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1815 - Les Cent-Jours en Charente, Charente-Inférieure et Deux-Sèvres, dans le Moniteur

samedi 21 février 2009, par Pierre, 2033 visites.

Le récit des évènements de cette période agitée, du retour de l’Empereur de l’Ile d’Elbe jusqu’à Waterloo, est puisé dans le Moniteur (presse officielle). N’y cherchez pas une grande objectivité. Pendant cette période, la propagande est un art majeur, la Presse est sous influence, les hommes politiques sont très versatiles, et la population a le tournis.

Quelques évènements nationaux et internationaux sont mentionnés, pour servir de fil conducteur.

Source : Pièces et Actes officiels extraits du Moniteur - Paris - 1815 - Books Google

La période suivante est présentée sur cette page : 1815 - Le dernier vol de l’Aigle - Napoléon à l’Ile d’Aix

Extrait du MONITEUR du mardi 21 mars 1815.

Paris, le 20 mars 1815. Le Roi et les princes sont partis cette nuit.

S. M. l’Empereur est arrivé ce soir à 8 heures dans son palais des Tuileries. Il est entré à Paris à la tête des mêmes troupes qu’on avait fait sortir ce matin pour s’opposer à son passage. L’armée qui s’était formée depuis son débarquement n’avait pas pu dépasser Fontainebleau. S. M. a passé sur sa route la revue de plusieurs corps de troupes. Elle a marché constamment au milieu d’une immense population qui par-tout se portait au-devant d’elle.

Le brave bataillon de la vieille garde, qui a accompagné l’Empereur depuis l’île d’Elbe, arrivera ici demain et aura fait ainsi, en 21 jours, le trajet du Golfe-Juan à Paris.


Angoulême, le 24 mars 1815.

Tous les efforts faits ici pour comprimer les habitans et arrêter un élan en faveur de l’Empereur ont été inutiles. A Barbezieux l’enthousiasme a aussi éclaté de la manière la plus vive. Le conducteur de la diligence de Bordeaux pour Paris vient d’annoncer, en passant ici, qu’un parti de royalistes avait paru vouloir se former à Bordeaux ; mais que la duchesse d’Angoulême ayant gardé le silence sur les nouvelles que lui avaient apportées deux Courriers, ce parti avait renoncé à son projet, et s’était entièrement dissout.


La Rochelle, le 25 mars 1815.

Le préfet du département a donné la communication la plus prompte des proclamations et des décrets contenus dans le Moniteur du 21 de ce mois, à toutes les autorités de La Rochelle et du département. La nombreuse garnison de cette ville et la population en ayant eu connaissance au même instant et ayant manifesté leurs sentimens avec acclamations, mais sans le moindre désordre, le gouvernement de S. M. I. a été reconnu unanimement et proclamé par toutes les autorités civiles et militaires avec une parfaite harmonie ; les signes nationaux sont par-tout rétablis ; ceux du précédent gouvernement ont disparu. La plus parfaite tranquillité règne dans cette ville. Il en est de même dans tout le département.


Niort, le 27 mars 1815.

Un calme parfait règne dans la ville de Niort et dans les cantons environnants. Les habitans ont témoigné la joie la plus vive du retour de l’Empereur.


Angoulême, le 27 mars 1815.

La gendarmerie de ce département a, ainsi que les habitans, arboré la cocarde nationale aussitôt qu’elle a eu connaissance des proclamations de l’Empereur. Le capitaine est sans communication avec le colonel qui est à Bordeaux. Nous recevons des proclamations du duc et de la duchesse d’Angoulême, du duc de Bourbon ; on n’en fait nul cas. Le duc de Montmorency vient d’annoncer au général La Roche, commandant le département, l’envoi d’une belle troupe à Angoulême. Nous nous préparons à la bien recevoir, et certainement elle ne souillera pas les murs de la ville de sa présence.


Au palais des Tuileries, le 28 mars 1815.

NAPOLEON , EMPEREUR DES FRANÇAIS ,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

Art. 1er. L’Empereur appelle tous les sous-officiers et soldats qui ont quitté l’armée, par quelque raison que ce soit, à rejoindre leurs corps, et il leur donna la promesse spéciale qu’aussitôt que la paix actuelle sera consolidée, ceux qui auront rejoint en conséquence du présent décret, seront les premiers qui obtiendront des congés pour rentrer dans leurs foyers.


29 Mars 1815 - Décret Impérial.

NAPOLEON , EMPEREUR DES FRANÇAIS ,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :
- Art. 1er. A dater de la publication du présent décret, la traite des noirs est abolie.
Il ne sera accordé aucune expédition pour ce commerce, ni dans les ports de France, ni dans ceux de nos colonies.
- 2. Il ne pourra être introduit, pour être vendu dans nos colonies, aucun noir provenant de la traite soit française, soit étrangère.
- 3. La contravention au présent décret sera punie de la confiscation du bâtiment et de la cargaison, laquelle sera prononcée par nos cours et tribunaux.
- 4. Néanmoins les armateurs qui auraient fait partir avant la publication du présent décret des expéditions pour la traite, pourront en vendre le produit dans nos colonies.
- 5. Les ministres sont chargés de l’exécution du présent décret.

Signé, NAPOLÉON. Par l’Empereur,
Le ministre-secrétaire-d’Etat, Signé, le duc DE BASSANO.


Ruffec, le 29 mars 1815,

Sans attendre la communication officielle des décrets rendus jusqu’à ce jour par S. M., la population entière de l’arrondissement avait déjà exécuté spontanément ses dispositions. Les habitans et les fonctionnaires publics sont animés du meilleur esprit, et la tranquillité n’a pas cessé de régner un seul instant.


La Rochelle, le 30 mars 1815.

Il a paru hier devant le port quelques bâtimens de guerre anglais qui croisaient à peu de distance. Le même jour il est entré des bâtimens français dans le port ; ils n’ont point été inquiétés par la croisière anglaise. Il y a à La Rochelle et aux environs des ex-nobles émigrés qui sont allés trouver les acquéreurs de leurs biens , leur ont signifié que ces biens leur étaient rendus , et qu’il fallait qu’à compter de cette époque on leur en payât le fermage. De tels actes ont achevé de prouver aux cultivateurs ce qu’ils devaient attendre de la protection légale du dernier gouvernement.

A Niort, l’esprit public est généralement bon. Les partisans sont tout-à-fait refroidis. Ils disent qu’ils ont été trompés par le duc d’Angoulême dans toutes les promesses qui leur avaient été faites.


MINISTERE DE LA GUERRE.

Récit des événement qui ont précédé et accompagné la soumission de Bordeaux.

Le lieutenant-général Clausel partit de Paris le 25 mars pour aller prendre le commandement supérieur de la 10e division militaire.

Jusqu’au-delà d’Angoulême, il a vu par-tout flotter le drapeau tricolore, par-tout régnait le meilleur esprit, les villes et les campagnes manifestaient à l’envi leur joie et leur dévouement à l’Empereur.

Arrivé le 27 à Angoulême , il s’y était arrêté vingt-quatre heures , pour s’instruire de ce qui sa passait à Bordeaux d’où les courriers ne partaient plus, pour transmettre des renseignemens et des ordres aux brigades de gendarmerie qui garnissaient la route qu’il allait tenir.

Elles ignoraient encore la vérité des événemens et agissaient sous l’influence de Bordeaux.

Dès qu’elle furent éclairées, elles envoyèrent demander les ordres du général Clausel et sa réunirent à la Grolle pour l’attendre et grossir son escorte.

Pendant son séjour à Angoulême, le général Clausel avait dépêché des courriers aux préfets des départemens de la Gironde, des Landes et des Basses-Pyrénées pour leur transmettre la connaissance de la vérité et les ordres du gouvernement.

Il apprit dans la nuit que vingt-deux gendarmes sous le commandement du chef d’escadron Baylin, avaient été envoyés de Bordeaux sur Angoulême pour éclairer la route, et qu’ils étaient arrivés à Monlieu.

Le général Clausel résolut d’aller à eux : il les vit, leur parla ; ils se réunirent à lui ainsi que venaient de le faire les gardes nationales de tous les villages environnans.

Ainsi c’est avec moins de cinquante gendarmes, cent cinquante fantassins du 62ème, commandés par le chef de bataillon Tourni, et deux pièces de canon, que le 2 avril le général Clausel est entré dans Bordeaux.

La veille au soir, Mme la duchesse d’Angoulême s’était embarqué au-dessus de Pouillac, pour rejoindre au bas de la rivière quelques bâtimens anglais.

Le calme règne dans Bordeaux.


Bordeaux, le 2 avril 1815.

On a intercepté une lettre du duc d’Angoulême qui se plaignait de n’être secondé nulle part par la population. Le bruit circule en ce moment qu’il a été obligé de s’enfuir déguisé, en meunier.

Beaucoup de voyageurs qui avaient été retenus plusieurs jours au village de Montlieu, par l’impossibilité d’aller plus avant, ont suivi le général Clausel ; ils ne tarissent point sur l’excellent esprit des habitans de tout le pays : ils ont entendu dans toutes les villes, dans toutes les campagnes, les cris de vive l’Empereur. Ils ont remarqué partout que les intentions nationales étaient admirablement senties jusques dans les dernières classes de la société.


Bordeaux, le 3 avril 1815.

Le bruit se répand en ce moment que la flotte anglaise, qui est à l’embouchure de la Gironde, a joint, en signe de paix et d’amitié, à son pavillon le pavillon tricolore.


La Rochelle, le 5 avril 1815.

Le lieutenant-général comte Morand a traversé toute la Vendée, il n’y a trouvé que des symptômes de paix et de tranquillité, et une grande horreur pour tous les agitateurs qui voudraient encore remuer les esprits et les porter à la révolte.

Le comte Morand rend le meilleur témoignage de la manière dont le lieutenant-général Rivaud, le maréchal-de-camp Minot et l’adjudant-commandant Dufay ont gouverné les esprits, maintenu le calme et favorisé l’expression des sentimens d’affection et de dévouement à la patrie et à l’Empereur.


Le 7 avril 1815 - Rapport de M. le capitaine de frégate Collinet, détaché à Royan, au préfet maritime à Rochefort.

Royan, le 7 avril 1815.

Mon général,

Un pilote qui vient à l’instant de mettre une galiotte hollandaise en rivière, me rapporte que le capitaine de ce bâtiment lui a dit qu’à peu de distance de Cordouan, il a vu une frégate anglaise s’emparer d’un chasse-marée venant des côtes de Bretagne, et ce pilote ajoute qu’en s’en revenant de Royan, dans sa chaloupe, il a parlé à un chasse-marée qui lui a dit aussi qu’une frégate et corvette anglaises avaient pris plusieurs de ses camarades. J’ignore si tous ces rapports sont vrais ; mais comme ils sont d’une grande importance, je m’empresse de vous les faire parvenir par l’occasion d’un habitant de cette ville qui se rend à Rochefort ce soir, et qui veut bien se charger de ma lettre.

J’ai engagé le commissaire Brac à faire transmettre ces rapports, par une chaloupe de ce port, aux bâtimens français qui se trouvent au mouillage du Verdon, et qui pourraient partir ce soir. Cette frégate anglaise, dite au N.-O. de Cordouan, n’est pas encore aperçue de nos hauteurs.

Pour copie conforme : Signé BONNEFOUX.

P. S. Le négociant porteur du rapport m’a déclaré qu’avant son départ, il avait appris des gens de la douane, qu’un bâtiment étranger, qui vient d’entrer en rivière de Bordeaux, lui a déclaré que les Anglais avaient remisa son bord l’équipage du chasse-marée capturé, à l’exception du capitaine et du second qu’ils ont conservé à bord pour constater la capture.
Signé BONNEFOUX.


Le 7 avril 1815 - Proclamation de S. M. le roi de Prusse.

Une conspiration perfide a ramené en France l’homme qui, pendant dix ans a répandu sur les peuples des malheurs infinis. Le peuple étonné n’a pas été à même de résister à ses partisans ;

Aux armes donc encore une fois ! la France elle-même a besoin de notre secours. Vous, braves Prussiens, entrerez dans une guerre nécessaire et juste ; alliés avec vos anciens compagnons de victoire, renforcés par de nouveaux compagnons d’armes, avec moi, avec les princes de ma maison, avec les généraux qui vous ont déjà conduits à des victoires, la justice de la cause pour laquelle nous combattons nous garantit la victoire.

C’est ainsi que nous entrerons encore une fois dans la carrière. Aux armes donc, avec Dieu pour la tranquillité du Monde, pour l’ordre et la moralité, pour le Roi et la patrie !

Vienne, le 7 avril 1815.

Signé, FRÉDÉRIC-GUILLAUME.


DEPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.

Montélimart, le 9 avril 1815, à 9 heures du matin.

Le lieutenant-genéral Grouchy au ministre de la guerre.

L’échauffourée du duc d’Angoulême est terminée. Le drapeau tricolore est arboré dans tout le Midi.

Le duc d’Angoulême, poussé par mes troupes, dont l’avant-garde occupe Donzère, ayant sur ses derrières le général Gilly, qui avait débouché par le Pont-Saint-Esprit et sur son flanc gauche les gardes nationales du Dauphiné , a capitulé.

Abandonné par toutes les troupes de ligne, il ne lui restait que 1500 hommes et 6 pièces de canon. On le conduit, sous bonne escorte, à Cette [Sète], où il sera embarqué.


Niort, le 13 avril 1815.

M. le comte Miot, conseiller-d’état en mission extraordinaire, a passé hier en cette ville, se rendant de Poitiers à la Rochelle. Sur tous les points du département il a trouvé des détachemens de la garde nationale sur pied pour le recevoir. Les cris de vive l’Empereur ! se sont fait entendre par-tout sur son passage, et par-tout, au chef-lieu comme dans les arrondissemens, les autorités constituées se sont empressées de venir lui faire hommage des sentimens de dévouement et de patriotisme de leurs concitoyens.


La Rochefoucault, le 15 avril 1815.

Le retour de notre auguste monarque n’a nulle part excité un enthousiasme plus grand et plus universel que dans notre petite ville. C’est dans la fête vraiment nationale, où le drapeau tricolore a repris sa place trop long-tems usurpée, que l’allégresse a été portée à son comble. Trois jours ont à peine suffi pour y donner essor. Les bustes de leurs majestés ont successivement été portés en triomphe, au son d’une musique guerrière, accompagnés par les autorités, les officiers en retraite ou en demi-solde et par les citoyens. Pendant ces trois jours les images chéries des libérateurs de notre belle France, ont eu pour garde d’honneur des membres de la garde nationale, qui n’avaient d’autres ordres que l’impulsion de leur cœur.

Chaque soir, déposées au milieu d’un banquet joyeux, leurs majestés étaient saluées par des toasts portés en leur honneur et à la gloire de nos fidèles armées. Telle est l’esquisse imparfaite des réjouissances dont nous venons d’être témoins, auxquelles les habitans des campagnes voisines sont venus participer, en abandonnant leurs travaux pour fêter l’Empereur et le rétablissement d’un gouvernement qui leur garantit leurs propriétés, et les rassure sur le retour naguères si menaçant de toutes les anciennes servitudes.


Rochefort, le 16 avril 1815.

Un navire anglais à trois mâts, entré hier en rivière, est maintenant à l’avant-garde, il est chargé de charbons de terre et destiné pour cette place. Il est parti de Plymouth depuis sept jours. Le capitaine a déclaré qu’à son départ plusieurs autres bâtimens étaient prêts à partir pour les ports de France, attendu que la paix existait toujours entre les deux nations ; que tout était tranquille en Angleterre ; et que tout annonçait que ce pays resterait en bonne intelligence avec le nôtre.

Le rapport de ce capitaine, et la disparition des croiseurs qu’on n’appercoit plus sur aucun point, tout porte à croire que les capteurs qui ont agi récemment sur nos côtes étaient sans ordres de leur gouvernement. On ajoute que plusieurs caboteurs et bâtimens étrangers entrés en rivière à Bordeaux depuis deux jours, n’ont rien rencontré à la mer, qui est entièrement libre maintenant.

Au départ du capitaine dont il s’agit, l’arrivée de Napoléon à Paris était connue. « Cet événement, dit-il , n’a occasionné aucun retard à son départ. L’opinion était qu’il n’y avait aucun danger pour les bâtimens anglais de se rendre dans les ports de France, qu’on attendrait que les Français commençassent les hostilités, et que les ordres avaient été donnés en conséquence dans tous les ports. Si quelques prises ont été faites sur les côtes de France, elles ne peuvent être que l’œuvre de quelques corsaires sous pavillon anglais. En effet, un bâtiment français chargé de diverses marchandises, et destiné pour Bordeaux, a appareillé de Plymouth deux jours auparavant moi. Il n’y a sur les côtes anglaises ni armement ni presse extraordinaires. »


Paris, le 17 avril 1815.

Aujourd’hui lundi, S. M. a reçu à son lever, les députations de Chauny, Versailles et Rochefort, ainsi que la garde nationale de Versailles.

S. M. est allée habiter le palais de l’Elisée.

Par décret de ce jour, M. le lieutenant-général comte Grouchy a été nommé maréchal de France.


Paris, le 22 avril 1815

Publication de l’Acte Additionnel (aux Constitutions de l’Empire)


18 juin 1815 - Bataille de Waterloo.

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