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1783 - Cognac (16) : productions et fiscalité - une vache à lait royale !

mercredi 6 janvier 2010, par Pierre, 964 visites.

Dans l’Encyclopédie Panckoucke de 1783, partie "Économie", la description de Cognac montre ce qui est devenu une aubaine pour les finances royales : au bas mot 426.600 livres de droits indirects par an. A peu de chose près ce que rapportait, à la même époque, l’impôt direct de la taille sur les habitants de la généralité de St Jean d’Angély. Cognac, une vache à lait royale ?

Source : Encyclopédie Méthodique Panckoucke "Commerce" - Paris - 1783 - Books Google

A propos de la fiscalité sous l’Ancien Régime, voir ici - A propos de la "Traite de Charente", voir ici

 COIGNAC ET SON ÉLECTION.

La ville de Coignac & son élection, est composée dans sept â huit lieues de circuit, de 149 villes, bourgs, paroisses, villages, châtellenies, & hameaux ; toutes les terres sont labourables, vignes, prés & bois d’un bon rapport. L’on n’a pas jugé à propos, crainte d’ennuyer le lecteur, de rapporter par détail les noms de toutes ces villes, bourgs, & paroisses, il suffira pour la satisfaction du public , de sçavoir le grand commerce qui se fait chaque année d’eau-de-vie & de vin dans cette ville & son élection.

Il se recueille, année commune, dans l’élection de Coignac, deux cent mille bariques de vin propre à brûler, qui font cinquante mille tonneaux, qui doivent produire 13400 pipes d’eau-de-vie de trois bariques. Chaque pipe que l’on appelle vulgairement sur le lieu, pièce de trois bariques d’environ 81 veltes, quelquefois plus ou moins, parce qu’il y a des pièces qui contiennent jusqu’à 90 veltes ; d’autres 75, 78, 80 & 85 veltes : l’on compte toujours que le produit ordinaire est de plus de quarante mille bariques, qui contiennent chacune 27 veltes d’eau-de-vie.

Lorsque l’année est abondante, ce produit peut augmenter considérablement & même doubler cette quantité.

Il y a des années que les vins sont foibles : en ce cas il faut six bariques de vin pour en faire une d’eau-de-vie de 17 veltes. Il est rare de faire une barique d’eau-de-vie avec quatre bariques de vin ; si les vins sont passablement bons, neuf bariques de vin font deux bariques d’eau-de-vie de 27 veltes.

L’eau-de-vie de Coignac est supérieure & plus estimée que toutes les autres : les étrangers en font charger a Charente [1] chaque année de 24 à 27 mille bariques.

Lorsque les vignes de la rivière de Loire manquent, il s’en voiture de grandes quantités par terre à Châtelleraut pour la route de Paris, & même pour la Flandre dans le temps de guerre ; mais dans celui de paix toutes les eaux-de-vie de Coignac & des environs, destinées pour l’étranger, se chargent par mer à Charente, sur les vaisseaux de plusîeurs nations, ou à fret sur des bâtimens François.

Il se tient à Coignac tous les samedis de chaque semaine, un marché pour la vente des eaux-de-vie ; tous les marchands & brûleurs s’y assemblent pour faire ce commerce : en 1728 la barique d’eau-de-vie de 27 veltes, valoit 80 l. dans les magasîns du vendeur.

 Droits que payent les eaux-de-vie de Coignac

NDLR : Les mesures de l’élection de Cognac sous l’Ancien Régime





- la pinte : 0,9313 l. (L’image ci-contre représente vraisemblablement une pinte de Cognac de la fin du XVIIe siècle. Elle est en cuivre, et sa capacité est de 0,93 l environ.)

- La velte : 7,4506 l

- La barrique : A Cognac, la barrique dite "ancienne" est de 28 veltes, soit 208,617 l.
Mais une tolérance de +/- 1 velte était admise, tolérance qui a eu comme conséquence que les fabricants de tonneaux faisaient des barriques se rapprochant le plus possible de 27 veltes, dont le contenu réel (201,166 l) était vendu pour le prix de 28 veltes (208,617 l).
Au 19ème siècle, la barrique de Cognac était réputée contenir 27 veltes.

- La pipe : 465,65 l

En savoir plus sur les poids et mesures en vigueur en Saintonge, Aunis et Angoumois

Les nouveaux droits d’une barique d’eau-de-vie de 27 veltes ou de 216 pintes, sont de 1 l. 1 s.

Le droit de revente est de 15 s.

Si la barique d’eau-de-vie séjourne plus d’un jour dans le lieu où elle est transportée, 1 l. 4 s. 9 d.

Enfin, l’eau-de-vie doit le droit de vente à chaque mutation de main, à moins que celui qui la charge, ne prouve, qu’elle est faite du vin de son crû, & que ce soit pour son propre compte qu’il l’envoye.

Chaque barique d’eau-de-vie, qui se charge à Charente, paye au bureau des traittes, 15 l. 16 s.

De manière que s’il se charge seulement à Charente chaque année 27 mille bariques d’eau-de-vie de Coignac, le droit seul de l5 l. 16 s. par barique produit au roi par année 426600 l.

L’élection de Coignac produit encore, année commuue, 2500 tonneaux de vin de grande, moyenne & petite borderie ; il s’en recueilloit autrefois une plus grande quantité, mais le grand hiver de 1709, a fait mourir les plus anciennes vignes qui étoient celles qui produisoient le meilleur vin de cette qualité, & depuis ce temps ils ne sont pas aussi bons qu’ils l’étoient auparavant.

C’est dans les paroisses de Richemond, Javresac & Saint-Laurent, qu’on recueille tous les ans environ 800 tonneaux de vin de grande borderie ; lorsqu’ils sont doux & bons, ils se chargent pour Hollande, Angleterre & le nord ; ils se conservent ordinairement à la mer pendant les voyages de long cours ; mais si la douceur leur manque, ils ne sont point potables, & deviennent troubles, brunis & tournés pendant le voyage.

Dans les bonnes & moyennes borderies, on y recueille ordinairement 250 tonneaux de vin ; & dans les petites, de 14 à 1500 tonneaux dont la plupart se brûlent pour faire des eaux-de-vie, c’est-à-dire, ceux qui se trouvent de rebut.

- Le tonneau de vin de grande borderie tiré au fin, revient ordinairement à 200 l.
- Le tonneau de moyenne borderie, â 170 l.
- Le tonneau de petite borderie, à 140 l.

Les prix ci-dessus sont à peu près ce que se vendent ces vins, année commune ; quelquefois dans les grandes vinées ils valent moins, & se vendent suivant leur qualité & bonté,

Le vin ne paye que 36 sols par tonneau lors de l’enlèvement, qui sont payés par le vendeur & 20 s. pour le droit de revente, qui se payent par le chargeur. Si le vin séjourne plus d’un jour entier en ville, il paye encore 33 s. par tonneau pour le droit d’inspecteur aux boissons, soit qu’il se charge ou qu’il demeure en magasin ; s’il passe d’une main à une autre, la revente est encore dûe comme dessus : les traitans multiplient ce droit tant qu’ils peuvent, & l’interprètent à leur avantage. Car il est dit par l’édit qu’il ne doit rien qu’après trois jours de séjour ; mais ils comptent le jour de l’arrivée, celui du lendemain & le jour qu’on le charge ; ce qui se fait quelquefois en moins de quarante heures.


[1NDLR : Tonnay-Charente

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