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994 - 1839 - Epidémies en Saintonge, Aunis et Angoumois, Charente et Charente-Maritime
mardi 3 juillet 2007, par , 6982 visites.
Synthèse sous la forme d’un tableau chronologique de très nombreuses informations sur le thème des épidémies dans les 3 provinces, puis dans les départements de Charente et Charente-Maritime, du Xème au XIXème siècle.
Définitions de l’Encyclopédie | la peste | la lèpre et le lépreux |
A noter que les périodes de guerre civile ou d’insurrection des campagnes et les périodes d’épidémie présentent des coïncidences : il en est ainsi pendant les révoltes paysannes contre la gabelle en 1548, pendant les guerres de Religion dans la seconde moitié du 16ème siècle, et pendant la Fronde en 1652.
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Année | Maladie | Lieu | Commentaire / Source |
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994 | Ergotisme [1], ou "Mal des ardents" | Angoumois | En ces années-là ce feu facré, que l’on nommoit le mal des Ardents, & qui avoit desjà une autrefois fait de grands ravages, se ralluma & tourmenta cruellement la France, particulièrement durant deux siècles. Il prenoit tout à coup , & brusloit les entrailles, ou quelque autre partie du corps, qui tomboit par pièces. Bienheureux, qui en estoit quitte pour un bras, ou une jambe. Cela fut cause qu’il se fit de grandes donations aux Saincts, de qui on croyoit avoir ressenty le secours dans ces horribles douleurs : comme aussi de frequentes fondations d’Hospitaux, pour ceux qui estoient atteints de ce mal. Cette playe, qui l’an 994 emporta dans l’Aquitaine, l’Angoumois, le Perigord & le Limosin, plus de 40000 personnes en peu de jours, causa au moins ce bien, que les Grands, qui troubloient cette Province par leurs guerres particulières, redoutant l’ire de Dieu, firent un serment solemnel entre eux, de garder justice à leurs sujets, & formèrent pour cet effet une Saincte Ligue, qui donna exemple dans les autres Provinces d’en faire autant. Source : Abrégé chronologique de l’Histoire de France - Sr de Mezeray - Amsterdam - 1688 - Books Google |
1101 | Lèpre | Vars (16) | La Maladrerie de Vars : cet établissement, destiné à recevoir les malheureux atteints de la lèpre, fut bâti par l’évêque Girard, entre 1101 et 1136. Il était placé à l’extrémité septentrionale de la paroisse, près du ruisseau qui la sépare de celle de Montignac
... La lèpre disparaissant peu à peu, la maladrerie se trouvait vide en 1456 ; quatre ans après, il en est parlé comme d’une propriété particulière, et au milieu du XVIIe siècle il n’en restait plus que des masures. |
1349 | Peste | Angoumois | |
1493 | Lèpre | Condéon (16) | Françoys Tisseau, à present mallade de la malladie de lespre, pour quatre journaux de terre assis en ladite paroisse, est couché en recepte, en unze solz trois deniers et deux gellines, lesquelx devoirs ledit receveur n’a receuz, obstant la malladie dudit Tisseau, lequel est jà peéça dégecté et demourant avec les autres mallades en la maladrerie de Barbezieux, aussi obstant la pouvreté de sa femme et quatre ou cinq petis enfans, lesquelx vont chacun jour mendiant et quérant leur vie, comme le tout appert par registre de la cour prévostelle de Barbezieux du 11e jour de septembre 1493. Source : SAHC 1886 - La misère et les épidémies à Angoulême aux XVIe et XVIIe siècles. Texte de cette étude d’A.-F. Lièvre |
1500-1515 | Peste et famine | Saintonge Aunis St Jean d’Angély La Rochelle | Cette paix si favorable au développement de la richesse matérielle et du progrès social, eût porté des fruits précieux, si, pendant presque toute la durée du nouveau règne, le royaume n’eût été désolé, par un fléau plus terrible encore que la guerre. Une épidémie qui n’avait d’exemple que dans la peste-noire de 1347, dévora un tiers de la population de la France. Les hommes se fuyaient : les villes et les châteaux étaient déserts. Les pays riverains de l’Océan, plus exposés que ceux du centre à l’invasion de la maladie, furent les premiers atteints et les plus cruellement affligés. Dans la Saintonge et l’Aunis la mortalité fut si grande pendant quinze années, que jamais on n’avait vu une pareille calamité. Les affaires étaient suspendues, le commerce anéanti. On craignait de trouver le principe du mal dans les choses les plus nécessaires à la vie. A Saint-Jean d’Angély la perception de l’impôt sur les comestibles éprouva une baisse si considérable, que le corps-de-ville fut obligé de faire remise aux fermiers d’une grande partie du prix de leur ferme [2]. A la Rochelle, presque tous les officiers de la commune avaient pris la fuite : le mal fit des progrès d’autant plus rapides dans cette populeuse cité, qu’aucune mesure n’était prise pour arrêter la contagion. Le maire fut forcé d’user de contrainte pour ramener à leur poste les magistrats que la terreur en avait éloignés [3]. Aux horreurs de la peste se joignirent bientôt celles de la famine, sa compagne obligée. La récolte manqua entièrement faute de bras pour labourer et ensemencer les terres. Dans l’Aunis, le prix du froment monta à dix et onze sous le boisseau de Marans, ce qui était un prix excessif. Déjà depuis long-temps le peuple mourait de faim et de misère, lorsque huit navires chargés de blé pour l’Espagne vinrent relâcher dans la rade de la Palisse. Le maire de la Rochelle les fit arrêter et conduire dans le port. Les capitaines furent contraints de vendre leur cargaison à la commune pour alimenter la ville et la banlieue [4]. Source : Histoire de la Saintonge - Massiou |
1502 avril à décembre | Peste et disette | Angoulême (16) | Source : SAHC 1886 - La misère et les épidémies à Angoulême aux XVIe et XVIIe siècles. Texte de cette étude d’A.-F. Lièvre |
1515 | Peste | Angoulême (16) | id. |
1518 | Peste | Angoulême (16) | id. |
1524 | Peste | Saint-Jean d’Angély (17) | Hillairet : médecin distingué de Saint-Jean d’Angély, au commencement du XVIe siècle. Une inscription retrouvée en 1845 a révélé que, lors de la peste qui en 1524 affligea la Saintonge et qui enleva une grande partie de sa population, le charitable docteur fit ériger près de sa maison un bâtiment servant de succursale à l’aumônerie de Lussant et y déposa un grand nombre de pestiférés qu’il traita à ses frais. Source : Biographie saintongeaise - Pierre Damien Rainguet - 1831 |
1529 | Peste | Angoulême (16) | Source : SAHC 1886 - La misère et les épidémies à Angoulême aux XVIe et XVIIe siècles. Texte de cette étude d’A.-F. Lièvre |
1540 | Lèpre | Angoulême (16) | id. |
1547 | Peste | Angoulême (16) | id. |
1550 (c) | Peste | Angoumois | Jean de la Péruse, poète angoumoisin (1529-1554) donne sa vision poétique et saisissante de cette épidémie qui ravage le pays : Cette jalouse s’en va Au bas centre de la Terre, Où la Peste elle trouva, Faisant à soi mesme guerre. Peste avoit la chair plombée, Peste gisoit à l’envers Au sueil de son huis tombée, Rongée de mille vers. Soudain Peste se levoit, Alloit, venoit sans demeure, Jamais Peste arrest n’avoit En un lieu une seule heure : Elle sent dans ses entrailles Mille et mille feux ardans, Et mille ardantes tenailles Qui la tenaillent dedans. Son corps sent au bruslement, Son alène put au soufre, Sa chair est sans vestement Pour la chaleur qu’elle souffre ! Peste a la langue tirée, Peste a ouvers les nazeaux, Peste est tousjours altérée Sans se pouvoir souler d’eaux. Où elle est, n’y a que bruit, Jamais la paix n’y réside ; Le soleil jamais n’y luit, Et jamais n’y faict humide. Une chaleur morne, enclose Dedans un aer obscurci, Sèche, brusle toute chose, Et brusle les corps aussi. De cèdres et de cyprès Est couverte la campaigne, La Mort se tient là bien près, Cest de Peste la compaigne. Là le hibou se lamente, Là on oit le noir corbeau, Qui, d’un chant mortel qu’il chante, Ne prédit que le tombeau. Source : Le trésor des pièces angoumoisines inédites ou rares - Tome 1 - Société Archéologique et Historique de Charente - 1863 |
1568 | Peste | La Rochelle (17) | « Le dimanche au soir, XXIe dud. moys de IXe, le Roy sortant de sa chambre, pour s’aller mectre à table, dict et asseura tout hault que monsgr le conte de Rochefocault estoit mort de peste a la Rochelle, qu’est une grande perte à ceulx de la religion, et en font grand regret. » Source : Le Livre du Roy, (nom donné à un recueil de textes divers du XVIe siècle aux Archives de Briançon) cité dans le Bulletin de l’Académie Delphinale - T1 - 1846 |
1573 | La "colique du Poitou", une maladie proche du choléra | La Rochelle (17) | L’épidémie décime les troupes royales qui assiègent la ville. Description par Amos Barbot : Ce qui les affaiblissoit et allentissoit de courage de telle façon, oultre la ferme résolution qu’ils remarquoient en ceulx de cette ville pour leur deffence, estoit que la disette et nécessité estoit aussi grande parmi le camp et armée du roy qu’en cette ville, les malladies beaucoup plus grandes, non seulement de fiebvres, mais de flux de ventre et de sang, les dyssenteries(1) en affligeant beaucoup et finallement que leurs blessés et stropiats estaient si maltraités et pansés, qu’estant deslaissés et abandonnés en la pourriture de leurs playes, ils n’estoient pas seulement infectés, mais mangés par les vers qui s’y mettaient, et de plus qu’en l’armée susdite il se naissait et formoit de jour à aultre entre les grands et la noblesse des mescontentemens qui leur faisoient abandonner le camp soubs des prétextes d’indispositions et malladies, et qu’une grande partie de l’armée n’estoit devant cette ville qu’à regret et pour fuir la rigueur des massacres qui estaient quallifiés catholiques nouveaux, à la différence de ceux qu’on appelloit fidelles qui estaient les violans et ardens, et de ceulx qu’on disoit malcontens qui avoient pour principal dessain leurs intérests particuliers.
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1585 | Peste | St Jean d’Angély (17) | « Une peste horrible désolait alors la Saintonge, et moissonnait surtout la population de Saint-Jean-d’Angély. Les bourgeois de cette ville, désertant leurs demeures infectées par la contagion, vivaient pêle-mêle sous des tentes dressées sur la contrescarpe et dans les fossés de la place, laissant leurs foyers à la garde de la vigie placée dans la haute tour du beffroi. Au fléau de la peste se joignit bientôt celui de la famine : les récoltes avaient péri, en grande gartie, dans les champs, faute de bras pour faire la moisson. » Source : Histoire politique, civile et religieuse de la Saintonge et de l’Aunis - D. Massiou - 1846 Rétablissement par Henri IV en décembre 1595 d’une maîtrise des savetiers de St Jean d’Angély, dont les titres ont été perdus, notamment à cause de l’épidémie de 1585 (Source connue AD33/1B16 - texte non connu) |
1586-1588 | Peste | Angoulême (16) | id. Texte de cette étude d’A.-F. Lièvre |
1586 | Peste | Beauvais-sur-Matha (17) | Voir la description surréaliste de cette peste par Agrippa d’Aubigné |
1590 | Peste | Angoulême (16) | SAHC 1886 Texte de cette étude d’A.-F. Lièvre |
1603 | Peste | Poitiers, Châtellerault, Blois, Bordeaux, La Rochelle, Oleron, Arvert, Brouage, Marennes, Jonzac, Jarnac-Champagne, etc | Voir sur cette épidémie une étude de Louis Audiat en 1885 |
1604 | Peste | La Rochelle (17) | (20 juillet) La peste avait été apportée en cette ville, au mois d’août précédent, par un individu de Niort, où elle régnait alors. Après des alternatives de diminution et de recrudescence , le fléau, depuis une dizaine de jours, redoublant de fureur, on avait augmenté le nombre des commissaires chargés de pourvoir à toutes les mesures nécessaires, et nommé deux échevins, deux pairs et trois bourgeois. Mais comme la désertion était générale, le corps de ville décide que ceux qui resteroient plus de deux nuits aux champs, à raison de la contagion, perdraient leur estât, tant les eschevins et pairs que bourgeois. Mireuil fut encore choisi pour le dépôt des malheureux pestiférés. On fît construire, pour les y transporter, un charriot de bois et une chaise, dont les porteurs avaient des habits bleus, chamarrés de blanc. On avait d’abord tapissé de blanc les portes des malades de la ville, on se contenta ensuite de les marquer d’une croix blanche. Il mourut jusqu’à 200 personnes par mois au seul lieu de Mireuil. On remarqua que la peste frappait principalement ceux qui se tenaient salement en leur maison, qui se nourissoient de mauvaises viandes, et ceux qui faisaient excès avec les femmes, au vin et aux tripots, et aussi qu’on peschoit une quantité incroyable de maigres : ce qui estoyt une signification de peste, disoyent les personnes âgées. Le terrible fléau ne diminua qu’au mois de novembre ou de décembre, et se prolongea jusqu’au mois d’août 1605. Il n’avait pas tardé à envahir les campagnes, et les bourgs de Laleu, Marsilly, Esnandes, Longèves , Cyré , Aytré , Tasdon, Saint-Rogatien et Bourgneuf furent principalement maltraités. (Conain. -Merlin. — Baudouin.) Source : Ephémérides historiques de La Rochelle - J.-B.-E. Jourdan - 1861 |
1605 | Peste | Saintes (17) | Voir sur cette épidémie une étude de Louis Audiat en 1885 |
1605 | Peste | Aunis
Saintonge |
En cet an 1605, le fléau de la contagion qui dès long temps affligeoit fort et battoit la Touraine, l’Anjou, le Maine, le Poitou, le pays d’Aunis, la Xaintonge et autres pays et provinces adjacentes s’épandit tellement en la Guyenne que la cour de parlement en quitta Bourdeaux pour aller à Agen Source : Registre-journal de Henri IV par Pierre de L’Estoile - dans Mémoires pour servir à l’Histoire de France - Michaud & Poujoulat - Paris 1837 |
1629-1630 | Peste | Barbezieux (16) | Voir La peste à Barbezieux (1629-1630), par Jules Pellisson (1876) |
1629-1630 | Peste | Cognac (16) | Voir des extraits des Etudes Historiques sur la ville de Cognac par François Marvaud (1870) |
1630 | Peste | Pons (17) | En 1630, alors que la famine ravagea notre province [5] et fut suivie de la peste, messire de Miossans fit construire un grand nombre de huttes près de la ville de Pons et, vers le lieu même où depuis fut bâtie -1631- la chapelle de Saint-Roch pour l’accomplissement d’un vœu fait par les habitants que tourmentait le double fléau depuis une année. On recevait indistinctement dans ces abris provisoires et que la prudence faisait éloigner des habitations, les catholiques et les protestants [6]. Les religieux récollets s’étaient voués charitablement au service des pestiférés. Source : Histoire politique, civile et religieuse de la Saintonge et de l’Aunis - D. Massiou |
1629-1631 | Peste | Angoulême (16) | SAHC 1886 Texte de cette étude d’A.-F. Lièvre |
1647 | Peste | dans les faubourgs d’Angoulême (16) | SAHC 1886 Texte de cette étude d’A.-F. Lièvre |
1652 | Peste | à Saintes (17), à Ecoyeux (17) | Voir sur cette épidémie une étude de Louis Audiat en 1885 |
1666-1673 | Dysenterie, scorbut, pourpre, peste | Tonnay-Charente (17) | Dès le mois de novembre 1666, Colbert de Terron avait transformé en hôpital maritime le prieuré de Saint-Eloi de Tonnay-Charente, mais cet établissement devint bientôt insuffisant à raison du nombre toujours croissant des malades atteints de la dissenterie, du scorbut, du pourpre et de la peste. La crainte de la contagion finit même par en chasser les infirmiers, et les malades abandonnés de ceux qui étaient chargés de leur donner des soins seraient morts sans secours si les capucins du lieu ne se fussent dévoués à cet exercice de charité. En 1675, l’hôpital de la marine ayant été transféré à Rochefort, dans un local disposé exprès a la suite du magasin des vivres, le soin des malades fut confié aux sœurs hospitalières de Saint Vincent de Paul. Source : Histoire politique, civile et religieuse de la Saintonge et de l’Aunis - D. Massiou |
1686 | Peste, dysenterie | Pissotte et L’Orbrie (85) | Tirées des chroniques paroissiales de Pissotte (actuellement en Vendée, dépendait alors des évêchés de Saintes et de la Rochelle - de nombreux curés de l’Aunis en furent prieurs : ainsi dans la commune voisine de l’Orbrie, Jean Boisdon né le 20 septembre 1665 de Pierre Boisdon, Me tonnelier et de Catherine Sauvageau) Les épidémies : La peste : En mai 1686, la plume angoissée du pasteur de Pissot (Pissotte) traça cette ligne : « Commencement de la peste ». Les actes de baptême sont rares, ce ne sont que décès - pas moins de cinquante-cinq actes. Rien que dans une famille - celle de Mathurin Aumant, neveu du défunt curé Renou - on compte trois décès d’enfants en deux mois. Le 13 juillet, « Marguerite aagée de six mois » puis en août « Marie-Jeanne 4 ans », puis le 20 septembre Catherine. Le curé de l’Orbrie, Mr Fourneau vint à plusieurs reprises seconder son confrère. A la dernière page du registre on peut lire ces lugubres détails : « Cette année feut une année de peste qui commença au mois de may ; les malades étaient attaqués à la teste d’abord, et en trois jours ils tomboient en le délire, le sang sortoient (sic) des coffres comon (sic) portoit les corps en terre et rendoient une odeur très mauvaise » - Journolleau, c. de Pissot". Source : Registres paroissiaux, aimablement communiqués par Henri Boutet |
1694 | Fièvre jaune ? | Rochefort (17) | Cette épidémie a été décrite par Pierre Chirac [7] (1652-1732), médecin du port de Rochefort vers 1696, médecin du Roi en 1731, dans son Traité des fièvres malignes et pestilentielles qui ont régné à Rochefort en 1694. - Paris - 1742 Quelques années après il y eut à Rochefort une autre maladie épidémique, qu’on appelle de Siam, effrayante par le seul spectacle & nouvelle dans nos climats. M. Bégon, Intendant de cette Ville, demanda au Roi M. Chirac, déjà très-célèbre, & singulièrement pour les cas extraordinaires. Il eut recours à l’ouverture des cadavres. Il en ouvrit environ 500, vit le mal dans ses sources, & s’en assura si bien, que comme il crut qu’il en pourroit être attaqué lui-même, il composa un Mémoire de la manière dont il vouloit être traité, & de tout ce qu’il y avoit à faire selon les différens accidens dont la maladie étoit susceptible. Il chargeoit de l’exécution un Chirurgien seul en qui il avoit pris confiance, & prioit instamment M. Bégon, de ne pas permettre qu’aucun autre s’en mêlât. Pour l’honneur de M. Chirac, il fut attaqué de la maladie, traité selon ses ordres & guéri ; il lui en resta seulement la suite ordinaire, une jaunisse ;& sa convalescence fut très-longue. Pendant son séjour à Rochefort, il traita beaucoup de petites véroles, mais selon sa méthode particulière & qui lui réussit. M. Silva disoit qu’il n’appartenoit qu’à M. Chirac, d’être Législateur en Médecine. Apres s’être entièrement remis des fatigues & de sa maladie de Rochefort, il reprit à Montpellier ses anciennes fonctions de Professeur & de Médecin. Le nom de M. Chirac ne laissoit pas de croître de jour en jour. (Source : Bienfaisance françoise ou Mémoires pour servir à l’histoire de ce siècle, par M. Dagues de Clairefontaine - Paris - 1778) |
1701 | Dysenterie | Pissotte (85) | L’autre fléau - la dysenterie - qui s’abattit, seize ans après l’épidémie de peste (voir année 1686), sur une population à peine revenue du précédent cauchemar. Elle dura moins longtemps et fit moins de victimes pourtant de septembre à décembre, le Curé Journolleau dût enregistrer trente-trois décès dont la plupart étaient causés par l’impitoyable mal. Source : Registres paroissiaux, aimablement communiqués par Henri Boutet |
1724 | Maladies diverses | Angoulême (16) | Règlement de police de la ville d’Angoulême - Dispositions spécifiques aux bouchers :
Deffenses à toutes personnes tachées et atteintes de scorbut, scrophules, ou écrouelles, d’épilepsie ou haut mal, lèpre, maladies vénériennes, teignes et punais, d’exercer ou faire profession du métier de boucher, à peine de cinq cent livres d’amende et de punition corporelle s’il y échoit, afin d’éviter les inconvéniens qui en pourroient arriver, et aux Syndics jurez et autres maistres de les recevoir à la maîtrise ou de s’en servir pour compagnons ou domestiques aux mêmes peines, et de demeurer déchus de leurs maîtrises. |
1745 | Scorbut, peste | Rochefort (17) | L’habile médecin [Jean Cochon-Dupuy] eut à lutter en 1745 contre un scorbut pestilentiel apporté à Rochefort par l’escadre qui ramenait dans cette ville la garnison de Louisbourg. L’intensité du mal fut telle que 110 chirurgiens, 22 pharmaciens, 19 sœurs de charité, 5 aumôniers et plusieurs infirmiers succombèrent, victimes de leur dévouement à servir 3,000 malades atteints de la peste. La crainte de la contagion ferma les cœurs et les portes des habitants de Rochefort. C’est en vain que M. Dupuy chercha d’abord des logements pour abriter tant d’infortunés, mais bientôt persuadés par l’exemple de l’habile et charitable praticien on s’empressa de loger les malheureux et de concourir à leur soulagement. Dès lors grâce aux soins de Dupuy et de son fils et au zèle déployé par la population, les malades entrèrent promptement en convalescence et la crainte du danger disparut complètement. Source : Biographie saintongeaise - Pierre Damien Rainguet - 1831 |
1832 | Choléra | Rochefort (17) | 130 décès sur 246 malades (Revue médicale française et étrangère - année 1841) |
1834 | Choléra | Rochefort (17) | 48 décès sur 200 malades (id.) |
1837 | Grippe | Rochefort (17) | 25 décès sur 146 malades (id.) |
1839 | Méningite cérébro-spinale | Bagne de Rochefort (17) | Prise d’abord pour un typhus, courant dans les bagnes, l’épidémie s’avéra être celle de la méningite cérébro-spinale. (Source : Recherches historiques sur la maladie qui a régné au bagne de Rochefort, par M. Lefèvre - Paris 1840) |
Voir en ligne : Le climat et les famines (Emmanuel Le Roy Ladurie)
[1] Ergotisme : maladie transmise à l’homme par le seigle ergoté. Définition de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : M. Tissot, dans l’Avis au peuple sur sa santé, page 514, seconde édition, rapporte les symptomes de la maladie qui attaque ceux qui ont mangé quelque tems du seigle ergoté : ils tombent dans une espece d’engourdissement & de stupidité ; le ventre devient gonflé & tendu ; ils maigrissent, sont jaunes & si foibles qu’ils ne peuvent se soutenir. La jambe ou le bras s’engourdissent, deviennent violets ; la peau est froide, & la gangrene paroît aux doigts des pieds ou des mains : si l’on n’y remédie promptement, le mal s’étend, & tue le malade en peu de tems ; souvent les membres se détachent à l’articulation, & tombent sans qu’il arrive d’hémorragie. Il se leve en différens endroits de petites pustules remplies d’un pus très-clair ; le pouls est concentré, & le sang que l’on tire est couenneux. On peut voir au même endroit le traitement indiqué par cet habile médecin ; mais il prescrit trop tôt l’usage de l’eau escarotique qui ne doit pas être employée dans la gangrene commençante.
[2] Trésor de la ville de Saint-Jean d’Angély. 12e liasse, n° 9. ap. Guill. Merville. Recherch. sur Saint-Jean d’Angély. p. 290.
[3] Amos Barbot. ap. Arcére. Hist. de la Rochelle, tom. I. p. 307.
[4] Mss. de l’Oratoire de la Rochelle ap. Arcère hist. de la Rochelle tome I p.307
[5] On raconte que le nombre des victimes dans la Guyenne ne fut pas inférieur à 40,000.
[6] V Hist des égl. réf p 117
[7] Dans ses Mémoires sur le siècle de Louis XIV, Saint-Simon peint de Chirac ce portrait à l’eau-forte : « C’étoit le plus savant médecin de son temps, en théorie et en pratique, et, de l’aveu de tous ses confrères et de ceux de la première réputation, leur maître à tous, devant qui ils étoient tous en respect comme des écoliers, et lui avec eux en pleine autorité comme un autre Esculape. C’est ce que personne n’ignoroit ; mais ce que je ne sus que depuis et ce que l’expérience m’apprit aussi dans la suite, c’est que l’avarice le rongeoit en nageant dans les biens ; que l’honneur, la probité, peut-être la religion lui étoient inconnus et que son audace étoit à l’épreuve de tout. »