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1807 (c) - Mémoire sur la jonction des rivières de la Gironde avec la Seudre adressé à Napoléon Ier

mercredi 4 mars 2009, par Pierre, 959 visites.

Lyrisme et culte de la personnalité, pour un canal souvent projeté, jamais réalisé !

Source : De l’Île d’Oléron à Mortagne-sur-Gironde. Histoire de Royan et de ses environs, précédée de l’histoire générale de la Saintonge (moeurs, coutumes, langage, religion, etc., etc.) - G. Noblet - Paris - 1905

Un myriamètre (10 km) seulement, de la Gironde à la Seudre : Voir une carte des lieux

Mémoire sur la jonction des rivières de la Gironde avec la Seudre adressé à Napoléon Ier

Favoriser le Commerce par ta multiplicité et la facilité des communications ; diminuer le prix des objets de consommation par l’économie dans les transports ; encourager l’agriculture par un débouché sûr et peu dispendieux pour les denrées : telles sont les premières causes auxquelles les canaux de navigation intérieure dont nous jouissons, doivent leur existence.

Tout récemment, et par les mêmes motifs, celui de la Rochelle à Niort vient d’être ordonné : on travaille à sa confection ; celui qui réunirait les eaux de la Gironde à celles de la Seudre serait d’une Utilité plus générale, et coûterait beaucoup moins que ce dernier. La.jonction des Deux-Sèvres avec le havre de la Rochelle ne se borne qu’à un intérêt local et particulier, tandis que celle de la Gironde avec la Seudre, réunirait l’intérêt particulier à l’intérêt général.

Le commerce, l’agriculture, le service militaire tant de mer que de terre, tout se rattache à l’exécution de ce plan, dont le Gouvernement a plus d’une fois senti l’importance, et fait prendre à diverses époques des nivellemens. En 1783, ce projet sembla prendre quelque consistance, et en 1786, M. DE REVERSEAUX, alors Intendant de la Généralité de la Rochelle, s’en occupa très sérieusement. Il y a lieu de croire que sans les événemens qui ont agité la France peu après, ce plan vaste et grand par ses résultats se serait effectué. M. FRANÇOIS (de Neuf-Château), en avait aussi senti les inappréciables avantages : on va les présenter en masse. Un espace d’un myriamètre seulement, dans sa plus grande étendue, sépare la Gironde avec la Seudre. Les vallons qui bordent ces deux rivières, les eaux qui les arrosent, en facilitent la réunion. L’ancien Gouvernement parut y mettre d’autant plus d’importance, que des écueils aux abords de Cordouan, et les croiseurs ennemis en temps de guerre, rendent très dangereuses les communications par l’Océan, et que pour éviter les risques infinis que courent les bâtimens à l’entrée et à la sortie de la Gironde, il faut, ou renoncer à l’approvisionnement de la ville de Bordeaux, et au service des batteries sur cette côte, et du port de Rochefort, ou prendre la voie de terre, qui occasionne indispensablement des retards souvent préjudiciables, et des frais énormes, comme il a été facile de s’en convaincre par le calcul de ceux que depuis trois ou quatre ans on à été obligé de faire pour transporter de Rochefort, sur des voitures, ne pouvant se servir d’une autre voie, les canons et leurs attirails nécessaires aux batteries de la côte, sur la Gironde, et vice-versa. Les objets de commerce que Rochefort, la Rochelle et autres lieux tirent de Bordeaux et des départements des Landes et autres, n’ont pu venir par eau que jusqu’à Royan, et delà il a fallu les voiturer par terre jusqu’à leur dernière destination ; la majeure partie des grains que Bordeaux a été obligé de tirer de la Vendée et des Deux-Sèvres, n’ont pu y être introduits par eau, non plus que le sel que fournit la saline de la Seudre ; il a donc fallu leur faire prendre la voie de terre ; et on est presque honteux de dire, que jusqu’à des moules (coquillage de la plus mince valeur), ont été voiturées par charrettes, depuis Saujon jusqu’à Meschers, c’est-à-dire l’espace d’un à deux myriamètres, pour delà être importées à Bordeaux. D’après cet exposé, il est facile de se convaincre de l’énormité des frais occasionnés par ces transports ; ceux qui ont voulu les éviter et tenter la voie de mer, ont été en grande partie capturés par l’ennemi. Tous ces inconvéniens et ces risques disparaîtraient, si ta jonction de la Gironde avec la Seudre s’opérait, par un canal qui prendrait son ouverture à Méchers, ou dans ses environs, et viendrait aboutir à Saujon, alors le service du port de Rochefort serait assuré : une très grande quantité de mauvaises terres, souvent inondées, seraient asséchées et se convertiraient en bons prés. L’intérêt du commerce milite également pour l’adoption de ce plan. La ville de Bordeaux, si intéressante sous tous les rapports ; y trouverait la sûreté de ses approvisionnemens, et le débouché sans risque des objets de son commerce pour les départemens du Nord : ce projet acquérera encore une bien plus grande importance, si l’on veut considérer que la réunion de la Vienne au Clain, du Clain à la Sèvre, et de celle-ci à la Rochelle, n’aura pour dernier point de communication que cette dernière ville ; qu’en réunissant la Seudre à la Gironde, ce point se prolonge et que l’on jouira, de l’Ouest au Midi, d’une navigation sûre et sans danger, au milieu des terres, et protégée par les forts de l’Ile-d’Aix, de Boyard et d’Oleron ; au lieu que celle par l’Océan présente des risques de plus d’un genre : alors, en paix comme en guerre, les approvisionnements des ports de Rochefort, la Rochelle, et Bordeaux, sont assurés, ainsi que le service des forts sur la rive droite de la Gironde ; alors, les frais énormes des transports par terre disparaissent ; alors, le canal des deux mers ne sera plus une propriété partielle, mais bien celle de tous les départemens ; son utilité profitable leur présentera un intérêt commun, et les richesses qu’il procurera, deviendront la propriété de tous.

Présenter au HÉROS IMMORTEL qui règne sur nos destinées, un plan d’amélioration, tendant au bonheur de plusieurs départemens, c’est seconder les voeux les plus chers a son coeur, celui d’augmenter dans toutes les parties de son Empire, même dans le plus petit hameau, l’aisance des citoyens, et la valeur des terres.

Puisse donc ce plan, qu’un bon citoyen n’a que faiblement esquissé, parvenir au plus Grand-Homme de ce siècle ! Puisse-t-il daigner s’en occuper un moment ! Bientôt il en saisira l’importance, et il ordonnera l’exécution.

Mémoire imprimé sans nom d’auteur, ni date. Archives Départementales de la Charente-Inférieure.

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