blancs, gardons, perches communes et perches soleil. Des tortues, originaires des étangs à eau saumâtre des dunes de Gascogne, auraient été importées dans la région de Double de Saintonge, par M. de, Lestrange. Ces chéloniens, à la carapace verte et noire, assez plate, seraient de gros destructeurs de poissons, s’attaquant de préférence aux tanches qu’elles dévorent à moitié.

La dernière vidange de l’Étang de Saint-Maigrin date de février 1922 ; depuis, son exploitation normale a été sacrifiée au profit de la pêche. Les petits étangs, qui servaient à l’alevinage, sont suffisants pour assurer l’empoissonnement, et le « Vieil Étang » (6 hect.), se déversant dans le grand avec des eaux différentes, est particulièrement bien disposé pour la production de nourrains.

Tout en profitant des progrès réalisés par la sélection moderne, il serait dans l’ordre naturel de voir le bel ensemble piscicole de Saint-Maigrin revenir à l’exploitation rationnelle d’autrefois, pour laquelle il avait été créé et savamment agencé, le propriétaire y gagnerait des revenus, la population sa kermesse, les étangs de la fertilité.

R. du Puytison.


[1Avant 1678, M. de Saint-Maigrin devait au prieuré des Alletez une rente de 63 boisseaux de grain pour la partie du grand Étang qui avait remplacé un domaine cultivé.

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