Histoire Passion - Saintonge Aunis Angoumois

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1630 - Comment les pères Jésuites combattaient les épidémies dans leur collège d’Angoulême

samedi 14 mars 2020, par Pierre, 1069 visites.

Les pères Jésuites d’Angoulême avaient leur stratégie contre les épidémies qui ravageaient la province d’Angoumois à cette époque (il s’agit principalement de la peste).

Les remèdes préconisés sont variés. Peu d’entre eux se trouvent encore sur le marché. La médecine et la pharmacie ont fait de très gros progrès depuis 1630. Nous avons ajouté un petit glossaire des produits cités.
Les animaux domestiques ne sont pas à la fête...
Pour se protéger de la contagion, la méthode n’a guère changé depuis le 17ème siècle.

Source : Bulletin de la Société charentaise des études locales - 1920 - BNF Gallica


A propos des relations tumultueuses des Jésuites avec l’évêque d’Angoulême dans ces temps troublés, voir ici sur Histoire Passion.

COMMENT LES PP. JÉSUITES COMBATTAIENT LES ÉPIDÉMIES EN 1630 DANS LEUR COLLÈGE D’ANGOULÊME

NDLR Le collège Saint-Louis (aujourd’hui lycée Guez de Balzac), fut tenu par les Jésuites de 1622 jusqu’à la dissolution de leur ordre en 1762.

Ancien Collège d'Angoulême

Plan du collège Saint-Louis d’Angoulême en 1658 (BNF Gallica) - Clic sur la vignette pour agrandir

Les PP. observent avec soin les principes d’hygiène ; Comme les épidémies sont fréquentes, ils ferment au besoin leur collège aux fortes chaleurs, avant la date des vacances. En temps de peste, ils « envoient aux champs » les religieux atteints et ceux qui sont les plus jeunes et les plus délicats ; de plus, ils ferment les écoles, cessent les confessions, sauf pour les fidèles qui viennent de loin mais qu’ils entendent à part « en garnissant les confessionnaux de jalousies en papier » ; évitent les maisons infectées et ne sortent en ville « qu’avec des habits parfumés avec une éponge imbibée de fort bon vinaigre ».

Il faut que le collège s’approvisionne de vinaigre et de bon vin, de thériaque, de vieille confiture d’hyacinthe, de terre sigillée, d’eau thériacale, de pierre de bezoard, d’eau impériale, d’opiat de Salomon, de levain et autres drogues nécessaires.

Il est recommandé de prendre, le matin, deux fois par semaine, deux drachmes de thériaque ou deux scrupules de pilules de Rufin, et de s’abstenir des aulx, oignons, concombres, melons, raisins, fruits, laitage, excepté le vieux fromage.

Il faut parfumer la maison de genièvre, n’ouvrir les fenêtres qu’après le lever du soleil ; les fermer de bonne heure le soir, et tuer les chiens et les chats.

En cas d’atteinte, on doit user des remèdes suivants : Thériaque, cataplasmes de beurre, levain et oignon de lis, scarification pour les bubons, ventouses, application sur les plaies du dos d’une poule garnie d’un grain de sel ou d’un petit chien fendu par le milieu, mixture faite de suie, de jaune d’œuf et de sel.

D’après BOISSONNADE et BERNARD, Histoire du Collège et du Lycée d’Angoulême.

(Communiqué par L. BERTRAND, directeur d’école à La Rochefoucauld.)


Il nous a semblé utile d’ajouter ce glossaire des mots oubliés

Thériaque La thériaque (appelée θηριακή par les Grecs) est un célèbre contrepoison rapporté à Rome par Pompée, puis complété par Andromaque, médecin de Néron.
A la fin du XIXe siècle, selon le Codex, la formule légale de la thériaque était la suivante :
Opium de Smyrne 120 g
gingembre 60 g
iris de Florence 60 g
valériane 80 g
acore aromatique 30 g
rapontic (rhubarbe) 30 g
quintefeuille (potentille) 30 g
racine d’aristoloche probablement Stephania tetrandra (en) à l’origine 10 g
racine d’asarum 10 g
racine de gentiane 20 g
racine de meum 20 g
bois d’aloès 10 g
cannelle de Ceylan 100 g
squammes de scille 60 g
dictame de Crète (marjolaine) 30 g
feuilles de laurier 30 g
feuilles de scordium (Teucrium scordium) 60 g
sommités de calament 30 g
sommités de marrubes (Marrubium vulgare) 30 g
sommités de pouliot des montagnes (peut-être une espèce de menthe ou de germandrée) 30 g
sommités de germandrée petit-chêne ("chamaedrys") 20 g
sommités de chamaepitys (un bugle soit Ajuga iva, soit Ajuga chamaepitys) 20 g
sommités de millepertuis 20 g
rose rouge 60 g
safran 40 g
fleurs de stoechas (lavande) 30 g
écorce sèche de citron 60 g
poivre long 120 g
poivre noir 60 g
fruits de persil 30 g
fruits d’ammi 20 g
fruits de fenouil 20 g
fruits d’anis 50 g
fruits de « séseli de Marseille » (Seseli tortuosum) 20 g
fruits de daucus de Crète (carotte) 10 g
fruits d’ers (Vicia ervilia 200 g
fruits de navet 60 g
fruits de petit cardamome 80 g
agaric blanc (champignon de Paris) 60 g
suc de réglisse 120 g
cachou 40 g
gomme arabique 20 g
myrrhe 40 g
oliban 30 g
sagapénum (gomme séraphique) 20 g
galbanum (extrait de férule) 10 g
opopanax 10 g
benjoin 20 g
castoréum 10 g
mie de pain 60 g
terre sigillée 20 g
sulfate de fer sec 20 g
bitume de Judée 10 g
On pilait toutes ces substances, convenablement desséchées, puis on les passait au tamis de soie de manière à obtenir une poudre très fine et à laisser le moins possible de résidus : c’était la poudre thériacale. On prenait alors 1000 grammes de cette poudre, 50 grammes de térébenthine de Chine, 3500 grammes de miel blanc et 250 grammes de vin de Grenache.

On liquéfiait dans une bassine la térébenthine, et on y ajoutait assez de poudre thériacale « pour la diviser exactement ». D’autre part on faisait fondre le miel et, tandis qu’il était assez chaud, on l’incorporait peu à peu au premier mélange ; on y ajoutait alors par petites quantités le reste de la poudre et du vin, ce qui devait donner finalement une pâte un peu molle, appelée électuaire.

Après quelques mois, on triturait de nouveau la masse dans un mortier pour la rendre parfaitement homogène.

La modification la plus importante fut, dans la seconde moitié du XIXe siècle seulement, l’abandon de la chair de vipère desséchée.
(Wikipédia)
Eau thériacale Produit obtenu par la distillation d’un grand nombre de substances végétales aromatiques et de la thériaque (Littré).
Confiture (confection) d’hyacinthe La Confection d’Hyacinthe est un électuaire liquide & cordial, composée d’Hyacinthe, de Corail rouge, de bol de Levant, de terre sigillée de chacun quatre onces & demie, de graine d’Ecarlate, de Diċtame de Candie, de racine de Tormentille, de semence de Citron mondé , de Safran, de Mirrhtryée, de Roses de Provins, de Santaux, d’os de cœur de Cerf, de raclures de corne de Cerf, d’Ivoire, de semence d’Oseille & de Pourpier, de chacun dix gros ; deux scrupules de Saphir rouge, d’Emeraude, de Topaze, de Perles fines, de soye cruë, de feuilles d’or & d’argent, de chacun seize scrupules qui valent cinq gros & un scrupule de musc ; d’ambre gris de chacun quarante grains, qui font un demi-gros & quatre grains ; de toutes ces drogues bien pulverisées, les pierres ou fragmens bien broyés sur un porphir, du tout ensemble, on en composera un électuaire liquide avec le sirop de limon ou d’oeillet, ainsi qu’il est marqué dans plusieurs Pharmacopées (Histoire générale des drogues simples et composées. - par le sieur Pomet, marchand épicier et droquiste - Paris - 1785 - Google livres)
Terre sigillée Terre généralement utilisée en poterie dont on ne garde que les particules les plus fines qui vont vitrifier à la cuisson. Elle est de couleur rouge, en raison de la présence d’oxyde de fer.
Pierre de bézoard Le bézoard (du persan پادزهر, pādzahr, « qui préserve du poison »), aegagropile ou égagropile est un corps étranger que l’on trouve le plus souvent dans l’estomac des humains ou des animaux ruminants.
Considéré comme un antidote, il a également servi d’objet décoratif chez les collectionneurs de curiosités des XVIIe et XVIIIe siècles. (Wikipédia)
Eau impériale On appelle eau impériale la composition suivante :
Prenez de la canelle quatre onces : de la noix muscade & de l’écorce de citron, de chaque deux onces : du gérofle, du calamus aromaticus, du santal citrin & de la racine de pivoine, de chaque une once ; des feuilles de laurier, des sommités d’hysope, de marjolaine, de thym , de sariette ; des fleurs de sauge, de romarin & de lavande, de chaque, une poignée.
On concassera toutes ces drogues, on les mettra dans une grande cucurbite de verre ou de grès, on versera dessus quatre livres de vin blanc, quatre livres d’eau de mélisse distillée & une demi-livre d’eau de fleurs d’orange distillée : on couvrira la cucurbite de son chapiteau, on y adaptera un récipient, on lutera exactement les jointures, & après vingt-quatre heures de digestion on fera distiller la liqueur au bain-marie, on aura l’eau impériale.
Elle est bonne pour les maladies du cerveau, de l’estomac & de la matrice : on s’en sert pour exciter les mois aux femmes pour faciliter l’accouchement : la dose en est depuis deux dragmes jusqu’à une once.
(Le grand vocabulaire françois, vol 14 - 1770 - Google livres)
Opiat de Salomon composé de racines d’acorus, aunée, fraxinelle, contra-yerva et gentiane, de bois d’aloès, de cascarille, de cannelle blanche, d’écorce de citron, de macis, de petit cardamome, de girofle, de graines de chardon bénit, santoline et citron, de feuilles de dictame de Crète, de roses rouges, de sucre rosat, de conserves de fleurs de buglosse, romarin et œillet, de thériaque, d’extrait de genièvre, et de sirop de limon.
(Dictionnaire des termes de médecine, art vétérinaire, pharmacie - Collectif - Paris - 1823 - Google livres)
Pilules de Rufin "Il usoit aussi parfois des pilules de Rufin, contre la Peste : & advint par ce moyen que pas un de ses domestiques ne fut surprins de la peste"
(La maison champestre et agriculture d’Elie Vinet, Xaintongeois - 1607 - Google livres)
Nous n’avons pas trouvé la composition de ces pilules de Rufin.

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