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1629 - 1630 - La peste à Barbezieux (16)

jeudi 5 juillet 2007, par Pierre, 4581 visites.

Notice sur la peste de Barbezieux (1629-1630), par M. Jules Pellisson

Un article très documenté qui révèle surtout l’impuissance de la population devant une telle épidémie.

Les sources sont tirées des registres paroissiaux de Barbezieux
Après l’étude sur la peste, on trouve des notices généalogiques sur les familles Merchan, Lévéquot et Guillotin (voir forum) de Barbezieux.

Source : Bulletins et Mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente - Année 1876

Parmi les sources où l’histoire locale peut puiser il n’en est pas de plus féconde que les anciens registres de l’état civil. La lecture de ces documents est bien loin sans doute de présenter un intérêt soutenu, mais les chercheurs sont récompensés de leur peine par des découvertes précieuses et souvent inattendues. Les ministres des cultes ne se bornaient pas à enregistrer les baptêmes, les mariages et les décès. Souvent ils prenaient note des événements importants qui s’accomplissaient sous leurs yeux, et plus d’un s’est trouvé écrire un journal à une époque pu il n’y avait pas de journaux.
Dans son beau livre sur Paris, M. Maxime du Camp a signalé les curiosités de l’état civil de cette grande ville, œuvre de plusieurs siècles que la Commune a détruite en un jour. Rien ne serait plus intéressant que de rechercher dans les registres provinciaux tous les renseignements dont l’histoire peut profiter.

Les registres de Barbezieux, catholiques et protestants, seront toujours consultés avec fruit par ceux qui voudront connaître exactement l’histoire de cette ville. Citer toutes les curiosités qu’ils contiennent serait un travail qui dépasserait de beaucoup les limites de cette notice, consacrée surtout à la peste de 1629-1630. Je me bornerai à en indiquer quelques-unes.

La date exacte du passage de Henri IV à Barbezieux nous est connue par cette note consignée le 28 juin 1586 sur le registre protestant :
« Tous les susdits unze baptesmes ont esté administrés par M. de la Croix estant à la suite de Monseigneur le prince de Condé passant par ce lieu estant avec le Roy de Navarre. »

Le 10 juin 1628, le curé Espinet, faisant un baptême à l’issue des vêpres dans l’église Saint-Ymas, au château de Barbezieux, ouvre une parenthèse pour nous apprendre « qu’à ces vespres assistoit Madame de Liancourt, dame de Barbezieux. »

Le 4 septembre 1652, le curé Devésis, rédigeant un acte de décès, constate qu’il n’a pas donné l’extrême-onction au malade parce qu’il n’a pas été averti de l’extrémité où il était « le pays estant couvert de gens de guerre. » Nous avons par là une idée des mouvements de troupes que nécessita pendant la Fronde la prise de Barbezieux.

En 1708, le curé Desbordes écrit : « Il y eut cette année une grande gelée qui nous fit craindre une famine dont Dieu nous garantit. »

J’arrive maintenant au récit de la maladie contagieuse qui régna à Barbezieux pendant une partie des années 1629 et 1630, et qui fait le sujet de cette notice. C’est le registre protestant qui donne cette relation ; il serait intéressant de connaître les détails que le curé Espinet a dû de son côté consigner sur le registre des décès, mais celui-ci est malheureusement perdu. Déjà, en 1862, la Société archéologique de la Charente a reçu sur cette épidémie une communication de M. Birot-Breuilh, alors vice-président du tribunal civil d’Angoulême (voir le volume de 1862, p. 174, 175 et 176) ; mais le Bulletin n’a reproduit qu’une partie de cette curieuse page de l’histoire barbezilienne. Dans sa Chronique protestante de l’Angoumois, p. 217, M. Victor Bujeaud n’en cite que de très courts fragments. J’ai pensé qu’une reproduction in extenso, accompagnée de détails sur les lieux qui furent le théâtre de l’épidémie, sur les circonstances dans lesquelles elle sévit et sur deux anciennes familles de Barbezieux nommées dans le récit qui va suivre, pourrait offrir quelque intérêt.

C’est aux archives de la mairie de Barbezieux que se trouve le registre contenant cette relation. Voici en quels termes elle est conçue :

« Le 19e ou 20e juin 1629 est deceddé de contagion au lieu de Saint Hillaire [1], Jaques Fillon, fils de Jehan, cherpantier, trois ou quatre jours apprès estre venu de la ville de la Rochelle en laquelle il avoit séjourné quelque temps pendant lequel le mal contagieux estoit en lad. ville, et fut enterré es cymetières de ce lieu pour ce qu’on ne sçavoit qu’il fust mort de ce mal.

Le 25e dud. mois decedderent du mesme mal aud. lieu de St Hillaire lesd. Jehan Fillon et Elizabeth Pelletan, sa femme, et pour lhors fut descouvert led. mal et furent iceux enterrez en le chenevard [2] par un nommé Decouvertefon [3] autrement la Fontayne quy despuis a heu led. mal et tous ceux de sa maison et presque tout le reste dud. village.

Le quinziesme septembre 1629 mourut aussy de mal contagieux en ce lieu Pierre Blanc, filz d’autre Pierre Blanc, armurier, et fut enterré en le jardin par ses père et mère.

Le 17e dud. mois de septembre aud. an mourut aussy dud. mal Yzabeau Troussillon, femme d’Abraham Delavergne, et fut enterrée en son jardin par un avanturier qu’on fit venir exprès.

Le 26e du mesme mois mourut pareillement de contagion Yzabel Rabanier, femme dud. Pierre Blanc, armurier, qui fut aussy enterrée en son jardin par les avanturiers.

Le jeudy ensuivant 29e du susd. decedda dud. mal led. Pierre Blanc quy fut enterré auprès de sa femme et laissa deux enfans masles asscavoir Berthommé et Izaac frappez dud. mal quy touttes fois en guérirent peu apprès.

Le lundy premier d’octobre decedda aussy de contagion Jehanne Delamérac, femme de Jehan Gerbault, maréchal, laquelle avoit esté au trespassement de lad. Troussillon.

Le dimanche 6e dud. mois d’octobre 1629 decedda du mesme mal Hierosme Delavergne, filz dud. Abraham et de lad. Troussillon.

Au mesme temps que dessus ou peu après le peuple voyant que le mal augmentoit se seroyent assemblez en corps au parquet de ce lieu où ils auroyent entré en nomination de 12 personnes pour pourvoir à la conservation du lieu et délibérer de tout ce qui seroit expédient, lesquels auroyent mis tous ceux qu’on jugea infectez hors de la présente ville et iceux envoyez au village de la Regnaudrie [4] avecq des avanturiers pour les traitter où decedda led. Jehan Gerbault, maréchal, et deux siennes filles.

Le 15e du susd. mois d’octobre decedda aud. lieu de la Regnauldrie led. Abraham Delavergne et laissa un sien filz nommé Pierre Delavergne infecté dud. mal quy despuis en est guéry.

Pendant led. temps decedda aussy aud. lieu et en la présente ville plusieurs papistes quy ne sont icy nommez.

Le 25e du mesme mois d’octobre decedda en ce lieu Pierre Bardon, me cordonnier, lequel à cause de sa mort subite fut visité par M. Boutin, médecin, et les srs Petit et Chambauld, appothicaires, en présence de Mr Merchan, juge sénéchal du présent lieu, et plusieurs autres personnes, lesquels ne luy ayans recognu aucune chose dud. mal fut enterré es cymetières de ceux de notre Religion par Jacques Jaffard, son gendre, Tiphaine Tillard, sa femme, et Pierre Bardon, son filz, chose fort pitoyable à voir.

Le XIe novembre ensuivant decedda de contagion led. Pierre, filz de l’autre Pierre Bardon, lequel pareillement visité par les susd. ne luy fut non plus recognu aucun signe dud. mal quy fut cause qu’il fut enterré es cymetières dud. lieu par lad. Tilhard, sa mère, et Jehanne Bardon, femme dud. Jaffard, sa soeur, chose encore plus pitoyable à voir. Il ne fut malade que trois jours.

Le mesme jour quy estoit un dimanche, led. Jacques Jaffard fut saizy dud. mal et le mercredy ensuivant 14e dud. mois decedda en la maison de M. le juge Lévéquot où aussy estoient deceddez lesd. Bardons père et filz et fut enterré dans les fossez de la présente ville par les avanturiers.

Le mardy ensuivant 20e du mesme mois deçedda lad. Jehanne Bardon, femme dud. Jaffard, et fut enterrée dans lesd. fossez par lesd. avanturiers.

Le landemain, lad. Tiphaine Tillard fut mise dans une cabourne près le pas de Ripecu où elle decedda le jeudy apprès qui estoit le 22e. Comme aussy decedda Pierre Jaffard, filz dud. Jacques et de lad. Bardon, quy avoit esté donné à gouverner à une avanturière d’aultant qu’il ne pouvoit avoir que 20 ou 21 mois. Il decedda le vendredy 23e dud. mois.

Le landemain de Noël 26e décembre et le vendredy 29e dud. mois decedderent Marie et l’autre Marie Regnauld, filles de Thitte Regnauld, pintier, et de Marie Moulinier, et tenoit on qu’elles estoient deceddées dud. mal contagieux. Elles furent enterrées l’une es cymetières de ce lieu à cachette et l’autre dans le jardin en Lymouzin [5].

Le 1630 decedda Jaillier, 3e femme de Me Daniel Clémens, notaire Royal, et fut enterrée es cymetières de ce lieu accompagnée de plusieurs personnes d’aultant que pour lhors le mal avoit cessé et qu’elle n’en estoit morte, outre qu’elle avoit esté longtemps au lict traittée par médecins, appothicaires et chirurgiens.

Le 1630 est deceddée de contagion (comme on disoit) Regnauld, femme de Jacques Loquet, maréchal, et a esté enterrée es cymetières de ce lieu d’aultant qu’on n’apperceut qu’elle fut morte de ce mal.

Le est deceddé Coffre, filz de Hélies Coffre
le jeune, marchand bouchier, mort de contagion comme il fut vériffié, qui fut cause que plusieurs familles furent retenues pour avoir fréquenté la maison dud. Coffre.

Le 1630 est deceddé pareillement de contagion Daniel Loquet, fllz dud. Jacques et de lad. Regnauld, et a esté enterré en le jardin par Pierre Desessars qui l’avoit traitté en sa maladie.

Pour lors le mal a cessé.

Le récit de cette épidémie est écrit de la main de Loquet, dont on trouve les qualités dans un acte de baptême du 22 décembre 1627 : « A esté perrin moy, Daniel Loquet, ancien et lecteur de ceste églize et scindic et scribe du Consistoire d’icelle. »

L’acte de baptême de son fils Daniel, du 16 septembre 1629, porte qu’il avait épousé Marie Moizant. La famille Loquet existe encore aujourd’hui. (1876)

Il est à remarquer que dans cette relation Loquet emploie continuellement le mot contagion. Si, dans cette notice, je me sers de préférence du mot peste, c’est qu’il est plus usité, et que d’ailleurs, dans le langage des médecins de l’époque, ces deux mots sont employés indifféremment comme synonymes pour désigner une maladie contagieuse. (Voir notamment : Traicté de la peste advenue en ceste ville de Paris, l’an 1596, 1606, 1619 et 1623, par M. Guillaume Potel, chirurgien juré à Paris, natif de Meaux ; Paris, 1624, in-8°. — Advis sur la nature de la peste et sur les moyens de s’en préserver et guérir, par M. François Citoys, médecin du Roy près Monseigneur le cardinal duc de Richelieu ; Paris, 1639, Michel Blageart, in-8°.)

Quels furent les caractères pathologiques de la peste de Barbezieux ? Cette question n’est pas facile à résoudre, car il n’y a rien de scientifique ni de médical dans le récit de Daniel Loquet. Il nous dit bien que Jacques Fillon, qui fut la première victime de la maladie épidémique, en avait contracté le germe à La Rochelle ; mais quel nom donner à l’épidémie rochelaise ? Par quels symptômes s’était-elle manifestée ? Les recherches auxquelles je me suis livré ne m’ont rien appris de bien positif sur ce point.

Dans son admirable récit du siège de La Rochelle, Mervault parle souvent des maladies engendrées par les privations inouïes que la population eut à endurer. Il ne s’explique qu’une seule fois sur les signes extérieurs d’une de ces épidémies, et ses remarques s’appliquent à la dernière semaine du mois d’octobre 1628, époque où la ville allait être obligée de se rendre à discrétion..

« On remarquoit, dit-il, qu’après avoir été déchargé de graisse et de chair, et n’avoir plus que la peau et les os, on enfloit ensuite par les jambes et par le visage et l’on devenoit comme hydropique. En cet état, les uns mouroient avec un teint extrêmement jaune et les autres en désenflant ; ce qui se faisoit fort promptement, et en l’espace de quatre ou cinq jours. » (Édition de Rouen, 1671, p. 582.)

La maladie qui régnait à La Rochelle dans les premiers mois de 1629 et qui fut communiquée par Jacques Fillon à la population de Saint-Hilaire et de Barbezieux était-elle la même que celle décrite par Mervault ? Les historiens de La Rochelle ne nous donnent là-dessus aucun renseignement. Le Père Arcère n’en dit pas un mot ; M. Delayant, l’érudit bibliothécaire de La Rochelle, que j’aurai à remercier tout à l’heure des renseignements qu’il a bien voulu me donner, se borne à signaler les effets de cette maladie : « De vingt-huit mille individus que le recensement fait par Godefroy au commencement du siège avait trouvés à La Rochelle, il n’en restait plus qu’environ cinq mille quatre cents, dont plus de mille moururent encore dans les. trois mois qui suivirent la paix. » (Histoire des Rochelais, t. II, p. 81.) M. Delayant emprunte ces renseignements à un témoin oculaire, Raphaël Colin (p. 115 de son manuscrit). Les autres historiens se taisent, regardant sans doute cette épidémie qui tua mille personnes sur cinq mille en trois mois comme une suite des calamités du siège.

Cependant elle en fut distincte. Voici, en effet, ce qu’on lit dans le Sermon sur la danse, du pasteur Philippe Vincent, édition de 1646, p. 53 :
« Si la main de Dieu fut lors en quelque façon allégée, si ne pouvons-nous pas dire qu’il la retira tout à fait. De vrai, tout incontinent après, ne le voilà-t-il pas qui, ouvrant de nouveau l’arsenal de ses jugements, comme parle notre prophète, en tire une autre arme de son indignation, je veux dire la mortalité qui vint faire ses ravages au milieu de nous. Des trois fléaux qu’il avoit proposés à David lorsque son courroux s’alluma contre lui, nous avions supporté les deux ; mais il nous fallut passer par le troisième. Nous n’étions qu’un pauvre et misérable résidu échappé par miracle à l’épée et à la faim ; nonobstant, voici encore arriver la contagion qui nous vint faucher et coup sur coup nous fit voir de nouvelles funérailles. »

Voici un autre passage à peine postérieur où le mot peste est employé pour désigner cette maladie contagieuse. C’est un fragment d’une histoire de l’établissement des hôpitaux de l’ordre de la Charité (manuscrit conservé à la bibliothèque de La Rochelle).

« La peste ayant succédé à la guerre et à cette horrible famine que les Rochelais avoient souffertes, elle emporta beaucoup de monde. Dans cette calamité publique, les religieux de la Charité firent paraître leur zèle : ils s’exposèrent volontiers pour soulager ceux qui furent frappés de cette terrible maladie, et quoique plusieurs d’entre eux en furent frappés et moururent, la charité des autres ne s’en refroidit point ; au contraire, ils en furent plus empressés à secourir les malades. Le Provincial se trouvant pénétré d’une extrême tristesse d’apprendre la mort de tant de zélés religieux qu’il aimoit tendrement avoit peine à en exposer d’autres ; il convoqua en chapitre ceux de l’hôpital de Paris où il étoit et leur exposant sa douleur plus par ses larmes et par ses soupirs que par ses paroles, il ne put dire autre chose sinon qu’il ne pouvoit presque se résoudre à leur proposer la nécessité d’envoyer d’autres religieux à la place de ceux dont il venoit d’apprendre la mort. Mais il fut bientôt consolé voyant la ferveur que chacun témoigna en s’agenouillant devant lui pour le prier les larmes aux yeux de l’y envoyer. Alors, pénétré d’une sainte joie, il rendit grâces à Dieu de l’humble et dévote obéissance avec laquelle il voyoit les religieux s’offrir courageusement à une mort qui paraissoit comme inévitable. »

Des renseignements qui précèdent et du silence des historiens sur les symptômes de la maladie il faut conclure : 1° que la peste qui régnait à La Rochelle après le siège et qui fut communiquée à la population de Barbezieux était parfaitement distincte de la maladie décrite par Mervault ; 2° que les caractères pathologiques de cette peste nous sont inconnus.

Dans l’impossibilité où l’on est de rien affirmer à ce sujet, je crois qu’on peut s’en tenir à cette conclusion de M. Delayant, auquel je suis redevable des fragments que je viens de citer : « Je pense, me dit-il, que peu de médecins hésiteront à déclarer que, dans ces circonstances, ce dut être le typhus ou une maladie à forme typhoïde, mais je ne connais rien à l’appui ou à l’encontre de cette conjecture vraisemblable. »

Les mesures inhumaines dont les pestiférés de Barbezieux furent l’objet font naître de bien tristes réflexions sur l’organisation de l’assistance publique à cette époque. On peut porter sur la première moitié du XVIIe siècle le jugement que M. le docteur Achille Chéreau a porté sur le XVIe, dans la remarquable étude sur les épidémies parisiennes qu’il a placée en tête de sa réimpression des Ordonnances faictes et publiées à son de trompe par les carrefours de ceste ville de Paris pour éviter le dangier de peste 1531. (Paris, Willem, 1873.)

« Dans ce siècle, dit M. Chéreau, la théorie de la nature contagieuse des maladies dites pestilentielles règne dans toute sa plénitude. On s’imagine que le mauvais génie peut se transmettre non seulement par la cohabitation avec un malade, mais encore par les vêtements, les meubles, les ustensiles qui lui ont servi ; il y a même tels tissus qui sont regardés comme particulièrement susceptibles de servir de refuge au mauvais air ; les lainages, les fourrures ont surtout cette propriété, qu’ils doivent sans doute au relâchement des fils qui les composent, au moelleux de leur trame, à leurs nombreuses lacunes dans lesquelles le virus doit trouver un abri assuré. » (P. 23.)

En chassant les malades de la ville, en les reléguant au village de La Renauderie, en séquestrant ceux qui avaient fréquenté les pestiférés, Barbezieux ne fit donc que mettre en pratique les idées de l’époque, qui se ressentaient encore de la barbarie du moyen âge. Dans ses Études historiques sur la ville de Cognac (t. II, p. 115 et suivantes), M. Marvaud a donné les détails les plus intéressants sur la maladie contagieuse qui désola cette ville pendant cette cruelle année 1629 et presque toute l’année suivante. A Cognac comme à Barbezieux, les malades, comme autrefois les lépreux, se virent abandonnés et relégués hors de la ville, et furent obligés d’abriter leur misère dans le grand parc, sous des huttes faites de branches d’arbres. On alla jusqu’à défendre aux apothicaires et chirurgiens d’aller au village de Boussac, où le mal avait commencé à se manifester, et un apothicaire qui avait eu des relations avec quelques habitants de ce village fut exilé de la ville pendant trois mois[Il est à remarquer que le registre des mézées où M. Marvaud a puisé ces renseignements ne donne aucuns détails sur les symptômes de la maladie.]].

A Barbezieux, on voulut paraître faire quelque chose pour les pestiférés. Mais n’était-ce pas une dérision que de les faire soigner par ces aventuriers, soldats mercenaires qu’on appelait aussi les bandes noires, célèbres par leur brutalité et leur amour du pillage, et n’ayant pas la moindre notion de l’art médical ? D’ailleurs, il y eut des malades qu’on laissa mourir sans leur donner aucuns soins, notamment Tiphaine Tillard, qui, nous dit Loquet, « fut mise dans une cabourne près le pas de Ripecu. » Ces deux mots saintongeais méritent de nous arrêter un instant. Le pas de Ripecu, comme son nom l’indique, est une rue très rapide située dans le quartier du Limousin ; sa pente a été corrigée il y a quelques années, mais elle porte toujours son ancien nom. Quant aux cabournes, ce ne sont pas, dans le sens où le mot est employé ici, des arbres creux, comme M. Victor Bujeaud l’a dit par erreur dans sa Chronique protes¬tante de l’Angoumois, p. 217, mais bien des petites maisonnettes très basses, taillées dans le roc et prenant jour sur la rue par une lucarne. Il y en avait à Barbezieux dans le quartier du Limousin et dans la rue des Basses-Douves. Ces habitations misérables servaient de refuge aux pauvres gens, et les extraits suivants que j’ai relevés sur le registre catholique prouvent qu’ils y trouvaient souvent la mort :

« Le 4e de septembre 1710, j’ay enterré un pauvre que l’on a trouvé dans une cabourne appartenant à M. Bertiffort, âgé de 30 à 40 ans.

Le 9 octobre de l’année 1710, j’ay enterré un petit pauvre mort dans les cabournes des Douves, âgé de sept à huit ans.

Le 14 de febvrier 1714, j’ay enterré Suzanne Barault, avec son fils, écrasés par la chute du rocher sur les cabournes, laditte âgée de 45 ans et ledit de nœuf ans. »

Quelle fut la durée de la peste de Barbezieux ? Nous savons bien que la première victime mourut le 19 ou le 20 juin 1629 et qu’en 1630 il y avait encore des décès ; mais rien ne dit à quelle époque précise le mal s’arrêta. On a pu remarquer que dans la dernière partie du récit de Loquet toutes les dates et plusieurs prénoms sont laissés en blanc. L’explication de cette anomalie se trouve dans cette note con¬signée sur le registre :

« Tous les babtesmes cy emprès qui sont escripts de la main de M. Mathias Demontis, ancien de ceste Eglize, ont esté par lui enregistrez à cause de mon absance pendant le temps de contagion qui a esté en ce lieu et es environs lors de l’administration desd. babtesmes.
Signé : LOQUET, scribe du Consistoire. »

C’est le 1er novembre 1629 que commence l’écri¬ture de Demontis, et ce n’est que le 6 février 1630 que Loquet recommence à tenir le registre. Le récit de la peste étant tout entier de la main de Loquet, qui l’a signé au bas de toutes les pages, il faut admettre que depuis le 11 novembre 1629, date du décès de Pierre Bardon fils, jusqu’à la fin de l’épidémie cette relation fut rédigée sur des notes qui furent remises à Loquet lors de son retour à Barbezieux, notes dont la précision laisse beaucoup à désirer. D’après les probabilités, c’est dans le courant de février 1630 que le mal cessa.

Telle fut cette épidémie, sur laquelle j’aurais voulu pouvoir trouver des renseignements plus précis. Comme je l’ai déjà fait observer, Daniel Loquet est muet sur les symptômes de la peste et sur son mode d’évolution ; il ne s’explique pas davantage sur les remèdes qui furent administrés aux malades par les aventuriers, singuliers médecins qu’on improvisa pour la circonstance et qui m’ont remis en mémoire ce distique que j’ai lu sur le premier feuillet d’un vieux registre de pharmacie :
Pharmaca non cuivis, sed docto credere fas est ;
Fallitur indoctus, fallit et ipse suos.

Certes, c’était peu de chose que la vie humaine à une époque où l’on put imaginer de faire soigner des malades par des gens qui, sans aucun doute, étaient les dignes continuateurs de ces aventuriers dont Brantôme nous a tracé le portrait magistral que voici :

« Vous les trouverez représentez dans les vieilles peintures, tapisseries et vitres des anciennes maisons ; et Dieu sait comment représentez et habillez, plus à la pendarde vraiment comme on disoit de ce temps qu’à la propreté, portant des chemises à longues et grandes manches comme Bohèmes de jadis et Mores, qui leur duroient vêtues plus de deux ou trois mois sans changer ainsi que je l’ai ouï dire à aucuns, montrant leurs poitrines velues et pelues et toutes découvertes. »

Le même auteur ajoute : « C’étoient la plupart gens de sac et de corde, méchants garnements échappez à la justice et sur-tout force marquez de la fleur de lys sur l’épaule, essorillez et qui cachoient les oreilles à dire vray par longs cheveux hérissez, barbes horribles tant pour cette raison que pour se montrer effroyables à leurs ennemis. »

Ainsi, il n’est malheureusement que trop vrai qu’aucune direction intelligente ne présida au traitement des pestiférés relégués au village de La Renauderie. D’ailleurs, quand on lit aujourd’hui les livres de médecine de l’époque, on ne peut s’empêcher de sourire en voyant avec quelle naïveté ils préconisent certains moyens préventifs et curatifs. Tel est par exemple celui-ci, recommandé par Citoys, médecin à Poitiers, dans son Advis sur la nature de la peste et sur les moyens de s’en préserver et guérir, dont la première édition, d’après Dreux du Radier, parut en 1623 : « Un chapon noury de chair de vipère est excellent en ce temps. Les Italiens en usent pour prolonger leurs jours. » N’est-il pas vrai que l’application de ce remède sera toujours difficile, même à Barbezieux ?

Disons-le toutefois, tout n’est pas de cette force dans le livre de Citoys, et voici un autre moyen plus efficace : « Si on n’est obligé de tenir bon et demeurer par le deu de sa charge, comme est le Recteur et Curé de la paroisse, le Prévost des Marchands, Maire, premier Consul, Jurat, Capitou ou Capitaine de garnison avec ses soldats, il faut prendre quartier à part et mettre en pratique les pilules de tribus, cito, longé, tardé. C’est-à-dire s’en aller bientost et bien loing du lieu infecté et revenir bien tard. Un vieux Docteur Jurisconsulte dit que « Deum nititur tentare qui in loco contagioso contendit habitare [6]. »

Je terminerai cette notice par quelques détails gé¬néalogiques sur les familles du sénéchal Merchan et du juge Lévéquot, nommés l’un et l’autre dans le récit de Loquet.

Ces deux familles étaient alliées, ainsi que nous l’apprennent les registres catholiques. Le 26 mai 1611, Jacquette Lévéquot est qualifiée veuve de Vincent Merchan, vivant juge sénéchal de la baronnye et chastellenie de Barbezieux. Ce dernier eut très probablement pour fils Charles Merchan, licencié es loix, advocat en la cour de Parlement de Bordeaux et juge sénéchal de la baronnie de Barbezieux. Cette qualification lui est donnée dès le 15 avril 1621 dans un acte où il est appelé sieur de Neufond. Peut-être était-il frère de Jehan Merchan, marchand et receveur de Barbezieux, nommé, le 3 mai 1634, dans le curieux acte de baptême d’une fille trouvée exposée au portail du château de Barbezieux, appelé le portail d’Archiac, « et d’aultant, dit l’acte, que ses père et mère et parents nous sont incongnus, luy a esté imposé le nom de Françoise du Mailhet, attendu qu’elle a esté trouvée comme est dit cy dessus audit portail dans un panier attaché au mailhet d’icelluy. »

Le sénéchal Charles Merchan avait épousé Marie Guérin. De leur mariage naquit Jean Merchan (16 septembre 1646). Charles Merchan mourut le 20 décembre 1668 à l’âge de 79 ans et fut enterré chez les Cordeliers.

Le registre donne aussi un Jehan Merchan, avocat en Parlement et juge sénéchal de Barbezieux, qui avait épousé Anne Guérin. Leurs enfants furent : 1° Marie, baptisée le 13 mai 1649, et qui eut pour parrain son grand-père Jehan Merchan, peut-être le receveur de Barbezieux ; 2° Charles, baptisé le 22 août 1650 ; 3° Anne, baptisée le 14 novembre 1652 ; 4° Pierre-Yves, baptisé le 28 mars 1655 ; 5° Marie, baptisée le 14 juin 1657 ; 6° Elisabeth, baptisée le 9 février 1660 ; 7° Jean, baptisé le 30 mars 1671.
Le 13 juin 1683, Pierre-Yves Merchan est qualifié avocat en Parlement et juge assesseur du marquisat de Barbezieux. Le 18 septembre 1684, Marie Merchan épouse Gabriel Estancheau, sieur de Rochefort, de la paroisse de Berneuil [7]. Le 17 août 1694, Pierre-Yves Merchan épouse Marie Drilhon. De ce mariage naquirent Anne Merchan, baptisée le 14 juin 1695 ; Marie, baptisée le 3 septembre 1696, et Jeanne, baptisée le 11 mars 1698.

Le 25 août 1701, Pierre Merchan est qualifié juge de la ville de Barbezieux. Le 17 septembre 1708, Jacquette Merchan épouse Antoine Bardon, sieur de la Picaudière, paroisse de Criteuil. Le 31 mars 1714, Elisabeth Merchan est enterrée au couvent des Cordeliers. Le 2 décembre 1717 « mourut dame Marie Drilhon, âgée de quarante huit ans, épouse de M. Merchan, juge de ce marquisat, et est inhumée dans la chapelle de la famille après avoir édifié nostre église depuis qu’elle y estoit rentrée par une vive foi et par toutes sortes de bonnes œuvres. »

Le 16 janvier 1724, baptême de Jeanne Daussel, fille d’Etienne Daussel, ancien lieutenant dans le régiment d’Anjou, et de Marie Merchan. Le 26 janvier 1726, enterrement de Jeanne Merchan, âgée de 50 ans, en présence de ses cousines Elisabeth et Jeanne Merchan.

Le 18 juin 1727, mariage de Jeanne Merchan, fille de défunts M. Pierre-Yves Merchan, avocat en Parlement, juge assesseur du marquisat de Barbezieux, et demoiselle Marie Drilhon avec messire Louis Saulnier, écuyer, fils de messire Alexis Saulnier, écuyer, sieur du Coureau, et de feue dame Elisabeth Guillet. De ce mariage naquirent Alexis, baptisé le 29 mars 1728 ; Elisabeth, baptisée le deux août 1729, et Marguerite, baptisée le 5 février 1731. Mme Saulnier du Coureau mourut le 11 mars 1733, âgée de 36 ans.

Ce sont là tous les renseignements que j’ai pu recueillir sur la famille Merchan.

Quant aux Lévéquot, on les trouve dès 1606 sur le registre catholique qui, à cette date, ne se compose que de quelques feuilles en lambeaux. En 1608, Jehan Lévéquot est qualifié juge sénéchal de la baronnye et chastellenie de Barbezieux. Le 30 août 1620, Michel Lévéquot est qualifié contrôleur en l’Élection d’Angoumois. Le 8 mai 1622, baptême de Jeanne Lévéquot, fille de Jehan Lévéquot, avocat en la cour de Parlement de Bordeaux, juge de Saint-Aulais et Vignolles, et de Gabrielle Guimberteau, Le 4 novembre 1630, le registre donne Claude Lévéquot, abbé de Blanzac. Le 2 novembre 1631, Hélie Lévéquot est qualifié curé de Reignac. Le 12 mai 1636, François Lévéquot, sieur de Monville, figure comme parrain dans un acte de baptême. Le 1er octobre 1637, Hélie Lévéquot est qualifié curé de la paroisse de Saint-Hilaire et aumônier de Barbezieux. Le 29 avril 1640, on trouve un François Lévéquot, peut-être le même que celui déjà cité, et qui est appelé sieur de la Croix-Blanche. Le 31 janvier 1641, baptême de Gabrielle Lévéquot, fille du précédent et de Jeanne Drouhet. Le 9 novembre 1655, baptême de Jeanne Lévéquot, fille de Michel et de Jeanne Pineau. Le 28 février 1658, Michel Lévéquot est qualifié conseiller du roy, esleu en l’Élection de Xaintes et juge assesseur de Barbezieux. Le 8 avril 1665, le registre donne Gabrielle Lévéquot, femme de Denys Fé, procureur du roy dans la prévosté royale de Châteauneuf. Le 3 juillet 1680, Hélie Lévéquot est qualifié docteur en théologie, prieur et curé de Soubeyrac. Le 5 août 1681, Jacques Lévéquot est appelé sieur des Landrots. Le 15 novembre 1683, on trouve Jeanne Lévéquot, épouse de François de Fontenaille, docteur en médecine, de la paroisse de Vibrac. Le 11 mai 1682, baptême d’Isabelle Lévéquot, fille de Hélie Lévéquot, sieur de Monville, et de Anne Merchan. Le 3 avril 1684, baptême de Marie Gabrielle Lévéquot, fille des mêmes. Le 1er juillet 1687, Jean Lévéquot est qualifié avocat en la cour, époux de Marie de Guérin. Le 4 novembre de la même année, le registre donne Jeanne Lévéquot, épouse de Jean Démontis. Le 15 juillet 1690, baptême de Jeanne Lévéquot, fille de Jean Lévéquot, avocat en la cour, et de Jeanne Démontis. Le 26 juillet de la même année, baptême d’autre Jeanne Lévéquot, fille des mêmes. Le 20 novembre 1692, baptême de Jeanne Bérénice Lévéquot, fille des mêmes. Le 27 février 1693, baptême de Jacques et Michel Lévéquot, enfants jumeaux de Jean Lévéquot, sieur de Monville, et de Anne Merchan. Le 13 janvier 1694, baptême de Jean-Baptiste Lévéquot, fils de Jean et de Jeanne Démontis. Le 17 janvier 1699, baptême de Marie Lévéquot, fille de Lévéquot, avocat en Parle¬ment, et de MIle Dohet. Le 25 juillet 1714, mariage de Jean Dodard, de la paroisse de Reignac, et de Jeanne Lévéquot. Le 16 février 1715, baptême de Pierre-Yves Jaubert, fils de François-Charles Jaubert et de Marie Lévéquot. Le 18 janvier 1718, baptême de Michel Gui, fils de Pierre Gui, chevalier, seigneur de Ferrières, et de Jeanne Lévéquot. Le 27 mars 1719, baptême d’Hélie Jean, fils de Jean-Baptiste Lévéquot, subdélégué de Messieurs les Trésoriers, et de Jeanne Guesdon. Le 2 avril 1724, enterrement de Lévéquot, curé de Saint-Seurin. Le 21 juillet 1725, baptême de Joseph Lévéquot de Monville. Le 15 février 1739, baptême de Jean, fils d’Élie Dodard, avocat, et de Marguerite Lévéquot. Le 23 février 1739, enterrement de Marie-Gabrielle Lévéquot, âgée de 55 ans, épouse de François-Charles Jaubert, seigneur du Maine-Sablon. Le 15 mars 1739, enterrement de Jean Lévéquot, sieur de Neufond, âgé de 62 ans. Le 9 novembre 1739, baptême d’Etienne, fils d’Etienne Méhée de Lestang et de Marguerite Lévéquot. Le 21 avril 1740 baptême de Jean Samuel, fils d’Élie Dodart, avocat, et de Marguerite Lévéquot. Le 9 juin 1741, baptême de Pierre Michel, fils d’Etienne Méhée de Lestang et de Marguerite Lévéquot. Le 15 janvier 1744, mariage de Jean Roy, notaire royal et juge de Lignères, avec Jeanne Lévéquot, fille de feu Jean-Baptiste Lévéquot et de Charlotte Guesdon. Le 22 décembre 1745, baptême de Samuel-Jean, fils d’Élie Dodart et de Marguerite Lévéquot. Le 22 janvier 1746, baptême de Marguerite Guillotin, fille de Jean et de Marguerite Lévéquot. Le 19 décembre 1746, mariage de Henry-Pierre Aurillac et de Jeanne Lévéquot. Le 22 mars 1747, Jeanne-Thérèse Lévéquot, veuve de Jean Dodart, bourgeois, est marraine de Samuel-Jean Guillotin, fils de Jean Guillotin, licencié es loix, et de Marie-Gabrielle Lévéquot. Le 13 mars 1748, Marguerite Lévéquot, épouse d’Élie Dodart, avocat en Parlement, est marraine de Marguerite Guillotin, fille des précédents. Le 29 août 1750, baptême de Jean-Louis Guillotin, fils des mêmes. Le 4 mars 1753, baptême de Jean Dodart, fils d’Élie Dodart [8] et de Marguerite Lévéquot. Le 18 mars 1754, baptême de Marie, fille de Jean Guillotin et de Marie-Gabrielle Lévéquot. Le 2 août 1759, enterrement de Pierre-Michel Lévéquot, bourgeois, âgé de 57 ans. Le 11 mars 1767, enterrement de Etienne Lévéquot, procureur au marquisat de Barbezieux, âgé de 32 ans. Le 3 mai 1771, enterrement de Mme veuve Lévéquot, née Nau, âgée de 85 ans. Le 21 novembre 1771, enterrement dans l’église de Marie Drilhon, veuve de Pierre-Michel Lévéquot, bourgeois, âgée de 74 ans. Le 9 août 1775, enterrement de Madelaine Lévéquot, veuve de messire Etienne Menée, écuyer, seigneur de l’Estang, âgée de 65 ans. Le 21 mars 1783, enterrement dans l’église de Samuel Lévéquot, docteur en médecine, décédé à Neufond. Le 6 septembre 1783, enterrement dans l’église de Marie Guillotin, âgée de 30 ans, fille de Jean Guillotin, avocat en Parlement, juge de Brouage, et de Marie-Gabrielle Lévéquot. Le 9 novembre 1785, mariage de Marie Guillotin, fille des précédents, avec M. de Méhée, fils d’Etienne Méhée de Lestang et de Madelaine Lévéquot [9]. Le 23 mars 1792, enterrement de Gabrielle Lévéquot, veuve Guillotin.

Le registre donne ensuite quelques actes qui n’offrent pas beaucoup d’intérêt et dont le dernier est à la date du 13 frimaire an VI. A partir de cette époque, on ne voit plus figurer la famille Lévéquot sur le registre de Barbezieux.

Dans un acte du registre de Barbezieux du 21 octobre 1742, il est question d’un Guillotin, curé de Saint-Maur de Saintes, Mais rien n’établit qu’il fût parent des Guillotin de Barbezieux.


[1Commune limitrophe de Barbezieux.

[2Chenevard est un vieux mot saintongeais qui signifie chenevière. (endroit où on cultive du chanvre)

[3Dans le Bulletin de 1862, la plupart des noms propres cités dans ce récit ont été défigurés. On a imprimé Becourt Lafond pour Decouvertefon, Biaise pour Blanc, Francillon pour Troussillon, Marchan pour Merchan.

[4Le village de La Renauderie est situé partie dans la commune de Barbezieux, partie dans celle de Saint-Médard.

[5On appelait et on appelle encore aujourd’hui (1876) le Limousin un quartier de la ville de Barbezieux situé derrière la partie de la grande rue appelée autrefois rue Orgueilleuse.

[6François Citoys naquit à Poitiers en 1572 et y mourut doyen de la Faculté de médecine en 1652. Ses ouvrages, réunis en 1 volume in-4° (Paris, 1639, Sébastien Cramoisy), comprennent notamment : Abstinens Confolentanea cui obiter annexa estpro Jouberto apologia. Il s’agit ici de Jeanne Balam, fille d’un maréchal-ferrant de Confolens, qui, dit-on, resta pendant plusieurs années sans boire ni man¬ger. Son inappétence aurait commencé en 1599. Israël Harvel, médecin d’Orléans, ayant nié ce fait et les autres du même genre, Citoys y répondit par un opuscule intitulé : Abstinentia puellae Confolentaneae ab Israelis Harveti confutatione vindicata. J’emprunte ces renseignements à l’Histoire littéraire du Poitou, de Dreux du Radier (article Citoys). Ces deux ouvrages du célèbre médecin de Poitiers sont devenus introuvables depuis longtemps ; dès 1818, M. Quénot, auteur de la Statistique du département de la Charente, n’avait pu se les procurer. Aussi serait-il à désirer qu’ils fussent réimprimés. Le Charentais du 3 juillet 1834 contient un article de M. Eusèbe Castaigne sur l’Abstinens Confolentanea. La bibliothèque d’Angoulême possède l’édition collective de 1639. Elle a pour titre : Francisci Citesii, regis et eminentissimi cardinalis ducis de Richelieu, medici atque facultatis pictaviensis decani opuscula medica. Dans son étude sur Nicolas Pasquier (Bulletin de la Société archéologique de la Charente, 1873-1874, p. 182), M. Audiat cite, sans en indiquer l’auteur, l’Histoire merveilleuse de l’abstinence triennale d’une fille de Confolens en Poitou, traduite en latin à Paris en 1602.

[7Le véritable nom est d’Estancheau. Gabriel d’Estancheau est qualifié conseiller du roy, secrétaire des commandements de Monseigneur le Dauphin (actes des 24 mai 1686 et 24 juin 1691, reçus, le premier Bilhot, le second Augeay, notaires au marquisat de Barbezieux). Dans son testament du 12 octobre 1725, reçu Banchereau, notaire à Barbezieux, il est dit que cinq enfants étaient nés de son mariage avec feue Marie Merchan, savoir : Mathias, Marie, Arnaud, Jeanne et Daniel d’Estancheau. Arnaud, sieur de la Conte, était garde de la marine au port de Rochefort (acte du 14 avril 1723, reçu Augeay). Dans un acte du même notaire du 16 novembre de la même année, Daniel est qualifié soldat de la Compagnie générale au régiment de Beauvoisis-infanterie. Je trouve aussi Renée Lingier, veuve de Jean d’Estancheau, juge sénéchal de Brossac, demeurant à Berneuil (21 juillet 1682, Augeay) ; Jean d’Estancheau, écuyer, capitaine au régiment de Piémont (1er février 1685, même notaire) ; Marie d’Estancheau, veuve d’Arnaud de Lavessière, conseiller du roy, élu particulier de Barbezieux, demeurant à Berneuil (16 décembre 1712, même notaire) ; Thomas d’Estancheau, sieur de Lamaury, demeurant à Berneuil (19 mars 1716, même notaire) ; Jeanne d’Estancheau, veuve de Léonard Raimonde, sieur de la Borde (23 avril 1725, Grassin, notaire à Barbezieux). J’ai puisé tous ces renseignements dans les minutes de Me Fayet, notaire à Barbezieux.

[8Les Dodart n’existent plus aujourd’hui à Barbezieux. Les membres de cette famille établis à Cognac descendent de Jean Dodart, docteur en médecine, qui épousa, le 22 mai 1747, à Cognac, Marie Perrin. Il était né à Barbezieux le 7 décembre 1723 de Jean Dodart, également docteur en médecine, et de Marguerite Drilhon. Le célèbre Denis Dodart, médecin de Louis XIV, né à Paris en 1634, était-il de cette famille ? La similitude d’un nom qui n’est pas commun, la similitude de profession (plusieurs Dodart furent médecins à Barbezieux), enfin cette circonstance que les La Rochefoucauld étaient seigneurs de cette ville et qu’avec leur appui les Barbeziliens pouvaient facilement se fixer à Paris, me portent à penser que la question que je viens de poser doit être résolue par l’affirmative. On trouverait peut-être une preuve positive dans les minutes des notaires de Barbezieux. Quant aux registres de l’état civil, ils sont trop incomplets pour fournir une solution. Sur ces registres, les signatures donnent indifféremment Dodard et Dodart. Le médecin de Louis XIV signait Dodart.

[9Il n’y a plus aujourd’hui de Guillotin à Barbezieux. Ceux que nous venons de trouver étaient-ils parents du médecin Joseph-Ignace Guillotin, né à Saintes le 28 mai 1738, et qui a donné son nom à la guillotine ? Je n’ai rien vu qui me permette de l’affirmer.

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