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1832-1854 : Pandémies de Choléra - Statistiques officielles

lundi 23 mars 2020, par Pierre, 1875 visites.

Sept pandémies de choléra ont eu lieu dans le monde depuis 1817. La dernière est toujours en cours actuellement. La maladie, causée par une bactérie, a fait plusieurs millions de morts en Europe. La contamination est orale, d’origine fécale, par la consommation de boissons ou d’aliments souillés.

Le choléra apparaît pour la première fois en France en 1832.

Les statistiques officielles sont balbutiantes en 1854, et ne donnent qu’une idée partielle de l’impact de ces épidémies sur la population de la région Nouvelle-Aquitaine d’aujourd’hui.

Source : Documents statistiques et administratifs concernant l’épidémie de choléra de 1854 comparée aux précédentes épidémies cholériques qui ont sévi en France - Imprimerie impériale - Paris - 1862 - archive.org

Trente ans se sont écoulés depuis que, pour la première fois, le choléra épidémique, s’élançant hors des Indes orientales, où il a pris naissance, envahissait l’Europe et s’abattait sur la France. Inconnu jusque-là dans nos climats, il en est aujourd’hui le fléau le plus terrible et le plus justement redouté ; et, pour ne parler que de notre pays, à trois reprises, en 1832, en 1849 et en 1854, il l’a désolé presque tout entier.

Dès l’année 1850, au lendemain de la seconde épidémie, l’administration supérieure, qui n’avait rien épargné pour venir au secours des populations pendant que le mal sévissait, avait compris qu’il lui restait, après l’épidémie disparue, un dernier devoir à remplir, celui de recueillir, dans une étude complète de la marche et des effets du choléra, les fruits d’une triste et double expérience. Sur l’invitation expresse du ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, le comité consultatif d’hygiène publique établi près de son département rédigeait le programme d’une vaste enquête , dont l’exécution était confiée aux conseils d’hygiène et de salubrité, récemment institués dans tous les arrondissements. Ce programme embrassait toutes les questions relatives au choléra épidémique qui peuvent intéresser l’hygiène publique, la statistique médicale et l’administration sanitaire, et si ce cadre, largement tracé, avait pu être rempli, il serait permis de dire que le Gouvernement de l’Empereur aurait doté la science de l’histoire la plus complète et la plus féconde qui ait jamais été entreprise, non-seulement du choléra, mais d’une maladie épidémique quelle qu’elle soit.

L’épidémie cholérique de 1853-1854 a envahi en France soixante-dix départements et 5,364 communes ; elle y a fait 143,478 victimes, 40,000 de plus qu’en 1832 , 43,000 de plus qu’en 1849. Elle a frappé, aux mêmes époques et avec une égale intensité, les contrées les plus diverses. Des départements voisins les uns des autres ont été très-diversement affectés, tant pour la durée de la maladie que pour le nombre des décès.

Seize départements, dans lesquels l’épidémie ne s’est pas montrée, appartiennent à des points très-opposés de la France ; mais ils se tiennent, presque sans interruption, dans la direction du nord au sud, du Calvados aux Hautes-Pyrénées.

Les deux sexes ont été atteints à peu près d’une manière égale. La mortalité a frappé surtout les sujets de quarante à soixante ans, puis au-dessus de soixante ans, et de vingt à quarante. L’âge de quinze à vingt ans a été le moins éprouvé. Le mois d’août a été le plus meurtrier.

Des soixante-dix départements envahis en 1853-1854, vingt-cinq avaient été exempts en 1832, et un même nombre en 1849. Cinq des seize départements épargnés en 1853-1854 avaient été atteints, mais trois seulement d’une manière sérieuse, en 1832 et 1849. Quatre sur ces seize départements ont été, à leur tour, frappés par l’épidémie, très-circonscrite, de 1855. Enfin, six départements du centre de la France, se touchant sans intervalle, la Creuse, la Haute-Vienne, la Corrèze, le Cantal, le Lot et la Lozère, et un septième, le Gers, séparé seulement des autres par le Tarn-et-Garonne, ont été, jusqu’à présent, complètement préservés du choléra.

Il n’est pas permis de poursuivre ici cette étude ; il suffisait d’en montrer l’intérêt et l’importance par quelques exemples. L’administration sanitaire sera satisfaite et croira avoir accompli une œuvre digne du Gouvernement de l’Empereur en livrant, pour la première fois, au public un ensemble de documents propres à jeter quelque lumière sur l’histoire d’un fléau terrible, qui, pour avoir suspendu ses coups, ne permet à l’avenir ni la sécurité ni l’imprévoyance, et réclamera toujours la même sollicitude de la science appelée à le combattre, et des autorités qui, chargées de veiller sur la santé publique, doivent redoubler d’efforts pour en prévenir le retour.

Population et décès dus au choléra lors des épidémies de 1832, 1849 et 1853-54

Popul 1832 Décès 1832 Popul 1849 Décès 1849 Popul 1853-54 Décès 1853-54
Charente 362,531 14 379,031 64 382,912 272
Charente-Inférieure 445,249 855 468,103 1,560 469,992 1,023
Corrèze 0 0 0
Creuse 0 0 0
Dordogne
Gironde 554,225 428 602,444 859 614,387 800
Landes
Lot-et-Garonne 2
Basses-Pyrénées 428,401 457,832 446,997 17
Deux-Sèvres 294,850 130 320,685 454 323,615 11
Vienne
Haute-Vienne 285,130 0 314,739 0 319,379 0
Total France 32,569,223 102,739 35,400,486 100,661 35,781,628 143,468

Observations sur ce tableau statistique :
nous avons regroupé ici les 12 départements qui composent aujourd’hui la Région Nouvelle-Aquitaine. Pour 6 d’entre eux, les données sont incomplètes (Corrèze, Creuse, Lot-et-Garonne) ou manquantes (Dordogne, Landes, Vienne).

Messages

  • Bonjour,
    J’ai relevé au moins un cas de choléra en Creuse en 1849, dans le Mémorial de la Creuse, journal publié à Aubusson, du dimanche24 juin 1849 :« Un cas de choléra a été observé par le docteur Léonard, de Felletin. La femme Broussard, agée de 50 à 55 ans, demeurant dans l’un des faubourgs de la ville de Felletin, de retour depuis quelques jours de Paris, où elle était restée plusieurs mois, a été atteinte par l’épidémie et a succombé malgré les soins qui lui ont été apportés... M. le Maire d’Aubusson a fait publier à son de caisse, la semaine dernière, un arrêté par lequel il invite ses concitoyens à tenir leurs habitations, ainsi que les cours et dépendances, dans le plus grand état de propreté, afin de prévenir l’invasion de l’épidémie régnante. Une visite domiciliaire a déjà été© faite par la police, dans le but de s’assurer si les prescriptions dudit arrêté ont été remplies. »
    Cordialement.

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